Salmonidé mort dans la Loue à Ornans. 2021. Photo de SOS Loue et rivières comtoises
Après les mortalités de truites constatées en début d’année, c’est au tour des ombres de subir la mauvaise qualité des eaux de la Loue alors qu’ils sortent de leur période de reproduction Tristesse, abattement, colère… Le moral des amis des rivières franc-comtoises est au plus bas.
Des actions sont entreprises pour sauver les rivières mais elles sont encore insuffisantes pour avoir un réel impact. Le risque est d’avoir investi beaucoup d’énergie et d’argent et qu’il soit finalement trop tard alors que la situation semble encore réversible.
Etude Nutri-Karst en 2020 sur le bassin versant du Verneau
Des scientifiques du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) et l’agronome de la chambre d’agriculture 25-90 font des études pendant trois ans pour préciser l’impact des activités humaines sur les cours d’eau en milieu karstique, c’est-à-dire calcaire.
L’Apron du Rhône est encore méconnu pour la plupart d’entre nous alors qu’il a tout d’une grande espèce. Menacé de disparition, sa présence dans les cours d’eau du bassin du Rhône permet de faciliter la remise en état de ces milieux naturels souvent malmenés. Sauver l’Apron, c’est aussi sauver les rivières !
Depuis 1998, deux programmes européens puis un plan national ont été mis en place pour le sauver d’une extinction totale. En 2019, l’Apron est passé du statut d’espèce ayant un risque d’extinction « extrêmement élevé » à « très élevé ». Ces premiers résultats sont encourageants d’où le lancement d’un second plan national pour les dix années à venir. Si certains reprochent de dépenser beaucoup d’argent pour le sauver, d’autres le considère comme une aubaine pour les rivières.
Avec Marianne Georget Animatrice du plan national d’actions Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes Mickaël Béjean, Responsable de l’aquarium Muséum d’Histoire Naturelle de Besançon Christophe Lime ,Vice-président de Grand Besançon Metropole en charge de l’Eau et de l’assainissement, Cyril Thevenet Directeur Epage Haut-Doubs Haute-Loue. Extrait documentaire CEN Rhône Alpes de S.Garassus etJ.Y.Collet « Apron, l’incroyable aventure d’un poisson sentinelle »
Reportage I.Brunnarius, D.Colle, JL Saintain, P.Gomez Continuer la lecture →
Dix ans déjà ! Le 19 juin 2010, un drôle de cercueil était porté au son d’une macabre trompette dans les rues d’Ornans. C’était la Loue qu’on enterrait. Quelques mois plus tôt, des cadavres de truites endeuillaient la rivière. Ravagés par la Saprolegnia, les poissons flottaient ventre à l’air sur fond de rivières encrassés. Pourquoi mourraient-ils en si grande quantité alors que, paradoxalement, les services de l’Etat certifiaient que l’eau de la Loue était de « bonne qualité » ?
Cette pollution a enclenché une controverse environnementale. Défenseurs de l’environnement et des rivières pointent du doigt différentes activités économiques dont l’agriculture et le traitement des eaux usées. Les institutions tentent d’apaiser ce conflit larvé en organisant des réunions et en lançant des études. « Les experts mandatés par les représentants des pouvoirs publics concluent au caractère multifactoriel du phénomène et conduisent à une dilution des responsabilités » résume le sociologue Simon Calla dans sa thèse « Des poissons, des hommes et des rivières : sociologie d’un problème de pollution en Franche-Comté » soutenue à l’Université de Franche-Comté en décembre 2019.
Aux printemps 2009 et 2010, la forte mortalité des truites et des ombres de la Loue éveilla les consciences des collectivités, des pouvoirs publics et d’une partie des habitants de la vallée de la Loue. Alors que les défenseurs de l’environnement tiraient la sonnette d’alarme depuis plusieurs décennies, la lente détérioration de la qualité des eaux de la Loue était cette fois-ci bien visible. Dix ans après, les mesures prises pour tenter de sauver cette rivière mythique ont-elles été efficaces ? Que reste-t-il à faire ?
Action de ANV COP 21 et Alternatiba pour la Loue. Image : H.Perret
La Loue, le pont et le camping de Port-Lesney. La trilogie est parfaite pour mettre en action leurs convictions. Pendant quatre jours, des hommes et des femmes, persuadés de l’urgence à bouleverser nos comportements face au changement climatique, se sont formés à la « stratégie de lutte non-violente pour la justice climatique et sociale ».
Pêche électrique sur la Loue à Cléron le 23 juillet 2020.
C’est l’une des plus grandes pêches électriques de France. La Fédération de pêche du Doubs avec le soutien de l’Agence de l’eau RMC, de l’Office français de la Biodiversité et du conseil départemental du Doubs organise depuis 2014 ce comptage de poissons tous les ans à la mi-juillet. Cette régularité doit permettre d’évaluer l’efficacité (ou non) des actions mises en place depuis les fortes mortalités de truites et d’ombres en 2009 et 2010.
Saint Hippolyte 29/04/2017 Manifestation de SOS Loue et Rivières Comtoises Sam COULON- MaxPPP
Dix ans après les mortalités de poissons dans les rivières comtoises, les scientifiques du laboratoire Chrono-environnement de l’université de Franche-Comté publient les résultats de leurs recherches.
Cette recherche universitaire menée depuis juillet 2012 met en évidence le rôle des activités humaines et en particulier celles liées à l’agriculture dans la pollution des rivières karstiques de Franche-Comté.
Le bilan de cette recherche a été établi en février 2020 à partir de données collectées de juillet 2012 à décembre 2018 et il n’a pas été encore présenté officiellement. Le collectif Loue et Rivières comtoises vient de le mettre en ligne sur son site. A la suite de cette publication, le collectif a publié une lettre ouverte aux affineurs de la zone AOP Comté, principale activité agricole sur les bassins versants des rivières karstiques du massif jurassien. La filière rétorque que le futur cahier des charges du comté prend en compte la préservation de l’environnement. Une évolution du cahier des charges qui ne va pas assez loin pour le collectif SOS Loue et pour la Confédération Paysanne.
Pollution de la Mée, affluent de la Loue à la suite de problème de rejets de la fromagerie Perrin à Cléron.Photo : Fédération de pêche du Doubs.
« Un cloaque immonde ! » Alexandre Cheval, le chargé de développement de la Fédération départementale de la pêche du Doubs, ne mâche pas ses mots. Le choc des photos ne le contredira pas. L’affaire de cette pollution de la Mée, un affluent de la Loue, remonte avant la fameuse date du 17 mars mais elle a été instruite par les services de l’Etat pendant le confinement. Depuis, la fromagerie Jean Perrin dont les rejets des eaux usées sont à l’origine de cette pollution dans le secteur de Cléron, a pris des mesures pour réparer son installation. Une enquête judiciaire est en cours.
Les pêcheurs à la mouche membres du très chic « International Fario Club » ont le sens de la reconnaissance. Chaque année, ils décernent un prix à une association qui agit pour la protection des rivières. Le prix 2015 a été décerné au collectif SOS Loue et rivières comtoises, créé en 2010, à la suite des fortes mortalités de poissons dans la Loue. Le jury du Prix Charles C. Ritz a décerné ce prix de 3000 euros au collectif franc-comtois car ils ont été impressionnés par le travail fourni par ses bénévoles et leur « détermination sans faille d’entreprendre de nombreux projets en vue de rattraper les offenses infligées depuis des années sur les rivières karstiques du massif jurassien, notamment sur la rivière Loue ». Pour cette édition 2015, le jury avait reçu une dizaine de candidatures.
Et c’est en 2020, que vous pouvez découvrir l’importance de ce prix grâce au film de Laurent Sainsot et Philippe Laforge. Dans cette version courte intitulée « Des Sentinelles au chevet des rivières », diffusée à l’occasion du célèbre Rise Festival France, vous pourrez découvrir les actions des lauréats des autres années. Lors du tournage de ce film, j’avais rencontré Philippe Laforge qui m’avait demandé de livrer mon « regard extérieur » sur l’action de SOS Loue et rivières comtoises; Continuer la lecture →
Le Dessoubre pres de Plaimbois du Miroir (25). Photo Thomas Poulleau, fédération de pêche du Doubs.
La sécheresse de ce printemps fragilise les rivières de Franche-Comté. Le faible niveau d’eau engendre la concentration de nitrates ou de phospates dans les cours d’eau ce qui provoque un développe d’algues néfaste pour les truites et les ombres de ces rivières de première catégorie. Le champignon Sapronelia peut plus facilement toucher des poissons fragilisés par un milieu aquatique dégradé. Des mortalités d’ombres ont été constatées dans le Dessoubre. Un phénomène qui survient à l’issue de la période de reproduction des ombres mais qui reste anormal. Les associations de défense de l’environnement ne baissent pas les bras et elles préparent un plan d’actions pour dénoncer la « mort silencieuse des rivières ».