Premier jour de déconfinement, pas spécialement sous le beau temps. La musique classique est réputée un peu froide, parfois inaccessible. Voici quelques initiatives qui ont permis de la réchauffer singulièrement. Comme la Vème Symphonie de Beethoven dite « tragique » version salsa, Bach qui fait un voyage en Afrique, le Beau Danube Bleu en crue avec un orchestre turc. La musique classique comme vous ne l’avez jamais entendu, déconfinée sur des territoires plus chauds.
Des orchestres et des arrangeurs spécialisés pour faire monter la salsa
Des congas, maracas, parfois une batterie, perdus au milieu des violons, contrebasses et violoncelles… Une forêt de cuivres qui brillent, vent debout face aux autres instruments… un pianiste déchaîné prêt à se lever, c’est le spectacle un tantinet inhabituel auquel nous pouvons parfois assister. De quoi dérider les partitions classiques les plus austères. De quoi réchauffer et donner de la légèreté par exemple à la très froide et lourde 5ème Symphonie de Beethoven. Et même si c’est un orchestre d’un pays froid, ça le fait grave.
Orchestre de la Radio Norvégienne & le Hovedøen Social Club : 5ème de Beethoven
Cet orchestre de la radio Norvégienne et cette formation cubaine se sont faits une spécialité des détournements de classiques. Ils ont sortis plusieurs disques et se sont attaqués à La Petite Musique de Nuit de Mozart, ou encore Carmen de Bizet qui commence comme du James Bond.
Carmen de Bizet
Le pianiste Sverre Indris Joner signe tous les arrangements. Sur la 5ème de Beethoven, pas franchement prédestinée à la salsa, il réussit à préserver l’original tout en l’amenant sur des contrées très surprenantes.
Chez les Klazz Brothers, c’est avant tout une affaire de famille. Ces 2 frères musiciens allemands sont tombés amoureux de la musique cubaine. Ils ont rencontré les musiciens de Compay Segundo et reçu de nombreuses récompenses (dont un Grammy Award) pour leurs alliances classico-cubaines. Le Beau Danube Bleu valse avec le cha cha cha, au piano Tobias Forster, à la contrebasse son frère Kilian, avec des percussions cubaines. L’orchestre Symphonique Présidentiel d’Ankara (oui, oui, un orchestre turc !) est dirigé par Erol Erdinc. L’enregistrement date de 2013, le morceau est très réussi et la vidéo très étonnante. L’orchestre se prête au jeu et prend du plaisir, notamment lorsqu’une petite fille se met à danser d’abord dans la salle puis sur scène!
Klazz Brothers & l’Orchestre Symphonique présidentiel d’Ankara : Le Beau Danube Bleu
Bach to Africa
Et il n’y a pas que la salsa. En 1995, le musicien français Hugues de Courson sort une petite bombe musicale : Lambarena. Avec cette idée : marier la musique traditionnelle du Gabon avec Jean-Sébastien Bach! Inattendu et gros succès discographique pour ce type de production à la marge. Il faut dire que ça fonctionne parfaitement car les arrangements de Hughes de Courson et Pierre Akendengue sont très soignés. Pour la petite histoire, le disque s’appelle ainsi car Lambaréné est une ville du Gabon où le célèbre Dr Schweitzer avait fondé une léproserie. Ce brave Albert était lui même organiste et l’orgue, l’instrument de prédilection de Bach.
Lambarena : Sankanda + Lasset uns den nicht zerteilen
Hugues de Courson a récidivé avec 2 autres disques un peu moins réussis : O’Stravaganza , Vivaldi marié avec l’Irlande et Mozart qu’il envoie en Egypte.
Pour en revenir à Jean-Sébastien Bach, 2 années après Lambarena, le groupe Sweetbox sample le célèbre Aria de Bach (Suite pour orchestre N°3) et mélange musique baroque et rap. Un morceau hip-hop très inventif au tempo ralenti.
Sweetbox : « Everything’s gonna be alright »
Une bonne manière de faire entendre différemment la musique dite classique. Et autant il y a des incertitudes sur le déconfinement que nous allons vivre, autant pour celui de la musique classique… everything’s gonna be alright.
Benoît Roux