La loi Fillon de 2005 permet aux collectivités territoriales de conventionner avec l’Etat sur la thématique des langues régionales. Dès 2009, plusieurs conventions Education Nationale/Conseils régionaux ont vu le jour en Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc Roussillon pour donner un schéma global de développement de l’enseignement de l’occitan, notamment bilingue mais pas que. Entre temps, l’Office Public pour la Langue Occitane a été créé en 2015. C’est désormais une convention cadre sur l’enseignement de l’occitan qui va être signée d’ici quelques jours, directement par le Ministère de l’Education Nationale et non par les recteurs. Une première.
Que contient cette convention ?
Sans se substituer évidemment aux textes ministériels, cette convention cadre fixe la feuille de route pour l’enseignement des langues régionales. Elle fixe des objectifs déclinés au niveau académique, les 5 que comptent les 2 nouvelles régions (Bordeaux, Limoges, Montpellier, Poitiers, Toulouse). Cela devrait débloquer certaines choses dans celle de Limoges qui jusqu’alors était peu réceptive. On y retrouve des articles sur les enseignements primaire, secondaire et supérieur, l’enseignement immersif et surtout l’enseignement bilingue public.
Les conventions signées précédemment n’émanaient pas directement du ministère, elles étaient signées par les recteurs d’académies, avec des situations pas toutes identiques. Celle d’Aquitaine et Midi-Pyrénées étaient plus ambitieuses, celle du Languedoc-Roussillon plus en retrait. Ces mêmes conventions régionales ont parfois été déclinées au niveau départemental, signées par les conseils généraux comme on les nommait jadis. On pouvait y retrouver des objectifs chiffrés d’ouverture de sites bilingues. Des objectifs pas tous atteints car il n’y a pas de caractère obligatoire.
La nouvelle convention cadre validée en décembre par les régions Nouvelle Aquitaine Occitanie et donc l’OPLO fait justement un état des lieux de l’enseignement de l’occitan. L’enseignement bilingue au premier degré a par exemple doublé en Aquitaine de 2008 à aujourd’hui mais il ne touche que 2000 élèves. Toujours en Aquitaine et malgré les difficultés, les effectifs progressent dans le second degré. Avec une légère hausse au collège et une chute préoccupante dans les lycées. On y retrouve aussi des articles relatifs à la production de matériel pédagogique, la création d’un observatoire de la langue occitane qui fera tous les ans une cartographie de l’enseignement avec un état des lieux, un comité de pilotage avec des représentants des 5 académies qui se réunira tous les ans, avec la possibilité d’inviter des représentants de Calandreta, du centre Aprene, de l’ISLRF qui forme les professeurs en langues régionales des écoles immersives.
Un nouvel acteur : l’Office Public pour la Langue Occitane
L’OPLO officiellement créé en 2015 s’est vu confier le pilotage de ces conventions. En amont, il a beaucoup concerté les partenaires institutionnels et les acteurs associatifs. En aval, il devra favoriser la diffusion de l’information sur l’offre d’enseignement, organiser des animations dans les établissements, des campagnes d’information. L’OPLO est aussi chargé de soutenir la production de matériel pédagogique. Par exemple, le CAP’OC de Pau fournissait ce type de matériel gratuitement en Aquitaine et à titre onéreux en Midi-Pyrénées. Désormais l’OPLO financera ces outils pédagogiques dans les 2 régions en lien avec le réseau Canopé (réseau de création et d’accompagnement pédagogiques).
L’OPLO va également mettre en oeuvre les bourses d’études Ensenhar pour les étudiants qui se destinent vers le professorat de et en occitan dans le premier degré. Mais aussi pour des enseignants du 1er et 2nd degré titulaires de leur poste et désireux de se former à l’occitan afin d’enseigner dans cette langue. Il devra également accompagner les collectivités locales (région, départements, métropole, ville) qui souhaitent s’engager dans ces conventions. L’OPLO va enfin recueillir et traiter toutes les données sur l’enseignement de l’occitan dans le cadre de l’Observatoire de la langue occitane pour établir une cartographie précise complète et suivre ainsi les évolutions.
Cette politique volontariste se heurte évidemment à certains textes ministériels (notamment la réforme des collèges) aux postes au CAPES toujours si peu nombreux, à certains recteurs d’académies parfois peu coopérants, aux directeurs d’établissement qui font la sourde oreille. Mais c’est la première fois que l’Etat signera une telle convention cadre, certainement d’ici la fin du mois. Précédemment, c’était les seuls recteurs (ices).
Sur ces relations entre enseignement et politique, la FELCO a mis en ligne sur son site une étude très intéressante sur les questions posées par les députés lors de cette mandature concernant les langues régionales.
http://www.felco-creo.org/mdoc/detail_fr.php?categ=deputat&id=1798Lo Benaset @Benoit1Roux