Le clos des Lambrays, un grand cru de Morey-saint-Denis en Côte-d’Or est un grand cru. C’est le joyau du domaine des Lambrays. Il a été vendu lundi 14 avril au groupe de luxe LVMH, présidé par Bernard Arnault. Le montant de la transaction n’est pas connu mais fait enfler la rumeur.
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Le Clos des Lambrays est une des plus anciennes parcelles de vin de Bourgogne. Des écrits attestent de son existence au milieu du XIVème siècle. Depuis 1996, elle était la propriété de Ruth Freund, une Allemande, qui l’avait acheté avec son mari décédé en 2010. Cette parcelle de 8,66 ha, classée en grand cru, fait partie du domaine des Lambrays qui possède également deux 1ers crus sur la commune de Puligny-Montrachet (le Clos du Cailleret et les Folatières) et d’un 1er cru en rouge Morey-Saint-Denis les Loups.
Un vignoble de plus pour le groupe LVMH
Le groupe LVMH est déjà propriétaire de plusieurs domaines viticoles dans le monde dont certains parmi les plus réputés comme château d’Yquen ou Cheval Blanc dans le Bordelais ou Moët et Chandon, Veuve Cliquot ou Dom Pérignon en Champagne. C’est sa 1ère acquisition en Bourgogne. Selon Christophe Ferrare, le responsable de la section vins et spiritueux, le groupe souhaitait acquérir depuis longtemps un domaine en Bourgogne. Un vignoble nécessaire dans le catalogue déjà bien fourni de LVMH. Il a fallu plusieurs années de recherches pour trouver la perle rare.
Aucun chiffre n’a été communiqué sur le prix de la transaction. Certains évoquent des chiffres astronomiques, 80 à 100 millions d’euros (voir le Bien Public de ce mardi 15 avril). Ce qui serait, selon la Safer, 5 à 10 fois plus que le prix du marché. Christophe Ferrare, interrogé sur la question, estime que la qualité du vignoble justifie un prix important sans donner plus de précision.
La Safer, impuissante
La Safer, Société d’aménagement foncier et établissement rural, n’a pas pu intervenir dans cette affaire. Le domaine des Lambrays est une société constituée de parts. Une structure sur laquelle la Safer ne peut, pour le moment, pas intervenir. La loi d’orientation agricole en discussion au Parlement pourrait changer les choses. Si c’est le cas, l’organisme public pourra préempter, si la profession viticole en fait la demande. C’est-à-dire qu’elle pourra faire jouer un droit prioritaire d’achat. Ensuite, toujours selon ce que désire la profession viticole, le bien est revendu en un ou plusieurs lots.
L’engouement des investisseurs pour la Bourgogne viticole n’est pas nouveau.
En 1991, François Feuillet, patron de Trigano, avait acheté quelques vignes à Nuits-Saint-Georges.En 2003, c’est Maurice Giraud, grand promoteur de résidences de loisirs, qui investit en achetant le château de Pommard, un domaine de 20 hectares d’un seul tenant classé en appellation Pommard. En 2004, Philippe Pascal, président de la branche montres et joaillerie de LVMH, et sa femme Catherine achètent le Clos du Cellier aux Moines, un domaine de 4,5ha en Givry premier cru. Puis en 2006, François Pinault s’offre le domaine René Engel, 6 ha de terres dans quelques unes des plus prestigieuses appellations de la côte de Nuits. Le montant de la transaction (on parle de 13 millions d’euros) défraie la chronique viticole. En 2012, le chef d’entreprise s’offre un morceau d’un autre joyau, une ouvrée de Montrachet pour… 1 million d’euros. En 2012, c’est un Canadien qui acquiert 5ha à Gevrey-Chambertin, le domaine Maume, puis un chinois Louis Ng Chi Sing rachète le château de Gevrey-Chambertin. Là encore les cours flambent. Le château et les 2 ha de vignes sont vendus 8 millions d’euros. Beaucoup trop pour les vignerons du coin qui avaient fait une proposition à 5 millions.