La réforme des collèges portée par le gouvernement actuel a suscité beaucoup de protestations chez les défenseurs des langues régionales. Plusieurs actions ont été menées; certaines sont en cours. La FELCO établit un premier bilan en vue de l’instauration de cette réforme à la rentrée prochaine.
Inégalités dans les académies
L’autonomie laissée aux chefs d’établissements et le flou que représentent certains textes (voir ci-dessous) font que la concurrence est souvent rude entre les matières et les inégalités flagrantes entre les académies. Parfois, au sein d’une même académie, les disparités sont nombreuses. Les Dotations Globales en Heures (DGH) qui fixennt les moyens viennent d’être votées pour la rentrée. La logique comptable risque d’être fatale pour les langues régionales.
- Aix Marseille : les établissements du secondaire sont globalement dotés des moyens habituels pour la rentrée 2016. L’enseignement d’initiation en 6ème est revenu dans l’académie sauf pour le Vaucluse. Il y a aussi des difficultés sur les heures spécifiques qui viennent compléter les DGH. Reportage France 3 Méditerranée sur la situation dans le Vaucluse et l’absence de continuité de l’enseignement de cette langue.
Reportage de Frédérique Poret et Olivier Ducros-Renaudin :
Le provençal malmené par la réforme des collèges
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- Bordeaux : pas de modification par rapport aux rentrées précédentes. L’académie est plutôt bien dotée et protégée pour l’instant.
- Montpellier : le constat fait dans cette académie est très préoccupant. La dotation spécifique du rectorat ne correspond pas aux besoins pour assurer la continuité de l’enseignement. En sont victimes, les classes bilingues et autres sections bilangues. La rectrice Armande Le Pellec Muller n’a donné aucune consigne. Beaucoup de professeurs se trouvent dans l’obligation d’aller sur 2, 3 voire 4 établissements.
- Toulouse : la rectrice Hélène Bernard -qui est aussi vice-présidente de l’OPLO- a précisé que « l’académie poursuit son effort en faveur de la continuité de l’occitan… L’enseignement de l’occitan sera maintenu à tous les niveaux dans l’académie ». Avec un élément très important : « Je précise que les les EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) ne se substituent pas aux enseignements d’occitan existants mais qu’ils constituent une nouvelle possibilité… ». Ce qui n’est pas évident ailleurs.
- Nice : pas de changements notables dans 80% des établissements. Pour les autres ont peut noter une baisse conséquente voire même des suppressions lorsque l’enseignement de l’occitan est assez récent. Il y a 12 enseignants pour 24 collèges. 1700 élèves dans le secondaire.
- Clermont : seulement proposé dans 4 collèges (dont 3 dans le sel Cantal).
- Limoges : 1 seul enseignant…
Le cadre
- Le décret est paru le 19 mai 2015. Les langues régionales font partie d’un socle commun d’enseignements (les EPI) et disparaissent de la 6 ème car les EPI commencent en 5ème.
- La circulaire d’application du mois de juin précise que l’enseignement bilingue en langue régionale restera organisé selon les organisations pédagogiques contenues dans l’arrêté du 12 mai 2003 intitulé « Enseignement bilingue en langues régionales à parité horaire dans les écoles et les sections langues régionales des collèges et lycée ».
- Après plusieurs manifestations et actions au ministère, l’enseignement en 6ème est de nouveau possible. D’autres avancées existent.
- L’enseignement des langues vivantes régionales reste régit par la circulaire n°2001-166 du 5 septembre 2001. Peu de Principaux le savent ou veulent l’ignorer.
Car cette réforme octroie surtout les pleins pouvoirs aux chefs d’établissements qui peuvent décider de manière unilatérale de retirer certains enseignements ou tout simplement de ne pas les budgétiser.
- Chaque établissement reçoit en effet une Dotation Globale en Heures. C’est fait pour la rentrée 2016 et la répartition a été votée par les Conseils d’Administrations.
- Il existe aussi des heures spécifiques hors DGH. C’est prévu et plutôt bien organisé sur les académies de Toulouse ou Bordeaux. A Montpellier c’est a minima et les cours d’occitan disparaissent. Le Rectorat a été sollicité mais la rectrice fait la sourde oreille.
Ces heures, lorsqu’elles existent, permettent de limiter les dégâts. Mais de manière globale, la FELCO relève que…
« Les professeurs d’occitan expriment une grande fatigue qui se transforme souvent en désarroi face à des textes qui se contredisent, des situations inégalitaires suivant le territoire, l’académie, l’établissement. »
La FELCO a envoyé le 18 mars ce dossier au Ministère de l’Education pour l’interpeller; il n’a pas encore répondu.
Lo Benaset avec les documents de la FELCO.