Imaginez une surface équivalente à six terrains de foot, végétalisée et consacrée pour un tiers à l’agriculture urbaine. Imaginez ces nouveaux jardins sur les toits et murs de bâtiment dédiés aujourd’hui à la maintenance des rames de métro ou tout simplement à la gestion du trafic. Le pari semble un peu fou mais c’est pourtant celui que la RATP a décidé de le relever : la régie s’est donné comme objectif de végétaliser 40.000 m² de toitures dans son domaine immobilier (bâtiments tertiaires et industriels), d’ici 2020.
Plusieurs sites ont d’ores et déjà été identifiés comme ayant un fort potentiel de végétalisation. Les études préliminaires en cours pourraient même aboutir, sur l’un des sites, à une serre en hydroponie étagée de 2.000m² (légumes et fruits de saison) chauffée par la chaleur émise par les serveurs informatiques du data center situé sous les toitures !
Au dessus des ateliers Jourdan Corentin Issoire, porte d’Orléans, 10.000m² de végétalisation (soit 50% des 1,7 ha d’emprise) permettront de mettre en avant un modèle d’agriculture urbaine basé sur la production en circuits courts et le bien-vivre ensemble, avec la contribution espérée des habitants du quartier. Au dessus des ateliers Vaugirard, dans le 15eme arrondissement (là où sont entretenus les rames de la ligne 12 du métro), les 14.000m² de végétalisation (soit 60% des 2,3 ha d’emprise), composés de jardins suspendus et plantations le long de la voie nouvelle, participeront, eux, à la création d’un quartier vert.
La RATP n’en est pas à son coup d’essai en la matière : la régie a lancé il y a plusieurs mois une expérimentation sur une grande dalle, au 1er étage de son siège social, près de la gare de Lyon dans le 12eme arrondissement. Il y gère, en partenariat avec Exp’AU (bureau d’expertise en agricultures urbaines), l’université AgroParisTech (Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement) et l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) un démonstrateur d’agriculture urbaine de 250m². L’objectif est de tester différentes techniques d’agriculture urbaine, d’étudier de nouveaux substrats allégés à bases de matériaux recyclés et de mesurer l’impact des polluants atmosphériques des zones urbaines denses sur l’air, les sols ou les cultures. Les bio-déchets de la cantine d’entreprise sont ainsi récupérés pour alimenter les quatre poules et quatre-vingts écrevisses ; le marc de café est, lui, destiné à produire le compost. Une belle façon de limiter les déchets renvoyés à l’incinérateur. Le retour d’expérience permettra d’évaluer ce qui pourra se faire à plus grande échelle sur les sites existants et projets futurs de la RATP.
Nous vous proposerons très bientôt un reportage in situ.
► MAJ 02/05/2016 : les écrevisses en vidéo ! Cliquez ici 🙂
Bertrand Lambert
► Photo à la une extraite du compte Facebook de « Cultures en ville » – © Kevin Gouttegata