Depuis l’annonce de la reprise en régie directe du festival par la mairie de Rodez, on ne savait pas grand-chose de l’édition 2016. Ce n’est pas faute d’avoir tenté d’en savoir plus auprès de la mairie de Rodez. Rien, pas res, muette. A tel point que les réseaux sociaux et l’ancienne équipe ont marqué leur défiance.
Sarah Vidal a bien voulu nous recevoir. Aujourd’hui une chose est sûre : le festival aura bien lieu à Rodez, seulement sur 3 jours, du 21 au 23 juillet. « Avec les mêmes bases », nous précise l’adjointe au maire en charge de la culture. Un changement dans la continuité diront les plus optimistes. Les Occitans voudront juger sur pièce. Les plus sceptiques douteront que la mairie puisse durablement organiser l’Estivada.
La nouvelle équipe
Après l’éviction d’Org&Com de l’organisation et le départ du directeur Patric Roux, la mairie a dû composer une nouvelle équipe. Le nouveau responsable du festival s’appelle Stéfane Alberny. Ancien directeur de cabinet du maire, chargé jusqu’à présent de la vie des quartiers, il va donc diriger l’Estivada, sans avoir le titre de directeur car ce n’est pas possible en régie directe. Pour l’aider, 3 commissions qu’il va chapeauter :
–une qui travaille sur la valorisation de la langue et de la culture occitanes dans tous les domaines (théâtre, littérature, musique, cinéma…). A sa tête Jean-Auguste Nougaret.
–une pour la programmation musicale en tant que telle. « Dans un esprit d’ouverture, elle travaillera avec les acteurs locaux », toujours selon Sarah Vidal. Elle sera présidée par Guillaume Joao.
-enfin la dernière pour mettre le festival au cœur de la ville, le faire découvrir ou redécouvrir aux aveyronnais et impliquer davantage les commerçants ; c’est Marianne Ordoñez qui en aura la charge.
On a souvent reproché à l’Estivada de ne pas suffisamment associer les commerces ruthénois. C’est ce qu’avait fait Patric Roux ces derniers temps en choisissant des commerçants locaux pour la restauration ou les boissons. Ils vont lancer une opération « En attendant l’Estivada ». L’idée étant de créer des animations (musique, lecture, théâtre etc…) durant le mois précédent pour amener l’Estivada. Ces 3 personnes étaient déjà plus ou moins liées et impliquées sur le festival.
Les moyens
Là aussi, les choses sont plus claires. La ville de Rodez donnera 100 000 €, soit deux fois moins que jusqu’à présent. « Mais il faut tenir compte de tout le personnel municipal mobilisé. Ce qui revient au même. Le cachet pour les artistes sera au moins égal à celui de l’an dernier (moins de 50 000 € )». Sarah Vidal se veut rassurante mais ce budget était beaucoup plus important avant 2013.
Côté agglo, il n’y aura plus la subvention de 50 000 € mais elle sera versée directement aux associations locales partenaires du festival. On peut citer Oc-Live, la Chambre de Télémaque, la MJC ou encore l’Ostal Bodon.
Par ailleurs, le conseil départemental qui ne donnait plus rien devrait revenir. « Ils ont désignés des personnes pour travailler avec nous » dixit Sarah Vidal. André At, président de la commission des finances, nous a confirmé que l’apport du département serait autour de 50 000 €.
Il y aura aussi d’autres collectivités locales. Le maire compte bien continuer à travailler avec les régions occitanes. Le contact a été pris dès septembre et le dossier de demande de subvention sera prêt début mars.
Pour info en 2015, la région Midi-Pyrénées donnait 55 000 €, PACA 15 000, Aquitaine 13 000, Languedoc-Roussillon 10 000, Limousin et Rhône-Alpes 5 000 chacun, Poitou-Charentes 1000. En 2015, le budget était de 377 750 €.
Le festival 2016
Il sera toujours gratuit et occitan, mais seulement sur 3 jours, soit 1 de moins (voire 2 en d’autres temps). « C’est transitoire. On verra comment ça se passe », nous indique Sarah Vidal. « Mais on garde les mêmes composantes ». A savoir les baletis, une grande scène avec certainement 2 formations chaque soir, du théâtre, de la littérature (toujours avec le CIRDOC), du cinéma et des choses durant l’après-midi. Pour l’instant on ne sait pas si les « afters » dénommés soirées cabaret seront maintenus, ni si le collectif DETZ travaillera toujours sur les captations scéniques et les créations-projections entre les plateaux d’artistes.
C’est donc le personnel municipal qui sera largement mobilisé pour pallier l’absence d’Org&Com. On n’en connaît pas encore le nombre, mais les 2 ou 3 habituels ne seront pas suffisants. La mairie fera appel aussi aux bénévoles et aux étudiants comme précédemment.
Programmation 2016 ?
Stéfane Alberny ne veut pas encore la dévoiler. « Nous aurons des têtes d’affiches. Mais aussi des artistes pour lesquels la porte de l’Estivada était souvent fermée… » Mais il n’en dira pas plus. Parait-il que tous les jours, la mairie reçoit des propositions des artistes, des tourneurs, des associations occitanes. Une programmation ouverte (comme en d’autres temps avec Zebda, Idir, Natacha Atlas) notamment à la Catalogne.
On sait aussi que la calandreta de Rodez aura toujours « son canton » et que l’école publique bilingue de la ville participera.
Une conférence de presse est prévue fin février pour présenter ces nouveautés. La programmation viendra un peu plus tard.
On pourra juger alors du niveau de connaissance et de faisabilité de la mairie en matière de culture occitane.
Un vieux proverbe aveyronnais dit que : « C’est au pied du mur que l’on juge le maçon ». C’est exactement là où se trouve la mairie de Rodez.
Lo Benaset