01 Oct

Moussu T en virada al Japon

Moussu T e lei Jovents en virada al Japon

 

On savait la culture occitane très prisée au Japon… L’Ariégeoise Rosina de Peira est même une véritable reine là-bas. Beaucoup d’Occitans ont aussi croisé Naoko Sano, professeur de français à Nagoya et auteur d’un dictionnaire japonais-occitan…

Voilà que Moussu T et ses Jovents viennent eux aussi entretenir ces relations privilégiées entre Occitanie et Japon.

Il aura fallu 5 ans pour que le projet aboutisse. 5 c’est aussi le nombre de dates que le groupe de La Ciotat vient de réaliser là-bas dont la dernière le lundi 30 septembre.

La formation était au grand complet avec leur dernière recrue : le bassiste Fred Simbolotti. A la clé, deux concerts à l’Institut Français de Tokyo et trois du côté d’Osaka avec en première partie Saigenji un auteur japonais de musique brésilienne.

Coma a la Ciotat

Dans une interview donnée au magazine occitan Aquò d’Aqui, l’un des chanteurs du groupe (Tatou) apprécie de jouer à Osaka : « C’est le Marseille des Japonais, une ville-port où l’on parle plusieurs langues, où l’accent est différent et dont les habitants sont considérés comme le sont les Marseillais par le reste des Français. » 

De bons amics

C’est grâce à deux personnes qui travaillent dans les Musiques du Monde au Japon que cette mini-tournée a pu se faire : « Tatsuya et Yoshiko sont venus nous voir jouer, ainsi que Massilia Sound System il y a longtemps et ce sont maintenant des amis. »

Des amis qui devront se résoudre à ne pas profiter très longtemps de leurs hôtes. Dès vendredi, le groupe donnera un concert à La Spezia en Italie pour la Festa della Marineria.

Benoît Roux

 

 

30 Sep

Orange : une élue occitane « virée » du conseil municipal

C’était le 16 septembre dernier, lors d’un conseil municipal à Orange. Jusque-là rien d’exceptionnel, sauf que dans cette commune du Vaucluse, le député-maire d’extrême droite s’appelle Jacques Bompard et qu’il semble préférer les méthodes « musclées » pour faire taire les élus de l’opposition qui s’expriment.

«Taisez-vous! On appelle la police si vous n’arrêtez pas. Allez, appelez la police! Sortez-la! Emportez-la! Virez-moi la!» s’est exclamé le maire à l’encontre de la conseillère du Partit Occitan – EELV Anne-Marie Hautant.

Rien de moins.

Quelques instants après, 3 policiers ont donc fait irruption dans la salle où se tenait le conseil et ont encadré Anne-Marie Hautant. Dans un communiqué, le Partit Occitan précise que le maire n’a fait « qu’outrepasser le respect dû à la représentativité de l’opposition, alors que celle-ci n’est à l’origine d’aucun incident illégal et ne fait qu’exercer son rôle d’élue ».

De son côté,  voici ce que Jacques Bompard a affirmé à l’Express : « Nous avons la gentillesse de laisser trois minutes à chaque opposant pour qu’il pose sa question, après quoi le maire doit répondre… quand on le laisse répondre. Que vouliez-vous que je fasse? Que je sorte mon Colt 45 pour lui mettre une balle dans la tête?»

Rien de moins donc.

Clément Alet

 

 

21 Sep

MURÈTH LA BATALHA/Muret : la bataille

Le 12 septembre 1213, l’armée des barons du Nord de Simon de Montfort remporte la bataille de Muret contre une coalition méridionale (Occitanie-Catalogne-Aragon) de Pierre II d’Aragon. On passera sur les « détails » : les lieux précis, le nombre de morts, pourquoi l’armée la plus fournie a été défaite…
Vergonha e amnesia /Honte et Amnésie
Car oui cette bataille est un fait important, mais relativement méconnu. Les Occitans souvent un peu vergonhós (honteux) de leur histoire et les Français rapidement amnésiques lorsqu’il s’agit d’épisodes peu glorieux de leur passé ont leur part de responsabilité.
Cette bataille qui aurait pu changer le visage de l’Europe à une époque où les états n’étaient pas encore pleinement souverains n’est toujours pas finie.
Car il reste des zones d’ombres mais surtout des positionnements très marqués.
Cossi commemorar ?/Comment commémorer ?
La bataille a été inscrite dans la liste des commémorations nationales pour 2013 par le ministère de la culture. La ville de Muret s’en est emparée avec quelques événements montés pour l’occasion. Pas beaucoup d’ambition, ni de moyens, mais certainement la volonté de bien faire.
De leur côté et à part, les Occitans -à l’appel de Convergencia occitana- ont commémoré tout ceci à Toulouse au square Charles de Gaulle, lieu de l’ancien siège du Capitòli. Car le comte de Toulouse était venu consulter les Capitouls la veille de la bataille. Histoire de points de vue différents.
Et quand ils se rencontrent c’est forcément fatal.
Le 12 septembre dernier, lors de l’inauguration d’une stèle, un militant occitan a voulu entonner le « Se Canto ». Une main « franchimande » (française) lui a fermé immédiatement la bouche. Ambiance !
Il y a des symboles qui ne trompent pas.
Legendari/Légendaire
Certains ont leurs légendes : la civilisation occitane s’est arrêtée à Muret et si Pierre II avait gagné l’occitan serait langue officielle…
D’autres leur posture tout aussi légendaire : toute survivance historique autre que française n’existe pas. La République n’est-elle pas UNE et INDIVISIBLE et sans déférence pour ses minorités. Et tant pis si la civilisation occitane était en avance sur son temps et présente dans de nombreuses cours européennes…
Martin Alvira Cabrer
Alors pour sortir de cette bataille toujours vive 800 ans après, on retiendra de cette commémoration le Congrès International mené de main de maître sur 2 jours par l’historien espagnol Martin Alvira Cabrer. Ses recherches sont certainement les plus complètes et les plus abouties sur la bataille. Grâce à lui, beaucoup de zones d’ombre ont trouvé des éclaircissements. Pour ceux qui auraient manqué ce rendez-vous, les actes du colloque seront publiés au printemps prochain.
Un devoir de mémoire nécessaire. En 2002, un promoteur immobilier ignare ou mal intentionné avait eu cette idée pour le moins saugrenue : donner le nom « Montfort » à une résidence.
Qui plus est à Lavaur où Simon de Montfort avait massacré une partie de la population tarnaise en 1211.

Benoît Roux

19 Sep

40 ans de Pagalha…

L’histoire commence en 1972. Une bande de huit jeunes hommes originaires d’Artix en Béarn, se retrouve invitée au mariage de l’un d’entre eux. Jusque-là, rien d’exceptionnel sauf que dans ce pays où le chant, la Canta en occitan, est un peu ce que le sein est au nourrisson, rien d’étonnant à ce que le groupe de jeunes chanteurs improvisant pour la noce décide de ne plus se séparer. Un an plus tard, au Festival de Chant de Siros, (vérritapple institution du chant béarnais), nos acolytes poussent à nouveau la canta. Dès le lendemain, un journaliste écrira à leur propos qu’il s’agissait d’une équipée charmante mais « hèra pagalhosa »… Une équipée très « pagailleuse » : « Los Pagalhós » étaient nés. Depuis, la recette n’a pas changé. Alain Abadie, un des membres fondateur du groupe n’en revient toujours pas alors qu’il s’apprête à fêter dignement les 40 ans des Pagalhós ce week-end aux arènes d’Arzacq. « La recette ? Je ne la connais pas. Je crois que c’est avant tout une histoire de rencontre, d’amitié… Et puis ce n’est pas du folklore, ni une mode. On vit comme ça, on est comme ça ». Chanter, faire rire, faire passer quelques messages au passage, voilà leur devise, leur identité, à ces pagailleux. Sur scène, c’est un méticuleux mélange de chants traditionnels, de sketches, de parodies finement piquantes, de contes, de musique. Una pagalha qui se joue à 17 sur scène désormais. Tous sont bénévoles et sont aux Pagalhós par plaisir et passion. « De toute façon, quand quelqu’un nous rejoint dans le groupe, avant même de parler de chanter ou autre, on parle. Chacun doit trouver sa place, et partager nos idées progressistes. Y compris celle sur l’occitanisme. Notre vision de la langue et de la culture est à l’opposée des traditionnalistes et des conservateurs, » explique Alain Abadie. Après 5 albums et des centaines de spectacles un peu partout en France depuis 40 ans, Los Pagalhós entendent bien marquer le coup et fêter fièrement leur anniversaire. Ils ont prévu de retrouver tous leurs amis mais également les anciens chanteurs du groupe à Arzacq per un còp de mai : ne cantar una…

Clément Alet

17 Sep

Rodin l’Indignat, l’Occitan inattendu


New-York, fin de journée. Au 22ème étage d’un building, un homme, peut-être employé de banque attend qu’on vienne le chercher. Dans une télé, des images de manifestations défilent. Ce sont des Indignés : Indignats, le nouveau clip de Rodín, diffusé sur internet depuis le 11 septembre dernier.

Dès les premières secondes on s’attend à tout sauf à entendre un flow d’occitan se déverser entre du dubstep et du trapstep, dérivatifs électros du hip-hop. Le pari est très osé, risqué même.

© Corentin Laborde

Dans ce clip, le chanteur occitan Rodín  vient se frotter au rappeur new-yorkais Shon. « On échange nos paroles dans le refrain. Ce qu’il dit, c’est ce que je dis et inversement » précise Rodin. Et ce qu’ils disent à tour de rôle n’est autre que la dénonciation d’un système capitaliste à bout de souffle, qui fait se lever des Indignats à travers le monde mais qui revient toujours à son point de départ et continue ses ravages. « Le clip est une parabole du capitalisme. Dans la trame narrative, l’homme détaché de toute interaction avec l’être humain est malade, il vomit. Dans le gros quatre-quatre qui l’emmène à travers les rues de New-York, même les call-girls qu’il fait monter n’ont aucune prise sur lui. Il vomit encore. Et revient finalement à son point de départ » résume Rodín. « Le clip est très engagé et j’ai voulu utiliser l’esthétique de l’univers de la consommation, avec tous les symboles américains qui vont avec pour parler de l’exact opposé ». Aux antipodes des rappeurs américains bling-bling « de droite » comme l’indique Rodín, son co-équipier Shon est la preuve qu’il y a encore un discours conscient et engagé dans ce milieu musical. Double tour de force mené par Rodin qui a convaincu Shon de participer au single et de tourner ce clip à New-York : « J’ai grandi en écoutant de la musique américaine bien avant d’écouter de la musique occitane. Avant de chanter en oc, je faisais déjà du rap en français. Mais pour moi c’est un pas énorme que d’avoir réussi à produire ce clip. Je voulais aller au bout d’un parti pris et je voulais le faire méticuleusement ». Avec finesse et puissance, ce single est simplement unique et totalement inattendu de la part d’un artiste occitan. Et il ne s’agit là que d’un avant-goût. Rodin n’a probablement pas fini de nous surprendre puisque son album « Pantais Clus » devrait sortir dans le courant de l’année prochaine. Une trentaine de personnes collaborent à ce futur opus que Rodín définit « autant comme un objet poétique qu’un album concept des années 70 ». Seule certitude, ce sera en occitan. « Chanter dans cette langue, c’est une évidence. Je ne l’imagine pas autrement, ça ne se négocie pas ».

Clément Alet

16 Sep

La pop occitane de Joanda infuse les ondes

Vous vous rappelez surement de ce chanteur occitan, qui, un soir de finale de « Grande Battle » sur France 2 en novembre dernier a claqué le poutou en direct à Naguy (c’était son anniversaire, à l’animateur). Vous vous rappelez surement de la prestation télévisuelle, lors de l’émission sus-citée, de ce même artiste si prometteur, qui a revisité EN OCCITAN et pour le bonheur de nos oreilles, la « Traviata » de Verdi. Eh bien… oui ! OUI : Joanda revient une nouvelle fois sur le devant de la scène et reprend la route. Cet été, si vous avez eu l’occasion d’emprunter une des autoroutes du Sud de la France et d’écouter la radio de ce réseau d’autoroutes, vous ne pouviez pas y échapper. Au coeur de l’été, la voix de Joanda, admirablement orchestrée dans son dernier tube intitulé « Gosta la Vida« , vous aura forcément fait passer un bien meilleur voyage. A raison de 5 diffusions du single chaque jour, nul doute que les automobilistes ont amélioré leur niveau d’occitan en écoutant le refrain.
Mais ce n’est pas tout. Tel une fusée propulsée à la pop occitane, Joanda vient de décrocher la nouvelle timbale. « Gosta la vida » a été nommé « tube de l’été » par l’ensemble des stations du réseau France Bleu en Méditerranée. Et alors là moi je dis : chapeau l’artiste.
Clément Alet

 

12 Sep

La Bible, en oc

L’ouvrage le plus lu, le plus vendu au monde après le catalogue Ikéa a désormais sa version occitane. Non, elle n’existait pas jusqu’à présent, et oui : la Bible vient enfin d’être publiée en occitan par un… Occitan. Mais il ne s’agit pas de n’importe quel Occitan. Jean Larzac, frère de Yves Rouquette est l’auteur de cette minutieuse et gigantesque traduction écrite à partir des textes originaux en hébreux, grec et araméen. Joan Larzac, homme d’Eglise, prètre érudit et écrivain occitan semblait bien être le seul capable de s’atteler à un tel ouvrage de 1280 pages. Selon son éditeur Letras d’Oc, Joan Larzac est « ce poète sensible à la beauté de la parole sacrée, capable de faire résonner toutes les harmoniques d’une langue d’oc qu’il maîtrise pleinement. »

« La Bíblia, Ancian Testament », traduction de Joan Larzac est parue le mois dernier aux editions Letras d’Oc. Préfaces d’Emile Puech, de l’Ecole Biblique et Archéologique française de Jérusalem et de Mgr Claude Azéma, évêque auxiliaire de Montpellier.

Clément Alet

10 Sep

L’Europe au chevet des langues menacées

Certains qualifieront cette journée d’historique, d’autres n’y verront peut-être qu’un rapport de plus voté par l’assemblée Strasbourgeoise. Quoi qu’il en soit, ce mercredi 11 septembre, les eurodéputés seront soumis à un vote, celui du rapport sur langues menacées de disparition et la diversité linguistique dans l’Union Européenne, dont l’occitan fait bien évidemment partie. C’est l’eurodéputé Corse François Alfonsi qui aura la charge de présenter ce rapport et de soumettre au vote une proposition de résolution pour la période 2014-2020. Parmi les différentes réponses que pourraient apporter l’Europe et les Etats-membres à travers les crédits européens, on notera notamment l’idée que « l’Union européenne doit encourager les Etats membres à adopter une politique linguistique qui permette dès le plus jeune âge l’acquisition de la langue maternelle, si elle est menacée, et doit soutenir les Etats dans ce sens; estime que cette politique stimulant l’apprentissage de deux langues, voire davantage, faciliterait et favoriserait l’acquisition ultérieure d’autres langues, comme cela a été scientifiquement établi, tout en encourageant la transmission intergénérationnelle des langues, et qu’elle apporterait aux locuteurs des langues en danger un soutien concret pour revitaliser cette transmission la ou elle est menacée. »

 

© PASCAL-POCHARD-CASABIANCA-AFP

Trois questions à François Alfonsi

eurodéputé R.P.S. Région et Peuples Solidaires, rapporteur de la proposition de résolution.

– quel est le but de ce rapport ?

L’Europe n’en a pas fait assez, elle doit se réveiller. Grâce au traité de Lisbonne, elle a élargi ses compétences et peut notamment s’emparer des questions de diversités linguistiques et culturelles. L’idée de ce rapport et de rappeler qu’il y a une urgence absolue aujourd’hui en Europe. Certaines langues sont menacées d’extinction. Il faut agir car lorsqu’une langue disparait, c’est le patrimoine européen qui disparait et pas seulement le patrimoine d’un Etat-membre.

– quelles sont les nouveautés concrètes proposées ici pour protéger les langues ?

Chaque situation appelle à travailler différemment mais sur le long terme. Le plan d’action est d’obliger l’Union Européenne à s’engager auprès de chaque communauté linguistique et des institutions qui les représentent. Dans les résolutions, nous avons mis l’accent sur la prime enfance et le soutien qui pourrait notamment être apporté aux parents qui ont rompu la chaine intergénérationnelle de transmission. Je pense aussi à des aides auprès de structures comme les crèches…

– que va-t-il désormais se passer ? A-t-on la chance de voir un jour les Etats-membres appliquer ces propositions ?

Le rapport a été soumis au vote en commission Culture. Il a été voté à l’unanimité mais il a fallu convaincre et obliger certains à dépasser leur conception étatiques du 19ème siècle! J’espère maintenant que ce rapport d’initiative obtiendra le plus large consensus en plénière. Nous sommes, nous les eurodéputés, le troisième pilier de la grande machine Européenne, après le Conseil et la Commission. Même si l’Europe n’a pas les compétences exclusives sur les Etats-membres en matière de culture, elle a un devoir de vigilance sur la diversité nationale et régionale. Nous entrons ainsi dans un rapport de force avec un certain nombre d’Etats-membres, dont la France et François Hollande qui s’est encore une fois démarqué en refusant finalement de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires, alors qu’il l’avait promis pendant sa campagne.

Clément Alet

 

17 Juin

Décès du peintre Jacques Fauché

Lo pintre Jacques Fauché nos ven de quitar.

Jacques Fauché vient de nous quitter à l’âge de 86 ans. Il était né en 1927 à Lézat sur Lèze (09). C’était une figure. Sous sa bonhommie légendaire pointait un peintre pointilleux et averti. Une enfance passée dans l’épicerie familiale, les sens en éveil devant ces couleurs, ces odeurs, ces objets. Des études secondaires à Toulouse et les Beaux Arts pendant la guerre. L’esprit frondeur, il manque d’être renvoyé. A la libération, c’est la grande découverte de l’Art contemporain, le choc du cubisme. Jacques Fauché participe alors à de nombreux mouvements qui refusent l’académisme. Il cherche de nouvelles voies et n’oublie pas d’affirmer son occitanité.

Décembre 1950 il crée avec d’autres peintres (Jacques de Berne, Andrée Chocard, Pierre Igon…) une école toulousaine où le provincialisme et l’académisme n’ont pas lieu d’être. Entre figuration et abstrait, son style interpelle, dérange parfois. Notamment des fresques qu’il a peintes dans les églises de la région qui sont parfois recouvertes. Teintées de cubisme aux couleurs saturées, elles sont souvent recouvertes par des tentures et voilages comme à Péguilhan et dans sa ville à Lézat.

Mais Fauché poursuit sa route obstinément. En 1960, le milliardaire rouge Jean-Baptiste Doumeng passionné d’Art lui commande une suite de treize huiles sur bois sur la croisade contre les albigeois. Une expo qui là-aussi a fait grand bruit. «C’est la première fois que les Occitans découvrent cette partie de l’histoire de France occultée jusque là», se souvient son ami, son « frère » André Lagarde. Le livret accompagnant l’exposition n’étant pas « politiquement correct », l’année suivante, une seconde exposition sera interdite par le préfet. Depuis lors, les tableaux ne sont plus jamais ressortis de la collection privée de Doumeng, jusqu’à leur exposition actuelle à la médiathèque de Muret (31), l’un des événements qui marquent dans cette ville le huitième centenaire de la bataille.

Fauché a réalisé aussi de nombreuses fresques dans des écoles, à Tarbes, Saint-Sulpice-sur-Lèze, Bérat, Revel, Toulouse… Il a collaboré à l’édition et à l’illustration de nombreux ouvrages occitans notamment ceux d’André Lagarde. Il a réalisé le monument aux déportés dans le cimetière de Noé. Jusque dans les années 90, il a enseigné à l’école des beaux-arts de Toulouse puis poursuivi ses recherches -notamment sur la couleur- dans le calme de son atelier de Bérat.

Qui a rencontré ce personnage rayonnant d’humanité, de bienveillance et de générosité s’en souvient encore. Qui a déjà vu ses œuvres peut en mesurer l’inventivité, le choc des lignes et l’harmonie des couleurs. L’Occitanie et le monde pictural ne pourront pas oublier Jacques Fauché. Adessiatz Jacme.

Benoît Roux

04 Juin

L’occitan : une langue parlée par 110.000 personnes ?

©jacme31

C’est une éternelle question qui taraude depuis bien longtemps un certain nombre de curieux, soucieux de connaitre la réalité d’une pratique linguistique : mais en fait, combien de personnes parlent occitan ? A cette question, plusieurs personnes, institutions et organismes ont bien tenté de répondre. En 1999, l’INSEE et l’INED avançaient le chiffre de 526.000 locuteurs en France. En 2009 une enquête menée à la demande du Conseil régional d’Aquitaine arrivait au chiffre d’un million d’occitanophones, pour cette seule région. Détracteurs et défenseurs de l’occitan ne s’entendront probablement jamais autour de ces chiffres, tout autant que la méthode employée mais peut-être ne contesteront-ils pas le travail mené par une équipe de chercheurs, publié par la Société de Linguistique Romane. Le travail mené par Fabrice Bernissan et son équipe au sein de l’Institut d’Etudes Occitanes des Hautes-Pyrénées « Nosauts de Bigòrra » est sans appel concernant l’état de la langue. Cette association occitane estime que pour l’année 2012, les locuteurs de l’occitan seraient environ 110.000. Si l’on ramène ce chiffre au nombre d’habitants qui peuplent l’aire linguistique occitane, cela représente 0.73%.

Pour en arriver là, l’équipe s’est tout d’abord appuyée sur une minutieuse enquête de terrain menée dans le département des Hautes-Pyrénées depuis 2001 dont le but était de rencontrer et d’enregistrer la totalité des locuteurs vivant sur ce territoire. Selon cette enquête, en janvier 2012, 3785 personnes réparties sur les 474 communes du département ont été identifiées comme locuteurs natifs et 300 comme néo-locuteurs, soit 1,80% de la population des Hautes-Pyrénées. En projetant ces taux à l’ensemble de la population vivant en Occitanie, « nous obtiendrions un total maximum de 267.872 locuteurs de l’occitan » précise l’auteur dans son article scientifique. Or la composition démographique et sociale de la zone occitane a poussé les chercheurs à pondérer ce chiffre car la pratique de la langue n’est pas du tout la même entre villes et campagnes, entre départements ruraux ou plus urbains. « En fin de compte, nous estimons que les locuteurs de l’occitan sont très probablement au nombre d’environ 110.000. L’ensemble des non-locuteurs plus ou moins imprégnés atteint 1 200 000 personnes ».

Ces chiffres interrogent car ils sont bien en deçà de ceux qui sont régulièrement avancés par les différents acteurs occitanistes lorsqu’il s’agit de parler du nombre de locuteurs. Or, pour une fois, ce sont des militants occitans qui ont mené cette enquête.

Clément Alet

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