Crise oblige, le crowdfunding (financement participatif par la foule) est tendance. Et vue les coupes sombres en matière de culture, il devient plus que nécessaire. Ne serait-ce que pour éviter aussi l’uniformité. L’occitan essaie donc d’y trouver quelques subsides. Il s’agit de rechercher des fonds via des plateformes internet pour réaliser son projet.
Le principe
Le porteur présente son projet, en essayant de le rendre attrayant. Il demande un niveau de financement. S’il est atteint ou dépassé il reçoit la somme. Dans le cas contraire il ne perçoit rien. « Ce n’est pas simple de trouver de l’argent. Il faut présenter le projet, donner des explications, des visuels pour que les gens aient envie d’en savoir plus. ». La chanteuse Liza vient justement de financer en partie son nouvel album « L » avec le site Ulule. « Après, les gens nous aident en donnant 5-10-15 euros ou plus. En contrepartie ils reçoivent un sourire, un bisou, des MP3 ou l’album complet ». Au-delà du financement, c’est souvent une histoire qui s’écrit, des conseils, une amitié…auprès des « early birds », ce public potentiel.
Les sites participatifs
Le principe n’est pas nouveau. Les organismes humanitaires l’utilisent depuis plusieurs décennies. En matière musicale, il y a d’abord eu My Major Company en 2007, Touscoprod pour le cinéma, la vidéo, qui vient de fêter ses 5 ans. Et plus récemment Ulule, plateforme mondiale, leader en Europe avec une dizaine de personnes qui travaillent sur Paris et un salarié en Espagne pour faire émerger de nouveaux projets. Idem pour KissKissBankBank ou HelloMerci qui se veut plateforme solidaire en fonction des territoires. Il y a bien eu quelques tentatives à l’identité régionale plus forte comme la société bretonne Octopousse. Mais elle vient d’être rachetée par Ulule.
Les projets occitans
La grosse artillerie musicale en matière de financement participatif, c’est My Major Company. Autant dire que les projets liés à l’occitan y sont rares, inexistants en ce moment. La plateforme Ulule qui finance pour moitié des projets culturels est beaucoup plus prisée par les artistes occitans. Et les projets artistiques sont très variés. Très affûtés sur la rime Les Doctors de Trobar demandaient 1500 euros pour financer leur premier vinyle de hip-hop. Le projet était bon, original et bien monté. Ils ont obtenu 2075 euros.
Une somme légèrement inférieure à celle reçue par Liza pour son nouvel album « L ». Ce qui lui a permis de soigner son enregistrement, travailler des photos, relooker son site internet… « C’est intéressant de montrer que c’est une façon de sortir du cercle vicieux : si t’as pas d’album tu ne peux pas être programmée en concert, tu ne peux pas te faire connaître…» Florant Mercadier a aussi confié à Ulule ses « contes du placard ». Lo pas de l’ase a vu le jour aussi dans les Cévennes gardoises pour un projet écologique de traction animale. « Le vampire et le moustique » Livre- Disque, conte philosophique et musical a eu sa version occitane…Toujours sur Ulule, « La chute des Anges » un film d’Olivier Jolibert qui se passe en Occitanie au 13ème siècle… Par contre, « La retornada » projet de festival occitan en Haute Loire a bien du mal à trouver ses « Ululers » et son financement.
KissKissBank Bank qu’es aquò ?
Cette nouvelle plateforme initiée en 2010 avait pour vocation de financer des projets musicaux. Ses fondateurs ont travaillé dans l’industrie musicale. Ils ont aussi fondé Hello Merci qui fonctionne sur le principe du prêt alors que KissKissBankBank fonctionne avec sur du don avec contrepartie. Mais comme pour les autres plateformes, les demandes sont pluridisciplinaires. Tout récemment, Aurélien Chayre a pu partir au Sénégal pour travailler avec les paysans de Casamance.
Le projet est encore en cours et Aurélien recherche toujours des dons suite à une défection. Là-bas il s’occupe de maraîchage et d’élevage de poules. La poule (pondeuse cette fois!), c’est aussi le projet Fai Poleta pour installer un élevage dans le Tarn via le site Ulule. On trouve aussi de la musique sur KissKissBankBank : « Palhassina universala » le deuxième album der Zine en référence au poète nissard Jean-Luc Sauvaigo. Mais elle n’a eu que 14 « Kissbankers », projèct acabat.
Car il en va du crowdfunding comme du reste : internet ou pas, tout le monde ne trouve pas son public. Et pour l’occitan, il n’y a pas toujours foule.
Benoît Roux