Dimanche 27 septembre 2015, pour la première fois, les rues de Paris n’appartiendront pas aux voitures, le temps d’une journée ! Voilà pour le discours officiel. Car dans les faits, les dérogations sont tellement nombreuses et le périmètre tellement restreint qu\’on se demande bien quel est le sens de cette « journée sans voiture ».
- Un périmètre peau de chagrin
Paris sans voiture… mon oeil ! Grosso modo, seul l’hyper centre ville est véritablement concerné (cf carte ci-contre, secteur en vert foncé). Prenez les quatre arrondissements autour du Marais (Ier, IIe, IIIe, IVe), ajoutez-y les bois de Vincennes et de Boulogne, et deux trois secteurs touristiques (Champs-Élysées, Tour Eiffel, Champs de Mars, Montmartre par exemple)… et vous obtenez un Paris rabougri. - Le jour du Seigneur
Organiser une journée sans voiture un dimanche, pourquoi pas, mais ce n’est pas ce jour là que les Parisiens ou banlieusards vont apprendre à penser autrement leur trajet domicile/travail. La « journée sans voiture » ressemble dès lors plus à un happening pour touristes qu’à un véritable moment pédagogique à destination des accrocs de l’auto. - Des dérogations à gogo
Attention, « Journée sans voiture » ne veut pas dire « Paris sans voiture », y compris dans les secteurs fermés à la circulation. Hormis deux axes bien précis, les Quais (rive droite), et le bas des Champs Elysées, il y aura potentiellement des voitures en circulation partout. Ainsi, si vous habitez dans l’un des quatre arrondissements du centre, théoriquement « sans voiture », vous aurez le droit de prendre votre véhicule comme bon vous semble. Les taxis, véhicules d’urgence, de livraison, camions de déménagement ou encore les bus de la RATP (ce qui est, là, logique) pourront, eux aussi, circuler librement. - Une journée riquiqui
11h-18h, soit 7 heures sans voiture, c’est ce qui s’appelle réduire une journée à sa portion congrue ! - Des victimes collatérales
Paris sans voiture le dimanche, ça existe déjà, et toute l’année, dans certains quartiers bien délimités : l’opération est bien connue des Parisiens, elle se nomme « Paris respire ». Eh bien accrochez vous, ces axes habituellement fermés aux voitures seront… ouverts aux véhicules durant la journée sans voiture ! « Paris respire » est en effet exceptionnellement suspendue le dimanche 27. Plusieurs quartiers situés hors du tracé « Paris sans voiture », verront donc, pour la 1ere fois depuis 15 ans, des voitures circuler un dimanche. Ubuesque !
Alors à qui la faute ? Pourquoi un tel manque d\’ambition ? Selon Anne Hidalgo, c\’est l’Etat qui a été trop timide dans cette affaire. La Maire de Paris déclarait ainsi dans le Parisien, le 4 septembre dernier, « Je regrette d’avoir été autorisée par l’Etat à mettre cette interdiction uniquement sur un périmètre restreint se limitant au centre de la capitale. J’aurais naturellement préféré un événement plus ambitieux, afin de respecter la volonté démocratique des Parisiens d’aller plus vite et plus loin dans la lutte contre la pollution (…) Avec le nouveau préfet de police, Michel Cadot, nous travaillons déjà à l’édition 2016 qui, je l’espère, sera plus ambitieuse. »
Bertrand Lambert