D’un trio à l’origine, le groupe a rajouté deux cordes (dont un violon) à son arc pour devenir quintette. Il s’est fait un nom : du Bartàs. Au milieu de personnages célèbres et lettrés : Louis Barthas de Peyriac-Minervois tonnelier, écrivain et caporal durant la Grande Guerre et Guillaume Dubartas, poète occitan du XVIème.
Mais ceci est de l’histoire ancienne et Tant que vira (Tant que ça tourne..) c’est le titre du quatrième album de cette formation languedocienne produit par la coopérative artistique Sirventés. Les pieds bien ancrés dans leurs racines plus ou moins vigneronnes, les yeux bien ouverts sur les problématiques actuelles Du Bartàs n’en finit pas de réinventer les traditions et de nourrir la création occitane contemporaine.
Photo © Sirventés
Du Bartàs c’est d’abord un groupe. Pas de meneur, de chanteur exclusif, de batteur percussionniste attitré, soliste et autre virtuose mais une osmose parfaite entre les 5 éléments. L’initiateur Laurent Cavalié laisse volontiers le chant à ses acolytes complices. Mais il continue à gratter la terre occitane pour y extraire des pépites, ou prendre sa plume pour rouméguer contre les dérives de la société. Musicalement, ça sent bon la Méditerranée et pas trop la tradition. Ou alors LES traditions. La faute aussi à Abdel Bousbiba, un Audois qui a laissé ses oreilles et son toucher à Fés avec violon et bendir dès la première chanson. Il chante en arabe mais aussi en occitan. Un peu surprenant de prime abord, tellement évident par la suite.
Les textes ne sont pas en reste. Plutôt bien bâtis notamment pour Cantèri quand èri ou la complainte immobilière de la maison moderne qui part en ruine façon Babau que me pica. Piquant drôle et réussi. Et puis l’istòria vertadièra d’aquel Fadòli de petròli. Ce n’est pas au royaume Qatari mais à Ferrals, en pleine Montagne…Noire mais pas de pétrole !
Dans ce disque, il ne faut pas chercher une production sophistiquée, un son hyper travaillé, des voix maintes fois enregistrées…Mais de la spontanéité, de la fraicheur et des rythmiques hyper travaillés, multiformes : tarentelle, sardane, bourrée. Côté Espagne Ai !Carmela ! version occitane de ce chant qui est devenu un hymne aux réfugiées. Côté Italie, Qual es que ten façon tarentelle et Sante Geronimo Caserio du nom d’un jeune anarchiste italien qui failli escotelar le président Sadi Carnot. Il y a ce rythme presque tribal qui va faire du bien aux oreilles des identitaires Sèm totis bastards. Et la célèbre Fièra d’Olonzac à la rythmique implacable, un traditionnel réinventé.
« Du Bartàs en concert » © Popeulz
Le disque est de bonne facture, à l’écoute riche et colorée et qui donne envie d’être partagé. Avec une seule frustration : Du Bartàs est un groupe de balèti, de rencontre, qu’il faut voir et écouter sur scène, en situation. Ça tombe bien. Après s’être posé sur les pages, les ondes et la toile de grands médias parisiens, le groupe est en tournée. Ils seront à Rodez le 17 janvier et Carcassonne le 24.
E tant que Du Bartàs virarà, nos anirem leugièr, leugièr, nos anirem leugierament…
Benoît Roux