Certains qualifieront cette journée d’historique, d’autres n’y verront peut-être qu’un rapport de plus voté par l’assemblée Strasbourgeoise. Quoi qu’il en soit, ce mercredi 11 septembre, les eurodéputés seront soumis à un vote, celui du rapport sur langues menacées de disparition et la diversité linguistique dans l’Union Européenne, dont l’occitan fait bien évidemment partie. C’est l’eurodéputé Corse François Alfonsi qui aura la charge de présenter ce rapport et de soumettre au vote une proposition de résolution pour la période 2014-2020. Parmi les différentes réponses que pourraient apporter l’Europe et les Etats-membres à travers les crédits européens, on notera notamment l’idée que « l’Union européenne doit encourager les Etats membres à adopter une politique linguistique qui permette dès le plus jeune âge l’acquisition de la langue maternelle, si elle est menacée, et doit soutenir les Etats dans ce sens; estime que cette politique stimulant l’apprentissage de deux langues, voire davantage, faciliterait et favoriserait l’acquisition ultérieure d’autres langues, comme cela a été scientifiquement établi, tout en encourageant la transmission intergénérationnelle des langues, et qu’elle apporterait aux locuteurs des langues en danger un soutien concret pour revitaliser cette transmission la ou elle est menacée. »
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Trois questions à François Alfonsi
eurodéputé R.P.S. Région et Peuples Solidaires, rapporteur de la proposition de résolution.
– quel est le but de ce rapport ?
L’Europe n’en a pas fait assez, elle doit se réveiller. Grâce au traité de Lisbonne, elle a élargi ses compétences et peut notamment s’emparer des questions de diversités linguistiques et culturelles. L’idée de ce rapport et de rappeler qu’il y a une urgence absolue aujourd’hui en Europe. Certaines langues sont menacées d’extinction. Il faut agir car lorsqu’une langue disparait, c’est le patrimoine européen qui disparait et pas seulement le patrimoine d’un Etat-membre.
– quelles sont les nouveautés concrètes proposées ici pour protéger les langues ?
Chaque situation appelle à travailler différemment mais sur le long terme. Le plan d’action est d’obliger l’Union Européenne à s’engager auprès de chaque communauté linguistique et des institutions qui les représentent. Dans les résolutions, nous avons mis l’accent sur la prime enfance et le soutien qui pourrait notamment être apporté aux parents qui ont rompu la chaine intergénérationnelle de transmission. Je pense aussi à des aides auprès de structures comme les crèches…
– que va-t-il désormais se passer ? A-t-on la chance de voir un jour les Etats-membres appliquer ces propositions ?
Le rapport a été soumis au vote en commission Culture. Il a été voté à l’unanimité mais il a fallu convaincre et obliger certains à dépasser leur conception étatiques du 19ème siècle! J’espère maintenant que ce rapport d’initiative obtiendra le plus large consensus en plénière. Nous sommes, nous les eurodéputés, le troisième pilier de la grande machine Européenne, après le Conseil et la Commission. Même si l’Europe n’a pas les compétences exclusives sur les Etats-membres en matière de culture, elle a un devoir de vigilance sur la diversité nationale et régionale. Nous entrons ainsi dans un rapport de force avec un certain nombre d’Etats-membres, dont la France et François Hollande qui s’est encore une fois démarqué en refusant finalement de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires, alors qu’il l’avait promis pendant sa campagne.
Clément Alet