Dans un monde culturel toujours à l’arrêt, ce joyau confiné de l’artiste Australien Nick Cave est une percée de lumière dans un ciel noir. 22 titres enregistrés seul au piano cet été à Londres, des chansons sans artifice, à fleur de peau qui inventent un nouveau genre. Le disque vient de sortir. En attendant la vidéo.
Un piano, installé dans le magnifique Alexandra Palace de Londres, un 23 juillet. Nick Cave s’installe. Pas de public. Juste les résonances de 35 ans de carrière, des extraits de 17 albums dont le magnifique petit dernier Ghosteen. Alors que les artistes se cherchent et les maisons de disques expérimentent, Nick Cave propose cet été de jouer en live seul au piano pour un Livestream payant. Le concert est alors retransmis en direct pour son public qui a payé pour obtenir le lien. Les chansons sont sombres mais l’interprétation brillante. L’engouement est tel que plusieurs personnes n’arrivent pas à se connecter. Mais les veinards qui ont pu le voir ne sont pas avares d’éloges. Alors finalement le concert se retrouve sur certaines plateformes vidéos, puis retiré. Jusqu’à la sortie d’IDIOT PRAYER en disque et version numérique le vendredi 20 novembre.
Euthanasia – IDIOT PRAYER: Nick Cave Alone at Alexandra Palace
Une colère contenue, une émotion permanente, le souffle, les silences, les résonances du piano, tout est magnifique. Ne manquent que les applaudissements. Et bien non, justement. Ce live sans réaction du public permet de rester dans l’intime, de profiter jusqu’à la dernière goutte de ce breuvage enivrant. Vraiment un nouveau genre, un joyau brut que rien ne perturbe. Le funambule est en permanence en équilibre. Il pourrait sombrer, cherche ses respirations, reprend le dessus, se maintient dans l’épure et laisse la musique le guider.
Galleon Ship – IDIOT PRAYER: Nick Cave Alone at Alexandra Palace
Comme un prêcheur charismatique que l’on suivrait presque comme de vulgaires moutons -d’où le titre Idiot Prayer- on passe par toutes les émotions, subjugué par le talent brut de cet artiste inspiré et parfois désespéré. Certains autres chanceux ont pu aussi voir ce show diffusé au cinéma début novembre. 90 minutes de temps suspendu, filmé par le cinéaste irlandais Robbie Ryan qui devraient bientôt sortir en DVD. Pas complètement indispensable tant la musique et la voix sont déjà l’écrin d’émotions pures. Profond et transcendant.
Benoît Roux