A défaut de Gay Pride, c’est bien une Occitan Pride qui est censée déferler dans les rues de Rodez le 20 avril prochain. A l’initiative de la Coordination Occitane, née juste après les Assises de la Culture occitane dans l’Aveyron en 2009, le « Grand passacarrièra » entend bien réveiller la part d’occitanité qui sommeille en chaque rouergat. En 1971, l’écrivain Henri Mouly avait lancé un appel « al pòble de Roèrgue », mais il avait été peu entendu. Quarante-deux ans plus tard, les organisateurs lancent à nouveau cet appel et espèrent réchauffer pour de bon la cité.
Sans revendication précise, la marche des fiertés occitanes est uniquement l’occasion de s’afficher « Occitan », chacun à sa façon : du simple locuteur, conscient de parler peut-être plus qu’un vulgaire patois, aux militants occitanistes, en passant par tout ceux qui ont choisis de venir cueillir et s’approprier un bout cette culture rouergate. A 10 jours de l’événement, on annonce la participation aussi diverse que variée des vignerons de Marcillac, à la confrérie du fromage de Laguiole, des groupes folkloriques des quatre coins du département au Mac d’Oc d’Arvieu, des enfants des écoles bilingues ou des calandretas au camion électrique de l’entreprise Braley. Tout cela bien entendu sans parler des dizaines de groupes de musiques, chanteurs, artistes, performeurs ou encore joueurs (de quilles évidemment). Il y en aura donc pour tous les goûts et à peu prêt toutes les couleurs. Dans ce fourre-tout occitan, pas de condition particulière pour les élus ou les politiques qui prendront la parole, s’ils le souhaitent, dans un recoin de la place du Bourg, point d’orgue du « Grand Passacarrièra ».
« Plus un pays porte collectivement sa culture, plus il est en cohésion sociale, plus il est en dynamique, plus il est attractif, plus il crée, plus il invente, plus il accueille ! », affirment collectivement les membres de la Coordination Occitane qui appelle au rassemblement. Nul doute que les Occitans répondront présents et peut-être même au-delà de ce qui était prévu. Depuis que les organisateurs ont lancé leur appel pour le 20 avril, le contexte politique concernant les langues régionales en France s’est tout récemment dégradé. Le président Hollande a renoncé le mois dernier à sa 56ème promesse de campagne qui devait voir ratifier la Charte Européenne des Langues et Cultures Minoritaires et le projet de loi de refondation de l’Ecole de Vincent Peillon a failli totalement oublier les langues régionales. Pour l’heure, les organisateurs n’ont pas modifié leur appel ni reprécisé leurs revendications mais il se pourrait bien que les Occitans aient une raison de plus de défiler pour ce « Grand Passacarrièra ».
Clamenç Alet