Plus de socialisation de la langue dans les lieux publics ? C’est OUI.
Vous voulez une troisième calandreta sur Toulouse ? On est d’accord !
Des ouvertures de classes bilingues ? Oui, au minimum une par an…
La réunion publique lundi soir impulsée par Convergéncia Occitana avait des allures d’Ecole des Fans. Des artistes qui connaissent la musique, des bonnes notes, et une chanson pour finir.
Tribune des politiques Salle du Sénéchal (Toulouse)
Sur scène, 3 candidats à briguer le Capitole : Pierre Cohen (PS), Jean-Luc Moudenc (UMP) et Antoine Maurice (EELV). 2 autres étaient restés en coulisse mais avaient pris soin d’envoyer un colistier sous les feux de la rampe : Marie-Ange Lalanne pour Christine de Veyrac et Vincent Rivière pour Jean-Pierre Plancade. Vincent Rivière a d’ailleurs été le seul à s’exprimer en occitan. Les occitanistes ont dû apprécier. Pierre Cohen un peu moins, en faisant remarquer à juste titre qu’il aurait pu lui aussi mandater sa candidate occitanophone Lidwine Kempf pour s’exprimer.
Mise à part ça, ça fleurait bon l’unanimité et le consensus. Moins d’enjeux sans doute qu’en 2008, et donc moins de monde dans la salle du Sénéchal.
De que retener ?
Convergéncia occitana a donc réussi à réunir les 2 ténors PS et UMP qui se sont soigneusement évités. Pierre Cohen était déjà là en 2008. Pas Jean-Luc Moudenc qui avait envoyé Marie Déqué et René Bouscatel. Ce sera sans doute un des rares moments de campagne où ils seront ensemble. Ce n’est pas rien. Une preuve supplémentaire de l’intérêt unanime porté à l’occitan. Auparavant, Convergéncia avait envoyé un questionnaire portant sur 35 points aux candidats. Aucun ne l’a pour l’instant complété et renvoyé. Mais ça devrait venir.
L’ensenhament
Unanimité pour faire du dossier de la transmission une urgence et une priorité.
Côté calandreta, il faut secourir Costa Pavada qui est en difficulté, notamment de locaux. Ouvrir une troisième calandreta sur Toulouse : ils s’y sont tous engagés. Et enfin aider le tout nouveau collège qui vient d’ouvrir dans une maison du quartier Saint-Agne. Le candidat UMP est même prêt à céder un terrain pour y construire les bâtiments nécessaires. Côté public, il faut accentuer l’ouverture de classes bilingues, au moins une par an sur l’agglomération. La convention signée entre le rectorat et la région Midi-Pyrénées va bien aider. Les adultes eux aussi ne seront pas en reste. Vera-t-on demain le personnel municipal participer à des cours d’occitan ? Enfin des crèches bilingues seront expérimentées et la présence de l’occitan accrue dans le domaine périscolaire : centres de loisirs, CLAE…
La cultura
Parlons d’abord des lieux. L’Ostal d’Occitània a été inauguré par Jean-Luc Moudenc, pas peu fier d’avoir mené à bien ce projet après en avoir hérité. Mais il reste des travaux à faire : réaliser une documentation (notamment avec le legs fait par Maurici Andrieu), aménager les magnifiques caves, installer un ascenseur… Pas de problèmes du côté des candidats.
Et le conservatoire, est-il toujours occitan ?
Tous les politiques sont d’accord : il faut redonner à cet organisme ses missions initiales. Car aujourd’hui on la présence de l’occitan est très rare. Même son nom est caché. Un comble pour une institution qui pompe tout de même presque la moitié des 500 000 euros du budget octroyé à l’occitan ! Son président actuel Jean-Christophe Sellin n’a rien fait pour enrayer cette dérive. Bien au contraire. Mais le candidat Front de Gauche aux municipales -pourtant donné présent- n’a pas daigné venir pour s’en expliquer. De toute façon, sa ligne est claire : oui à la culture et non à la langue. Comprenne qui pourra.
Des divergences apparaissent sur la proposition de Convergéncia de transformer l’ancienne prison Saint-Michel en Centre International de la Civilisation Occitane Latine et Méditerranéenne. Pierre Cohen a pour projet la création d’un espace dédié à la culture méditerranéene avec une composante occitane, mais pas à Saint Michel. Jean-Luc Moudenc veut consacrer ce lieu à la musique et à l’Orchestre du Capitole.
Antoine Maurice veut un ancrage au Sud (Barcelone) et en finir avec le parisianisme. Saint-Michel ? Pourquoi pas, à condition que cela reste un bâtiment public et un lieu de mémoire. Il est le seul à s’engager concrètement sur un budget porté à 2M d’euros. Vincent Rivière, avec la fougue du novice en politique, s’est engagé sur beaucoup de choses, a dégainé beaucoup de promesses. Mais il n’était que le représentant de Jean-Pierre Plancade.
En revanche, personne n’a dit OUI au quota de 10% réservé à la culture occitane demandé par Convergéncia.
Le mouvement Endavant avait mis la pression pour des annonces bilingues dans le tram. Mais il n’a pas eu à s’en servir. OUI les traductions sont en cours et tout se fera après l’élection. Pour le reste, la signalétique bilingue devrait se poursuivre. Jean-Luc Moudenc veut même que « les collèges et lycées soient aux couleurs de notre langue ».
Un adjunt per la lenga
Unanimité là aussi, il y aura un adjoint pour l’occitan poste occupé actuellement par Jean-Charles Valadier. Ce sera Jean-Michel Lattes pour Jean-Luc Moudenc et sans doute Lidwine Kempf pour Pierre Cohen.
Per clavar
Dans ce simili débat qui n’en était pas un (d’ailleurs certains candidats l’ont refusé), où l’audace est restée aux vestiaires et le consensus a occupé le terrain, il est bien difficile d’extraire quelque chose. En tous cas pas de scoop ni d’annonce fracassantes. Une sorte de force tranquille où l’occitan est devenu une évidence en devenir, sans plus de certitudes.
Les grincheux diront que tout ceci était sens chuc ni muc (insipide) et ne servira à rien. Les optimistes relèveront que ce type d’échange démocratique n’existe pas –hélas- dans les autres grandes métropoles occitanes.
Et comme jadis dans les émissions de Jacques Martin, le public a rejoint la scène et ses artistes pour entonner à l’unisson le Se Canta. Pas de fausse note.
Benoît Roux