Ce n’est pas encore le grand Béziers des années 70, du temps où les Palmier, Vaquerin, Paco, Cantoni et Astre raflaient 11 titres de champions de France. Mais l’ASBH Association Sportive Béziers Hérault stabilisée en Pro D2 veut renouer avec ses racines. Et parmi elles, l’occitan.
A la broa del gorg, au bord du gouffre.
Si le club va mieux désormais sur un plan sportif et financier, il est passé pas loin du gouffre, en passe de tomber dans l’anonymat. En 2010, le club est rétrogradé en Fédérale. Il joue les barrages pour remonter en Pro D2. Pour forcer le destin, des supporteurs se mettent à chanter le Se Canta. Au moment où résonnait parfois le Copa Santa plus provençal. De quoi donner des idées à certains.
Los Occitans de Besièrs dins la mesclanha, les Occitans de Béziers dans la mêlée
Béziers, c’est le club de cœur et la ville du chanteur Joanda. Il va souvent au stade de la Méditerranée. La passion du sport et la frustration de ne pas y voir et y entendre plus d’occitan. Mais il va rencontrer le restaurateur célèbre Pierre Augé, le chanteur et musicien Jean-Brice Viétri, le président délégué de l’ASBH Ghislain Jansé et Floréal Vaquerin le fils d’Elie. Ils se réunissent un soir et après un repas très convivial, décident de créer le CNOSF : le Comité National Occitan Sans Frontière. Une blague au départ et un pied de nez à son homonyme, le Comité National Olympique et Sportif Français qui avait imposé aux Biterrois de rejouer un match, risquant ainsi de les faire redescendre en Fédérale en cas de défaite. Sans conséquence sportive mais avec une incidence culturelle…
Lo Comitat Nacional Occitan sens frontièras, qu’es aquò ?
L’ASBH est le premier club français de rugby à se doter officiellement d’une commission culturelle. Un organisme qui permettra au club de se doter d’une identité forte à l’image de l’USAP pour les Catalans, de l’Aviron Bayonnais et du Biarritz Olympique pour les Basques. Le CNOSF se réunit une fois par mois et Joanda en assure la présidence. Et les idées ne manquent pas : animer l’avant match au clubhouse avec des chanteurs et des instruments occitans, chanter le Se Canta juste avant l’entrée des joueurs comme l’ont fait Joanda et Floréal Vaquerin pour la réception du Lyon Olympique Universitaire. Pourquoi pas l’annonce du score en oc, une signalétique bilingue… Sans oublier le chant des supporteurs Aqui, aqui es Besièrs et le journal du club Sèm fòrça. Le nouveau site de l’ASBH aura une page consacrée au CNOSF. On parle même de mettre en place une journée de formation culturelle sur l’histoire et la langue d’oc pour les joueurs et dirigeants. Les marqueurs identitaires ne manqueront pas.
Dissabte la Seccion Paulina a l’estadi de la Mediterranèa, samedi la Section Paloise au stade de la Méditerranée
Si les joueurs arborent une croix occitane pour les matchs à l’extérieur, « l’occitanité » est plus flagrante à domicile. Et pour préserver leur invincibilité à la Méditerranée, les joueurs pourront compter sur un public de plus en plus nombreux : près de 5000 abonnés qui ont tous reçu leur écharpe Aqui es Besièrs. Ce samedi 19 octobre la Section Paloise -autre club occitan habitué au Se Canta– ne sera pas trop dépaysée. Pour accueillir ce prétendant à l’accession en Top 14, le Club House ouvrira ses portes dès 16 heures avec les chanteurs Flo Vaquerin et Joanda, accompagnés par Patrice Villaumé (Troubadours Art Ensemble) à la flûte occitane. Après la bodega de la Montagne Noire, un autre instrument occitan sera donc de la partie. Et pour donner le coup d’envoi : Didier Amiel, l’entraîneur de l’Equipe d’Occitanie de Football qui viendra avec plusieurs de ses joueurs. Un tour de chauffe avant d’en découdre le 15 décembre avec le Racing Club Narbonne Méditerranée pour un grand derby occitan.
Benoît Roux
28/09 ASBH-LOU de gauche à droite : Floréal Vaquerin, Joanda et Nicolas Dedieu </p#>