06 Déc

« Marsiho » : quand Philippe Caubère retrouve Marseille et l’occitan.

C’est un chapaire de mots à l’interprétation toujours parfaite. Un conteur, auteur, acteur, comédien, un grand « Monsieur » qui se produit ce soir vendredi 6 décembre à la Comédie de Toulouse. Il faut en profiter.

Philippe Caubère est un habitué du one-man-show, du òme sol sus l’empont. C’est le cas avec Marsiho, une pièce de 1929 qui parle de Marseille. Mais vue de Marseille –et non de Paris- et par un Marseillais : André Suarès. Un texte très évocateur plein de rage et de fureurs, qui flirte avec Pagnol.

« C’est une peinture extraordinaire, incroyablement moderne, du Marseille des années trente. Il donne de la ville une image très différente de celles qui courent ordinairement, et surtout actuellement ». C’est bien ce qui a touché Philippe Caubère. Cette ville où il est né, d’où il s’est fait jeter quand il a commencé à faire du théâtre. Il en parle dans une interview à Mediapart accordé en 2013. « Ce qui m’a touché immédiatement chez cet auteur, c’est qu’il me parle de moi, de ma famille, de mon arrière grand-père, Antonin Madelon, qui était un petit trader, pour employer un mot moderne, à la Bourse de Marseille. C’était un grouillot, un de ces goujons qu’on appelle « jarretons » à Marseille, des petits mecs qui courent partout et qui lancent des paris ». Le comédien a la nostalgie de cette époque et d’une certaine identité marseillaise et occitane : « elle m’intéresse car je trouve qu’elle n’existe plus. Comme l’identité occitane. Quand on dit « identité occitane », on pense aux années 70, aux années de militantisme occitan. Or, c’est un thème ancestral l’Occitanie. Depuis les troubadours du Moyen âge, c’est une culture qui a fondé l’Europe. Et on a fini par la réduire à une mode militante, qui a existé certes, mais qu’il faut régénérer, réactiver, revendiquer. La réalité de l’Occitanie existe. »

CaubereBenedetto_4Dans les années 70, le locataire du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine a aussi côtoyé André Benedetto dont il adaptera ses textes avec « Urgent ! Crier » en 2011 et plus récemment « Memento occitan ». Avec ce poème fleuve plein de verve et de lyrisme, Philippe Caubère a ainsi montré son attachement poétique à la langue occitane. « J’ai toujours aimé Pagnol. On aimait Benedetto, la Carriera, etc. Puis en écrivant mes spectacles, j’ai découvert que ce n’était pas seulement de la rigolade et que c’était constitutif de ma personne. Comme Marseille est constitutive de Suarès. Je compare son Marsiho à Fellini Roma, où Fellini parle de lui à travers Rome. »</p#>

Il veut désormais travailler sur Mistral. En attendant, ce soir Philippe Caubère est à Toulouse. Il faut aller voir ce comédien prodigieux, militant, intelligent et inclassable. Il jouera Marsiho et Memento occitan du 20 au 23 mars au Théâtre du Pont Tournant de Bordeaux.</p#>

Benoît Roux

« La comédie de Toulouse » est située au 16 Rue Saint Germier à Toulouse
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