Depuis plusieurs semaines, le groupe de presse de Jean-Michel Baylet (5 quotidiens de la Presse Quotidienne Régionale) organisait un sondage auprès de ses lecteurs et internautes. L’enjeu : connaître leur souhait quant au nom de la future région. Avec 13 propositions à la clé et pas des plus heureuses. Le groupe La Dépêche a recensé 202 357 votants électroniques dont près de 60 000 sur le seul site de la Dépêche. Cet organe de presse –que l’on ne peut pas sérieusement taxer d’occitanisme- publie aujourd’hui les résultats.
Plébiscite Occitanie
Partout « Occitanie » est le choix privilégié.
L’article publié nous dit qu’il « …y a des microclimats culturels traduits par les réponses différenciées, selon les journaux concernés, dans les réponses à la consultation. Sur le site de La Dépêche, c’est Occitanie qui arrive largement en tête (34 %) devant Pyrénées-Languedoc (11 %) mais c’est l’appellation Occitanie-Pays Catalan qui explose les compteurs sur le site du journal l’Indépendant de Perpignan… »
On notera le « bide » réalisé par Sud de France, la marque de l’ancienne région Languedoc-Roussillon. Une appellation derrière laquelle semblaient se ranger bon nombre de politiques. Seulement 6% des votes sur le site de La Dépêche, un peu plus de 14% pour Midi-Libre. Pas anodine non plus la mobilisation catalane qui privilégie Occitanie-Pays catalan sue le site de l’Indépendant. Le journal a comptabilisé 103 773 votes émanant des Catalans.
Dans un autre article, et comme un élément de réponse aux Occitans qui pensent que donner le nom d’Occitanie à une seule région est réducteur, l’historien Rémy Pech remarque à juste titre que « c’est la seule région qui revendique ce nom. » On notera aussi que plusieurs personnalités influentes ont choisi elles aussi l’Occitanie via le journal La Dépêche.
Les mots des personnalités
Claude Onesta :
« Je trouve que tous les noms proposés ont un sens et chacun a aussi ses limites. Aucun ne représente idéalement la future région. Mais celui d’Occitanie me convient le mieux. Il fait le plus référence à un territoire commun et à des notions de racines. La croix occitane, c’est aussi l’emblème de ces deux régions. Deux régions qui se ressemblent, avec des populations proches. Dans Occitanie, il y a aussi une référence à la langue d’Oc, aux luttes de gens qui ont voulu préserver cette langue spécifique. »
Sébastien Bras :
« J’ai choisi le terme d’Occitanie tout simplement parce qu’il fait résonner ma corde sensible. Quand j’étais gamin je passais beaucoup de temps à la ferme, chez mes grands-parents. Le langage courant était fait de patois, d’occitan. Toute mon enfance a été baignée par ce dialecte-là. Quand j’ai passé mon bac j’avais également l’occitan en option. C’est donc aussi un peu grâce à l’occitan que j’ai pu décrocher mon bac (rires). Plus sérieusement l’Occitanie fait référence à une appartenance géographique, linguistique et culturelle. Il y a aussi cet enracinement dans le pays, son passé lointain et cette notion de Midi qui nous est chère. Qui dit histoire ne dit pas pour autant passéiste. »
André Téchiné :
« Je dirai «Occitanie». Pour une raison très simple; je trouve les autres noms proposés trop longs. Et je pense qu’il faut être concis, synthétique. C’est en tout cas ce qui me paraît le plus judicieux. Pour cette raison, j’ai écarté «Midi Languedoc» et «Pyrénées -Languedoc» qui avaient pourtant l’avantage de bien résumer la situation. Quand à Midi, c’est trop court. Et puis le MIdi, ce n’est pas uniquement ce côté de la Méditerranée.Non «Occitanie» me parait le mieux, car on revient à la langue, à la culture et qu’en plus c’est historiquement vrai. La langue d’Oc est le point commun indiscutable de ces deux régions »
Jean-Louis Etienne :
« J’ai pris Occitanie. D’abord parce qu’il y a un lien de langage entre les deux régions actuelles. Avec Occitanie, il y a une identification géographique immédiate. On se débarrasse de Midi, Pyrénées, Languedoc, Roussillon et on crée quelque chose de neuf. Pour les étrangers, l’Occitanie est une localisation géographique, c’est un nom assez universel. C’est court, ça me rappelle la Californie. Occitanie, c’est bref, simple, sobre. Ce n’est pas une construction politique pour faire entrer tout le monde.
En parlant autour de moi avec quelques intellectuels et professeurs d’université, nous avons également trouvé la Nouvelle Occitanie qui soulignerait la dimension contemporaine de cette nouvelle structure et donc sa direction naturellement tournée vers l’avenir. »
Ariane Daguin :
« Je n’appartiens ni au Midi, ni au Languedoc, ni aux Pyrénées, ni au sud, mais à la Gascogne. Je suis née à Auch et mon âme est gasconne. Nous sommes plus proches des Landes et de Bordeaux que du Midi et de Montpellier. D’ailleurs, si j’avais un nom à choisir pour la future région, ce serait la Grande Gascogne. Mais je comprendrais que du côté de Montpellier on ne soit pas d’accord» dit-elle, ajoutant qu’à défaut, son second choix serait «l’occitanie».
Pierre Perret :
« Pour moi, c’est Languedoc. Le plus court, le plus percutant, le plus juste, le plus vrai, le plus évident. Languedoc, parce que c’est ma langue et mon pays ! »
Les futurs élus ne pourront pas complètement ignorer cette volonté populaire. Même si, il faut le rappeler, ce sont ces mêmes élus et en dernier ressort le Conseil d’Etat, qui trancheront. Nous en saurons un peu plus le 4 janvier 2016 lors de la première réunion des conseillers régionaux issus des urnes.
Lo Benaset