Depuis l’instauration de l’élection du président de la république au suffrage universel direct en 1962, c’est le casse-tête pour les candidats. Potentiellement, plus de 40 000 élus (maires, conseillers régionaux, départementaux, parlementaires) peuvent signer; concrètement, ils sont seulement la moitié à donner leur signature. Ce début de semaine, les bulletins arrivent en mairie. Ils devront être renvoyés au Conseil Constitutionnel avant le 17 mars. On connaîtra les candidats validés. En attendant, c’est la galère pour les candidats les moins médiatisés.
La règle des 500 parrainages
Pour se présenter à l’élection présidentielle, le candidat doit donc être parrainé par 500 élus. Ils sont 47 000 à pouvoir le faire. Ce qui pourrait profiter potentiellement à 80 candidats. Mais le nombre de parrainages reçus par le Conseil Constitutionnel est en chute libre : 17 815 en 2002, 16 900 en 2007, 15 047 en 2012…
Les signatures doivent provenir d’au moins 30 départements et il ne peut y avoir plus de 10 % de ces parrainages provenant d’un même département (soit 50 signatures). La loi du 25 avril 2016 a changé un peu la donne. Ce n’est plus aux candidats de récolter les parrainages et de les apporter physiquement au Conseil constitutionnel, mais c’est aux élus de les renvoyer par courrier. Très rapidement, le site du Conseil Constitutionnel va tenir les comptes sur son site. Candidats et électeurs pourront suivre en temps réel les évolutions. Ce qui induit une nouveauté : les parrainages ne sont plus anonymes, alors qu’auparavant seulement 500 noms étaient tirés au sort parmi tous les parrainages.
L’Etat devrait allouer 153.000 € en 2017 pour tous les candidats investis pour pouvoir financer leur campagne. Le candidat doit avoir 18 ans révolus.
#Parrainages, règles, organisation, contrôle de la #campagne… tout savoir sur la #Présidentielle2017 #FAQ : https://t.co/ktyW4byBcy pic.twitter.com/JqDwNxWAA1
— Conseil constit (@Conseil_constit) 25 février 2017
L’historique des parrainages
En 1962, le général De Gaulle instaure donc l’élection du président de la République au suffrage universel. La question se pose : qui pourra devenir candidat ? Ils sont nombreux les politiques à vouloir limiter le nombre des accédants potentiels à l’Elysée. Certains parlent d’empêcher une « folklorisation des candidatures » et mettent en garde le général De Gaulle. Finalement il tranche : il faudra seulement 100 signatures pour être candidat. « Il ne faut pas avoir peur de la démocratie », clame t-il alors.
Ils sont 6 en 1965, pour la première élection présidentielle au suffrage universel direct, puis 7 en 1969… 12 en 1974. Face à cette inflation, le législateur décide de durcir les règles : il faudra désormais 500 parrainages appelés officiellement « présentations ». Les élections suivantes verront effectivement moins de candidats qualifiés, sauf en 2002 où l’on retrouve 16 candidats, un record. Ces « présentations » restent pour la plupart anonymes avant que la loi de 2016 ne les rendent publiques.
Le point pour l’élection 2017
Pas de problème évidemment pour les candidats soutenus par un gros partis ou ayant une certaine notoriété comme Emmanuel Macron. Pour les autres, c’est beaucoup plus compliqué.
La semaine dernière, plusieurs petits candidats ont tenu une conférence de presse commune pour déplorer le manque de médiatisation et des règles de plus en plus contraignantes. Joint par Téléphone, le directeur de campagne de Christian Troadec et ancien journaliste David Grosclaude se dit très pessimiste. Difficile à l’heure actuelle de chiffrer les soutiens car les parrainages concrets ne sont revenus au Conseil Constitutionnel. Le candidat régionaliste aurait environ 250 soutiens ou promesses de soutien. Il reste moins de 3 semaines pour en trouver le double. Seule solution : relancer les maires et autres élus, en attendant aussi une hypothétique fenêtre médiatique.
Reportage : B. Roux J. Levé J.Y. Loes M. Félix M. Blasco AL Ruppert M.P. Fournier
Jean Lassalle et tout récemment Oscar Temaru disent être sûr de les obtenir. Jacques Cheminade déjà candidat en 2012 se dit confiant, tout comme Nathalie Arthaud pour Lutte Ouvrière. Philippe Poutou (NPA) et Pierre Larrouturou approchent les 300 parrainages. Plusieurs noms risquent de disparaître en n’obtenant pas le précieux sésame comme Henri Guaino, Michèle Alliot-Marie, Rama Yade, Antoine Waechter, François Asselineau, Charlotte Marchandise, Alexandre Jardin…
La règle des 500 parrainages avait été fatale à Jean-Marie le Pen en 1981 (alors qu’il était candidat en 1974). En 2007 Nicolas Dupont-Aignan le président du parti Debout la France avait échoué mais il y était parvenu en 2012.
Lo Benaset @Benoit1Roux