27 Juin

Que s’est-il passé depuis la dernière Conférence Loue et rivières comtoises ?

La Conférence déparementale de la Loue et des rivières comtoises du 5 décembre 2014.

La Conférence départementale de la Loue et des rivières comtoises du 5 décembre 2014.

Il a juste fallu être patient. Ce mardi 28 juin à Besançon va se tenir la 4 eme Conférence départementale « Loue et rivières comtoises ». Soyons honnête, je n’avais plus en tête la date de la 3 eme édition de ce rendez-vous phare pour les défenseurs des rivières tellement l’eau a coulé sous les ponts de la Loue. Alors j’ai cherché dans mes archives et j’ai finalement trouvé utile de faire un petit retour en arrière.

Sous leur apparence de « grand messe », ces réunions sont utiles, c’est l’occasion de faire le point sur les actions entreprises et celles qui tardent à émerger et de constater si les engagements pris sont tenus. Associations, services de l’Etat et du département, élus, les participants à ces conférences sont à chaque fois nombreux.

Elles ont « pour rôle essentiel de constituer un lieu d’échange d’information, d’assurer un suivi global  à la fois du déroulement des actions de terrain et des résultats obtenus et d’être force de propositions »

précise l’arrêté préfectoral qui fixe son fonctionnement.

Elles ont été lancées par le conseil général et la préfecture du Doubs qui voulaient prouver leur volonté d’agir alors que les défenseurs des rivières dénonçaient l’inaction des services au lendemain des mortalités dans la Loue. La première Conférence a eu lieu en juillet 2013. C’était un des engagements de l’Etat et du conseil général du Doubs pris lors des Assises de la Loue en octobre 2012. Voici le reportage tourné avec Laurent Brocard à Ornans :


Les Assises de la Loue à Ornans, 11 octobre 2012 par F3FrancheComte

Et la Préfecture du Doubs a créé une page sur son site internet qui regroupe les synthèses des différentes conférences.

En remontant les pages du blog de la Loue et des rivières comtoises, j’ai donc retrouvé la date de la dernière Conférence « Loue et rivières comtoises ». Elle a eu lieu à Besançon en décembre 2014 soit il y a un an et demi ! Un délai trop important selon les défenseurs des rivières qui souhaiteraient que cette conférence se déroule au moins une fois par an comme le prévoit l’arrêté préfectoral. Circonstances atténuantes selon les organisateurs, il y a eu les élections départementales puis régionales. Selon l’exécutif départemental, ce retard dans le calendrier s’explique et ne doit pas laisser penser que les nouveaux dirigeants de ces instances soient moins impliqués que leur prédécesseurs. C’est ce qu’a affirmé Christine Bouquin, la nouvelle présidente du conseil départemental, lors de la session de mars dernier au moment du vote du budget 2016 :

« Soyez assurés que les uns et les autres nous ferons une politique digne de ce département. Je n’ai pas envie de transmettre un département qui serait sinistré dans les années à venir par rapport à ce que nous aurions pu faire »

Avec le changement de majorité, on pouvait légitimement se poser la question du maintien de l’engagement pour les rivières comtoises. La nouvelle présidente avait justement voulu ce jour-là mettre les points sur les i. Magali Duvernois, nouvelle élue départementale d’opposition, venait d’exprimer sa déception à propos de la place de l’environnement dans le budget 2016. L’élue, par ailleurs attachée parlementaire du sénateur Martial Bourquin, faisait remarquer dans l’affaire de la pollution de Vaufrey que

« le fait de ne pas demander de dommages et intérêts  quand il y a une pollution cela peut mettre un fort doute au niveau des associations. Cela met un fort doute sur l’impartialité du département ».

Le mieux est donc de tenter de remonter le temps pour voir les actions entreprises depuis la dernière Conférence départementale.

 

AVRIL 2015 : Colloque scientifique « Quel état et quel avenir pour les rivières comtoises ? », organisé par le Conseil Général du Doubs et la Préfecture du Doubs dans les locaux du laboratoire Chrono-environnement de l’université de Franche-Comté. Deux jours intenses pour un partage de connaissances utile.

Soit on se contente d’optimiser des pratiques soit on change de système.Mais avant de choisir, mieux vaut comprendre ce qui est entrain de changer. Plusieurs intervenants de ce colloque ont livré leur éclairage sur cette évolution de notre monde. A ce titre, la vallée de la Loue est universelle.

Ces deux journées du colloque scientifique consacrées à l’état et à l’avenir des rivières comtoises ont poussé à la réflexion : pourquoi « penser le changement » plutôt que de « changer le pansement » ? Raisonner dans le temps et l’espace peuvent nous aider à avancer.

Ouverture du colloque scientifique sur l'état des rivières comtoises

Ouverture du colloque scientifique sur l’état des rivières comtoises

 

SEPTEMBRE 2015 : Installation des sondes flux de la Loue. C’était un engagement et il est tenu. Lors de la conférence départementale de la Loue de décembre 2014, l’Etat et le conseil départemental de l’époque avaient décidé de suivre les recommandations du Groupe scientifique. Des spécialistes de métrologie ( sciences des mesures) ont donc travaillé pour mettre au point un protocole encore inédit sur la Loue. Une série de capteurs est entrain d’être installée par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) pour mieux connaître l’impact des activités humaines sur la rivière. Cette étude sera menée pendant au moins trois ans et elle devrait permettre aux élus d’agir en conséquence.Les premiers résultats doivent être présentés ce 28 juin. 

OCTOBRE 2015 : Le laboratoire Chrono-Environnement remet 400 pages d’études sur la Loue à ses financeurs (les collectivités, l’Etat et l’Agence de l’eau). Les Scientifiques insistent sur l’intérêt de leur méthode de recherches. Ils analysent des prélèvements effectués dans les sédiments et les matières en suspension des eaux de la Loue. L’écotoxicologue Pierre-Marie Badot est formel : Outre les résideux médicamenteux, de nombreux insecticides sont détectés ( traitement du bois, produits ménagers…) Les seuils de toxicité sont dépassés à certains moments en particulier pour d’autres substances comme les HAP.

En 2012, lors des Assises de la Loue, l’Etat et le conseil général leur avait commandé une série d’études pour mieux comprendre l’origine des pollutions dont est victime la Loue.

DECEMBRE 2015 : Publication du rapport provisoire d’Eric Vindimian : « Avis sur le diagnostic des causes des perturbations de la Loue et des rivières comtoises ».
Une étape importante. Éric Vindimian est un des experts du ministère de l’environnement et du développement durable et il a été chargé d’une mission d’appui auprès du préfet du Doubs. Dans un premier temps, il a publié un rapport intermédiaire en demandant aux protagonistes de ce dossier de réagir à ces écrits. C’est ce qu’a fait le collectif Loue et rivières comtoises. De la seconde version de ce rapport émerge une idée forte : la création d’un territoire d’excellence écologique. Les dernières évolutions de ce rapport seront discutés le 28 juin.

DECEMBRE 2015 : Remise de la pétition de SOS Loue et rivières comtoises au sénateur-maire d’Audincourt Martial Bourquin. collectif demande au ministre de l’environnement Ségolène Royale d’adapter les normes à la fragilité spécifique des rivières karstiques. Plus de 70 000 personnes l’ont signée. 

Lors de cette 4 eme Conférence Loue et rivières comtoises, on fera aussi le point sur projet d’observatoire des rivières karstiques, le pôle « karst ».

MARS 2016 : Réunion des groupes de travail « agricole » et « assainissement ». Des comptes-rendus doivent être présentés le 28 juin. Lors de la conférence de décembre 2014, 12 mesures avaient été envisagées par le groupe « agricole » pour améliorer les pratiques de la profession. Il va être intéressant de vérifier si certaines d’entre elles ont pu s’appliquer concrètement.

AVRIL 2016 : Signature du contrat Limitox. Un pas vers une implication du monde industriel pour une amélioration de la qualité des rivières Doubs et Dessoubre. L’action collective de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Doubs a été lancée pour « recenser les sources potentielles de pollutions toxiques des rivières et ainsi sensibiliser le milieu industriel à la nécessité de protection des écosystèmes aquatiques ». Une action rendue nécessaire à la suite de constats préoccupants. En toute discrétion… Impossible, pour l’instant, pour France 3 Franche-Comté de tourner un reportage sur le terrain.

 

Voilà pour les grandes lignes des projets menés depuis la dernière Conférence. Pour le collectif SOS Loue et rivières comtoises,

« il y a maintenant une réelle prise de conscience du monde agricole. Que se soit pour l’agriculture ou l’assainissement, le discours a nettement changé mais il n’y a toujours pas d’actions concrètes ».

Voilà de quoi alimenter le débat de cette 4 éme Conférence Loue et rivières comtoises. Sans doute la dernière sous ce nom. Lors de la présentation du budget 2016 du département du Doubs, la majorité a annoncé son souhait de « faire évoluer » cette instance vers un comité départemental de l’eau. « Une opportunité pour une meilleure gestion du cycle de l’eau ».

Isabelle Brunnarius
isabelle.brunnarius(a)francetv.fr