05 Oct

Des musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse reprennent les clefs de Saint-Pierre

Depuis 20 ans, des musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse proposent des concerts en formation réduite. Dans un cadre magnifique (Saint-Pierre des Cuisines à Toulouse), ils proposent 5 concerts pour écouter la musique de chambre avec plus de proximité. La nouvelle saison débute ce soir lundi 5 octobre avec un programme dédié aux quatuors : Mozart, Haydn, Beethoven.

Les 4 musiciens du concert du 5 octobre 2020 : Photo : Les Clés de Saint-Pierre

Faire entendre la musique dite classique d’une autre manière

Depuis l’an 2000, les associations « Internotes » et « Les clefs de Saint-Pierre » proposent des concerts de musique de chambre d’un autre genre. L’idée : prendre des musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse (ONCT) et leur demander d’établir un programme musical pour le jouer ensuite à l’auditorium de Saint-Pierre des Cuisines de Toulouse. « Ce sont des choses qu’on ne voit pas dans les autres saisons musicales. Nous sélectionnons 5 de ces programmes et les musiciens du Capitole viennent ensuite les jouer à Saint-Pierre. Ca crée une autre relation entre les musiciens et le public. » Henri Simonneau le président de ces associations est très satisfait du résultat. Toute la différence se fait par le choix des musiciens du Capitole qui permet des associations audacieuses et des découvertes fructueuses.

Outre les 5 concerts à Saint-Pierre, l’association « Internotes » se greffe aussi sur les « Concerts de marchés » qui se déroulent tous les dimanches à Tournefeuille non loin du marché. Ils proposent 4 concerts cette saison dans ce cadre là : « Ce sont des concerts plus courts (1H environ), qui s’adressent particulièrement aux enfants, et qui sont très accessibles : le prix est fixé à 2€ ».

La saison 2020/2021

La saison précédente s’est achevée le 11 septembre dernier en raison du concert annulé le 27 avril. Mais ce lundi 5 octobre, Les Clés de Saint-Pierre réinvestissent l’auditorium pour la nouvelle saison. Au programme, « Le quatuor en héritage » avec 3 compositeurs clés de ce genre musical : Haydn, Mozart et Beethoven. Ce lundi soir à 21H, vous pourrez le Quatuor N° 5 opus 33 de Haydn, le Quatuor N° 15 en ré mineur K. 421 de Mozart et le Quatuor N° 5 opus 18 en la majeur de Beethoven.

Sur scène,  Marianne Puzin et Jean-Baptiste Jourdin, violons, Claire Pélissier, alto et Marie Girbal, violoncelle. Tous les 4 sont des musiciens de l’ONCT. Ils ont réalisé un Teaser qui prouve bien l’esprit « décontracté » de ces concerts. 

Le prochain concert aura lieu le 30 novembre et fêtera le 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven. Avec le Quatuor n°7 en fa majeur, les Plaisanteries musicales autour de Beethoven pour 2 cors et quatuor à cordes et un Sextuor en mi bémol majeur.

Chaque concert est au prix de 22€, 16€ pour les séniors, 11€ pour les étudiants. Pour ces derniers, si vous vous présentez le soir du concert, vous ne paierez que 5 € sur simple justificatif. L’idée étant de rajeunir le public, il est possible de s’abonner aux 5 concerts de Saint-Pierre pour 70€. Evidemment, l’accueil du public se fera dans le stricte respect des normes sanitaires. La jauge de la salle permet de recevoir 196 personnes.

Des partenariats à venir

L’association « Internotes » développe des partenariats depuis sa création. L’association « Aïda » qui est aussi mécène de l’ONCT l’est aussi pour ces concerts. Cette année, 3 des 5 concerts feront l’objet d’une organisation particulière. Des actions ciblées par rapport à un certain public qui fréquente peu ces manifestations (par exemple les jeunes, les Compagnons du Devoir…) pour venir présenter les musiciens dans leurs structures et qu’ensuite ces personnes viennent aux concerts. « Nous allons signer une convention ciblée avec certains publics le 17 octobre à la Halle Aux Grains, assure le président Henri Simonneau. Cette opération sera menée pour les 3 concerts qui auront lieu début 2021. Nous voulons montrer notre travail au quotidien pas seulement quand nous sommes en costume queue de pie! ».

Les « Clefs de Saint-Pierre » ou comment faire prendre la Clef des champs aux musiciens pour faire écouter et découvrir la musique sur des registres différents.


Les clefs de Saint-Pierre

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01 Oct

L’ouvrier Sam Karpienia (Dupain) repart à L’Usina

Il y a 20 ans, le groupe Dupain sortait son premier album : L’Usina. Des chants ouvriers puissants lancés contre la vague capitaliste, portés par la voix enfiévrée de Sam Karpienia. Le chanteur reprend aujourd’hui ces textes pour une relecture plus intime et poétique, portée par les cordes des mandoles et d’un violon bulgare. Une véritable création qui prouve encore la richesse d’un artiste toujours aussi inventif, engagé et généreux.

Pauline Willerval et Sam Karpienia Crédit Photo : Yves Rousguisto – ADAGP

Premier morceau, premiers frissons « Terra de Crau », texte et musique Sam Karpienia. Difficile d’y reconnaître complètement le morceau initial « Lo Garagai » tellement tout est réinventé. Mais toujours habité magnifiquement par Sam. A l’image de tout l’album.

L’Usina en résidence

Pourquoi revenir sur ce choc musical qu’a été l’album « L’Usina » en 2000? Coup d’essai, coup transformé par Dupain, avec pour maître d’œuvre Sam Karpienia. Une major (Virgin) s’était même intéressée au phénomène en signant le groupe. La presse était alors dithyrambique et unanime.

20 ans plus tard, cette relecture très personnelle paraît sur un nouveau label « Fatto in Casa » monté par Serge Pesce et Lucien Massucco (Nux Vomica). L’Usina nouvelle version est donc revenue chez les ouvriers. Les moyens ne sont pas les mêmes mais la créativité est intacte. Moins brutal, moins direct qu’avec Dupain, cette création est plus intimiste, plus personnelle et va exploiter d’autres sphères.

Sam Karpienia & Pauline Willerval – Terra de Crau

Au départ, Lucien Massucco propose  à Sam de faire un disque sur son nouveau label « Fatto in casa »; un disque de Sam Karpienia et pas de Dupain. Sam propose de reprendre les textes de l’Usina 20 ans après pour une régénérescence nécessaire. Le défi n’est pas évident mais l’envie et le talent font le reste.

Dupain – Lo Garagai (version initiale de Terra de Crau)

En 2018, Sam rentre solo en résidence à Coaraze dans les Alpes Maritimes. Une semaine plus tard, la dralha est tracée, le projet s’affine. L’artiste décide d’y joindre Pauline Willerval. « On s’est rencontré quand elle était à Marseille. Elle a joué aussi avec De la Crau (autre groupe de Sam). Elle a une approche virtuose, intelligente, mais elle sait aussi jouer simple. Elle a vécu en Turquie, en Bulgarie et là, elle est repartie en Bretagne »

Toujours le brassage improbable des cultures cher à Sam! Pauline joue de la Gadulka, un violon bulgare à la sonorité typique. Elle fait partie de plusieurs groupes et partage souvent la scène avec Rodolphe Burger ou Erik Marchand. Son travail sur ce disque est assez époustouflant.

Pauline Willerval & Makis Baklatzis – Halai

Ensemble, ils re-rentrent en résidence pour parfaire la création. Octobre 2018, un concert de sortie de résidence clôture la création. Il permet aussi de lancer le nouveau label. Le disque qui vient de sortir est le fruit de ce travail. La plupart des morceaux ont été enregistrés en multipistes pendant le live à Coaraze. D’autres sont issus du travail de résidence. Un disque en duo très riche où l’imperfection est assumée et l’émotion assurée.

Pauline Willerval Crédit Photo : Yves Rousguisto – ADAGP

« Basta de trabalhar », l’autre album de la révélation

Sam Karpienia a toujours aimé les boucles pour poser sa voix d’équilibriste dessus. Dans Dupain, c’était avec la vielle à roue, là c’est avec la gadulka de Pauline Willerval et les boîtes à rythme. Comme un support, un champs contre-chant au chant. Le feu de la voix est toujours là, la fièvre contestataire de ces textes brulots toujours présente. Les mots ont toujours des résonnances actuelles, peut-être encore plus qu’il y a 20 ans. Mais la direction musicale choisi est moins ardente, plus poétique même si la voix rauque de Sam clame ses colères comme une transe bienveillante.

Le côté musique répétitive des gestes mécaniques du monde ouvrier ne sont que davantage mis en valeur. La gadulka de Pauline Willerval, les mandoles de Sam et autres boîtes à rythmes créent un tourbillon prenant comme dans cette magnifique chanson « Ta libertat ». Version très habité et magnifié du morceau « Que vòs » de Dupain. Quel souffle, quel lyrisme, quel équilibre! Magnifique.

Sam Karpienia & Pauline Willerval – Ta libertat

Tout est juste, profond et personnel. Les équilibres entre mandole (électrique ou acoustique) gadulka, boîte à rythmes, quelques chœurs rajoutés et la voix de Sam Karpienia sont tout simplement somptueux. Comme un ruissellement de cordes qui se glisse entre les pierres de la voix rocailleuse de Sam.

Rien à voir avec la version initiale de Dupain pourtant intéressante.

Dupain – Que vòs?


Moins violents, les morceaux n’en retirent que plus de force. On mesure la beauté et la pertinence de ces textes, l’humanité et la profondeur du chant de Sam. Pour l’heure, l’artiste est sur plusieurs projets, en solo ou avec son groupe De la Crau. Sam Karpienia aimerait bien amener « Basta de trabalhar » sur scène avec Pauline Willerval. Mais pour l’heure, il est surtout en tournée avec De la Crau.

Sam Karpienia Crédit Photo : Yves Rousguisto – ADAGP

« Basta de trabalhar » est un disque atypique, avec la force et la spontanéité assumées d’un live, mais aussi une production intelligente dans le même esprit. Là où les artistes passent beaucoup de temps à se répéter, Sam Karpienia enfile toujours le bleu de chauffe pour se régénérer. C’est l’esprit de l’usine mais sans jamais se reproduire. Explorer, toujours explorer, comme une mise en danger vitale pour se garder vivant.

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