Aussi incroyable que cela puisse paraître, personne n’a la moindre idée du nombre de voyageurs supplémentaires que le pass unique va engendrer, et notamment en grande couronne où le tarif de l’abonnement a littéralement fondu avec une économie de 2,30 euros par mois (pour les zones 3 à 5) à 39,50 euros (pour les zones 1 à 5, soit 435 euros sur une année pleine).
Les usagers jusqu’alors réticents à emprunter le Transilien vont-ils délaisser leur voiture pour se rendre à leur travail ? Dans quelle proportion ? La fusion des zones va-t-elle faire évoluer les trajets ? Toutes ces questions aujourd’hui sans réponse sont pourtant essentielles au bon fonctionnement du réseau. Avec déjà deux millions de trains et plus d’un milliard de voyages par an, le Transilien n’a plus beaucoup de marge, notamment aux heures de pointe. Pendant ces heures critiques, un train entre ou quitte une gare francilienne toutes les secondes : difficile de faire plus. Le forfait toutes zones pourrait donc se traduire par une dégradation des conditions de transport aux heures critiques, si d’aventure les rames, déjà souvent bondées, étaient prises d’assaut dès leur gare de départ en grande couronne.
La question est prise très au sérieux par la SNCF qui a pris les devants en installant dès le printemps dernier des capteurs (censeurs thermiques, des capteurs Wi-Fi, des vidéos 3D, tapis de comptage) dans cinq gares tests. L’idée est de faire, grâce aux données collectées, une photo des flux avant et après le lancement du pass unique. Les gares choisies (Bois-Colombes, Le Stade, Colombes, Melun et Choisy-le-Roi), l’ont été pour leur potentielle sensibilité au changement tarifaire : Melun en grande couronne ; Le Stade, Colombes et Bois-Colombes dans l’hypothèse d’un report de flux du métro (ligne 13) vers le train ; et Choisy pour son potentiel de hausse de fréquentation en zone 3. Il faudra maintenant attendre la fin de l’année pour avoir en main la nouvelle carte des flux entre Paris et la proche/grande banlieue. L’adaptation de l’offre (du nombre de trains) sera proposée en janvier. D’ici là, la SNCF, comme le STIF d’ailleurs, croise les doigts.
Voir notre reportage en gare de Bois Colombes, réalisé avec Pierre-Julien Quiers
►Pour en savoir plus, notre bonus en vidéo avec le directeur du Transilien, Alain Krakovitch
► Pour aller plus loin, découvrez les enjeux du Pass unique