C’est un peu comme si les 5 chanteurs de Vox Bigerri avaient décidé de recruter une 6 ème voix : celle du grand batteur américain Jim Black. Pas un batteur de jazz « classique », toujours à la recherche de sons, beaucoup de technique mais à l’écoute. Le groupe est en résidence depuis jeudi à l’espace Omnibus de Tarbes. Avec une présentation de leur travail déjà très abouti ce soir à 19H. Vox Bigerri comme jamais vous les avez entendus !
Jim se ballade…
Il est cool Jim Black, presque autant que son talent. Heureux d’être là avec ces 5 hommes qu’il ne connaît pas… Seulement une rencontre furtive avec Fabrice Lapeyrere, 2 ou 3 morceaux envoyés par le groupe. Il sent la musique et quant l’un des membres tente de lui donner des précisions, il se contente de dire : « Sing and I’ll play! ». Il joue, rejoue différemment et la 6ème voix est là ! Sa batterie est toute simple, avec quelques agréments comme une cymbale spéciale et quelques accessoires. Une baguette qui ressemble à une sucette pour frotter sur la caisse claire, des archets pour les cymbales, des coquillages, des petits sacs remplis…
Ce n’est pas pour amuser la galerie, même si son large sourire rayonne jusque dans sa mèche ! C’est juste pour agrémenter les voix, toujours à l’affût du moindre signe vocal ou harmonique qui pourrait lui faire changer un son, creuser un rythme.
chants traditionnels, de standards de jazz et de compositions
Au menu du concert de ce 11 novembre, une dizaine de morceaux. Comme ces » 7 sauts » béarnais presque ancestraux qui retrouvent une vitalité incroyable. Le jeu de Jim Black mène les 5 chanteurs vers autre chose, sans dénaturer quoi que ce soit. Le chant n’est plus tout à le même, les rythmes se font élastiques et surtout, la complicité évidente. Pour les besoins du reportage, on leur demande de rejouer les « 7 sauts ». Et c’est presque un autre morceau. Jim Black change son jeu, crée de nouveaux sons sur lesquels Vox Bigerri se greffe sans problème. Quelques heures de répétition, des artistes avec la banane et des morceaux ponctués par des « GREAT ! » lâchés par le batteur et des applaudissements par les chanteurs.
Vient ensuite « Strange Fruit », un standard jazz immortalisé par Billie Holliday. Pas franchement joyeux comme truc… Le texte parle des arbres du Sud, du sang sur leurs feuilles, sur les racines…avec des fruits, pendus, en décrépitude, picorés par des oiseaux. Le traitement sonore opéré par Vox et Jim n’est pas plus réjouissant. Le musicien fait de l’archer sur ses cymbales, frotte sa baguette sucette sur la peau de sa caisse claire… Étonnant, très étonnant. Vox Bigerri sur un nouveau registre, le texte est en occitan, puis en anglais…Envoûtant, presque déstabilisant.
Les créations sont toutes aussi stupéfiantes. Comme ce morceau de Jim Black « Star rubbed », un instrumental devenu « Mon dernier tracteur », un poème très dadaïste d’un auteur contemporain. Vous entendrez aussi « A las aubas » musique de Fabrice Lapeyrere et texte de Pascal Caumont. Ou encore cette musique de Jean-Claude Coudouy (le fameux « Hilh de puta! ») avec des paroles de Vox Bigerri qui donne « Senders de tèrra negra ». Quand la répétition se termine, la bonne humeur est toujours là, la frustration aussi de ne pas pouvoir en découvrir davantage. En repartantant, me reviennent ces mots de Jim Black : « Une batterie avec des voix, c’est très primitif, comme une sorte de groupe originel ». Et ceux de Pascal Caumont « Jim Black nous permet d’aller plus loin, plus en profondeur dans les racines ».
Les artistes ne devraient pas s’arrêter là. Jim Black va retourner à Berlin où il réside et se produire sur les scènes internationales avec d’autres formations. Mais quand l’été 2017 viendra, on pourrait bien retrouver l’Américain et les Bigourdans sur scène pour partager d’autres vibrations.
Lo Benaset @Benoit1Roux