On choisissant de donner carte blanche à l’accordéoniste aveyronnais Lionel Suarez, la mairie de Rodez a réalisé un joli coup. Cet accordéoniste hors pair a accompagné les plus grands de Nougaro à Lavilliers en passant par des plus jazzeux comme Lockwood et Minvielle, sans oublier le ténor Roberto Alagna. Dans sa musette, une carrière de 30 ans et une belle création qu’il fera ce soir avec une pléthore d’artistes.
« Je crois que ma première scène, c’était ici, dans l’ancienne salle des fêtes remplacée aujourd’hui par le musée Soulages »
Un artiste éclectique
Lionel Suarez a commencé l’accordéon avec François Aceti à l’âge de 8 ans. Une affaire de famille étant donné que son père est accordéoniste et son grand-père batteur, le tout dans un orchestre familial. Lui aussi est multi-instrumentiste, boulimique de musiques et de découvertes. Il flirte avec le jazz, le classique, la poésie, le théâtre avec Jean Rochefort… On l’entend sur plus de 80 albums, l’éclectisme en bandoulière, les préjugés sur l’instrument aux oubliettes. Et toujours avec le swing de l’accordéon.
Pour cette création, il a choisi les morceaux, les artistes, signé les arrangements et travaillé énormément encore hier soir dans les locaux de l’école nationale de musique.
Ce soir pléthore d’artistes et des surprises
Il y a ceux avec lesquels il a travaillé : Art Mengo, Claude Marti, JeHaN, Mouss et Hakim de Zebda, Bernard Cauhapé… Et puis des artistes qu’il a découvert ou choisis comme La Mal Coiffée, Gari Grèu de Massilia ou encore le bluesman du Limousin Bernard Combi. Ils seront accompagnés par les musiciens très étoffés de Lionel Suarez : le batteur Pierre-François Dufour, les claviers et piano Xavier Tribolet et Christophe Cravero, le bassiste Akim Bournane. Tous multi-instrumentistes et qui alterneront toute la soirée. Un plateau avec 5 musiciens et des artistes qui gravitent autour.
Pour ouvrir le feu, La Mal Coiffée avec des reprises arrangées du dernier album (L’Embelinaire), mais aussi un hommage à Claude Marti avec « Cridarai ». Viendra ensuite le complice fidèle, JeHaN pour une reprise d’Allain Leprest : « C’est peut-être » en occitan sioplèt. Des chansons en français, en occitan aussi avec des traductions très poétique d’Anne Castan (la fille du grand écrivain occitan) et le travail de La Mal Coiffée.
Bernard Combi quant à lui revisitera avec force et conviction « Sèm montanhòls » en duo avec Lionel Suarez. L’occasion aussi de découvrir sur un morceau un très très grand danseur auvergnat : Christian Frappa. L’accordéoniste de Bertholène a également tenu à inviter Claude Marti. « Je suis très content qu’il soit là, et tous les musiciens m’ont dit la même chose. » Il est vrai que Lionel Suarez a joué sur plusieurs albums de Marti et que le plaisir se voit sur scène, sur fond d’émotion et de puissance. Je pourrais parler aussi des frères Amokrane pour les tubes de Zebda (Motivés, « Y’a pas d’arrangement »), ou encore « L’Estaca » de Lluis Llach repris en oc. On y trouvera des clins d’œils à Massilia avec Gari Grèu, ou le Toulousain Art Mengo sur les traces d’Audiberti et Nougaro. Bref, du beau linge comme on dit. J’ai eu la chance d’assister hier soir à l’ultime répétition. Cette création a de l’étoffe, ça joue, ça surprend, interpelle. « L’occitan c’est un peu ma madeleine. La langue c’est pour moi un parcours, c’est du rythme. Même si je n’ai pas eu la chance de l’apprendre ».
Avec Lionel Suarez, l’Estivada a frappé à la bonne porte et jouera ce soir sur du velours.
Lo Benaset