09 Juin

Grèves, inondations : les usagers au bord de la crise de nerf

« On en a marre de ces grèves« , s’énerve un usager. On le serait à moins. Depuis neuf jours c’est la galère sur la ligne D dur RER. À Villeneuve-Saint-Georges, prendre les transports en commun est un combat de chaque instant. Sans même parler des fermetures de ligne causées par les inondations. « Je travaille à 7h30 et je dois prendre le premier train qui est à 5h28 au lieu de prendre le train de 6h49 pour être sûr que je puisse en avoir un », explique un autre usager croisé hier.
Fait rarissime, face à une telle situation, les trois associations d’usagers les plus importantes de la région sont montées au créneau pour faire part de leur mécontentement et de leur exaspération. Dans un courrier adressé à Alain Krakovitch, le directeur du Transilien, les présidents de la SADUR (RER D), de la FNAUT et de Plus de Trains (lignes L et U) déplorent des conditions de transport devenues intolérables.
Sur certaines lignes (réseaux Est et Saint Lazare notamment), les usagers subissent aujourd’hui leur 22ème jour de grève en 2016. Sur certaines lignes, le plan de transport minimum de 33% de trains en circulation n’a pas été respecté (cf. annexe I-C-3 du contrat STIF-SNCF) : ligne U fermée ou limitée certaines journées, ligne R avec environ 10% du trafic normal, RER C et D avec environ 25% du trafic normal. Sur de nombreuses lignes, notamment les B, D et L, le plan de transport annoncé n’est pas respecté.
Ce chaos quotidien est principalement du à la grève du personnel de la SNCF (lancée le 1er juin puis reconduite), mais les inondations et ses conséquences sur le réseau ont été, si j’ose dire, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

La semaine dernière, les impacts de la grève se sont cumulés avec les conséquences exceptionnelles de la crue de la Seine. La SNCF n’a pas été en mesure d’augmenter la desserte réduite des lignes de trains qui servaient de trajet alternatif aux usagers des lignes touchées par les crues. Ceci a créé, et crée toujours, des situations très compliquées, tendues et dangereuses pour les usagers. Voici quelques exemples :
– la ligne U (un train par heure le vendredi 3 juin) n’a pas permis de remplacer les lignes N et C coupées
– les usagers de la branche nord du RER C n’ont pas pu se reporter sur la ligne H, très réduite
– le RER D déjà saturé n’a pas permis de pallier les branches Sud du RER C au trafic si réduit

Face à cette situation, les 3 associations, suivies finalement par Valérie Pécresse, la présidente de région, exigent une indemnisation pour les abonnés au Pass Unique, ce que la SNCF a semblé refuser dans un premier temps (nous avions posé la question à Alain Krakovitch samedi dernier, avant que le sujet ne devienne brûlant – Vidéo ici) avant finalement d’entrouvrir la porte. L’indemnisation se fera si les dispositions contractuelles prévues avec le STIF n’ont effectivement pas été respecté. Voici le communiqué du Transilien :

sncf

La grève ayant été reconduite pour demain vendredi, jour d’ouverture de l’Euro – et de l’arrivée massive de fans et de touristes dans les trains déjà saturés -, les usagers ne sont pas encore prêts de retrouver des conditions normales de transports. Seule bonne nouvelle, la réouverture (limitée) du tronçon central du RER C. Quant à l’indemnisation demandée, il faudra sans doute encore attendre encore un peu avant qu’une décision ne soit prise. Lors du précédent mouvement d’ampleur en 2014, la SNCF avait finalement daigné, sous la pression, indemniser les usagers. Patience, patience…

Bertrand Lambert

► Pour aller plus loin : Inondation : une situation inédite depuis 50 ans à la SNCF
► Pour aller plus loin : Le RER C n’est pas passé loin de la catastrophe avec la crue