03 Juil

Tristan, un magicien des sons révélé sous le nom d’OZ

Il serait facile de qualifier OZ de magicien. Mais c’est pourtant bien vrai. Ce jeune toulousain a abandonné les starts-up et l’ingénierie pour vivre de sa passion. Premier miracle. S’il a bien appris le piano, il n’a pas spécialement les moyens d’en avoir un pour enregistrer ses productions. Et comme il est informaticien, il recréé des sons d’instruments auxquels il ajoute des samples. Aussi vrai que nature : deuxième miracle. Il n’est pas dans certains stéréotypes du rap mais au contraire dans la singularité. Il sort ce vendredi son tout nouveau clip « J’sais pas ». OZ se livre avec honnêteté et franchise.

OZ en concert © Rémy Sirieix

J’suis perdu, j’sais pas quoi faire
J’suis perdu, j’ai besoin d’air
J’suis perdu j’sais pas quoi faire
Et si j’décidais simplement d’être moi qu’est ce que ça peut faire ?

C’est le refrain du tout nouveau clip d’OZ sorti ce vendredi 3 juillet. Nouveau single sensible et sincère. Une déambulation éthologique dans les rues de Toulouse d’un artiste en devenir.

NOUVEAU CLIP OZ – J’sais pas

Oz ose vivre sa passion

Tristan, alias OZ est issu d’une famille modeste où il fallait se partager le piano entre les 4 enfants. Lui, il aurait préféré le sax. Il prend quand même des cours pendant une quinzaine d’années. Registre classique puis impro jazz. « J’ai gardé tout cet apprentissage ».

Ingénieur en informatique, le destin semble lui sourire. Il travaille pour des grosses et petites starts-up. Mais voilà. A 26 ans il en a assez. Il claque tout, lassé et fatigué de cette vie faussement intense et clairement artificielle. Il a toujours aimé écrire mais c’était jusque-là pour ses pots de départs. La passion de la musique emporte tout, y compris les doutes et sa timidité. « Dans mon métier, on m’a souvent fait comprendre que j’étais un provincial et qu’il fallait gommer mon accent, que l’on ne pouvait réussir qu’à Paris. Quand j’ai vu que KDD ou Bigflo & Oli pouvaient réussir dans d’autres conditions, ils m’ont donné un idéal. Je me suis dit que nous avions le droit d’y arriver ici. »

OZ en concert © Rémy Sirieix

Le magicien des sons

Dans ses oreilles, il y a un peu de classique (Chopin, Tchaïkovski…), du jazz, du hip-hop, Hocus-Pocus, Ben Mazué, Stromae ou Balkan Beat Box. Un éclectisme, une curiosité due à de nombreuses recherches, à l’affût d’un sample qui pourrait être le détonateur d’une compo. « J’essaie de trouver des influences, la musique orientale par exemple qui me parle beaucoup alors que je ne suis jamais allé là-bas. »

© Inès Amadeï

Et les recherches ne s’arrêtent pas là. Tous les sons que l’on entend sur son EP « Impatient » ont été recréés grâce à des bidouillages informatiques. « J’aimerais faire mes morceaux sur un piano droit. Mais là où j’enregistre, ça fait 3 m2! «  Alors Tristan peaufine le son en perfectionniste qu’il est. Tout y est : le bruit des touches et de la pédale, les résonnances du piano. « Au début mes sons étaient pas tops et on me l’a dit. J’ai travaillé pour corriger tous ça et obtenir le son que je voulais. » Un vrai magicien je vous dis.

Quand on écoute les 5 titres de son dernier EP, on sent de suite un univers personnel, loin des clichés et d’un certain clonage que l’on entend parfois dans le rap. Les morceaux sont enrichis par de faux-vrais instruments (piano, guitare, cuivres, cordes…), tout est bien équilibré avec un travail sur la spatialisation avec une production très soignée.

La sincérité d’un artiste

On a tous un cratère en soi. C’est compliqué à gérer. J’aime bien les morceaux où il y une grande tirade de dénonciation.

Côté texte, c’est la lucidité et la franchise d’un vêcu où le doute laisse peu de place aux certitudes. Le meilleur exemple est sans doute « 9 longs » où l’artiste se dévoile. 9 plans séquences qui se déroulent sous forme de discours (tiens au passage, petit jeu de mots de Tristan : 9 longs, 10 courts !). C’est cash, un peu trash, les errances d’une vie qui reste encore à écrire. « J’avais envie de me lâcher. Ce texte, je l’ai fait pour moi. C’est complètement auto-biographique. Je l’ai enregistré d’une traite. Je l’ai beaucoup écouté, pleuré, réécouté, repleuré. »

OZ – 9 longs

Cet EP « Impatient » est une prose sur le temps. Comme le premier titre « Stress » lors d’un examen scolaire où tout se bouscule et bascule. Un flow incessant de mots sans trop de respirations. On frôle la suffocation. Des tranches de vies jamais impudiques et parfois drôles. Comme « Ethan » qui décrit les dégâts de l’alcoolisme sur un rythme un peu éméché où l’on apprend à la fin que « Ethan » est Mr Hole (Ethanol!). Et puis sur un air de piano un peu retro, mon titre préféré « Demain est hier ».

OZ – Demain est hier

 

Une lucidité qui l’amène à ce nouveau titre qui sort aujourd’hui : « J’sais pas » à la basse bastonante. « C’est parti d’un constat : il me reste pas beaucoup d’indemnités chomage. Que dois-je faire? Persévérer dans ma passion? Passer à autre chose? Je suis bourré de doutes. »

Un deuxième titre est en préparation : « Tu préfères ». « Ce sera plus pop, avec des cuivres à la Manu Chao que j’adore. »

Tristan à des doutes existentiels mais OZ possède des certitudes musicales : Tristan a du talent et ce serait un gâchis qu’il abandonne. Allez, encore un petit miracle Magicien d’Oz !

Benoît Roux

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Découverte musicale : la jeune allemande Sofia Portanet transcende les années 80

Prenez un shaker musical, mettez l’excentricité ravageuse d’une Nina Hagen, les sons travaillés de Kraftwerk, un zeste de rock de Nena et Rita Mitsouko et vous obtenez un cocktail des plus rafraichissant : Sofia Portanet.

Cette jeune artiste Berlinoise qui surfe sur la nouvelle vague allemande sort aujourd’hui son premier album « Freier Geist ». Ca sonne années 80 mais transcendé et revisité. Avec une belle enveloppe musicale un brin extra-terrestre et une maîtrise vocale qui remplit l’espace.

Photo : Facebook Sofia Portanet

Visuellement, il y a un petit côté Kate Bush, mais faussement sage et plus délurée. Musicalement, son premier album est une réminiscence pas du tout nostalgique de ce que la musique a eu de bon -et de moins bon- dans les années 70-80. Au début, on se dit : ouais… Et très rapidement, nous voilà pris en flagrant délit-délire d’écouter l’album en entier.

Sofia Portanet – Das Kind

Il faut dire que les sons sont très intéressants, entre électro, new wave, rock, punk. L’énergie de l’artiste est ravageuse, avec une voix qui se fond parfaitement dans l’univers un peu science-fiction de ses musiques. Sofia Portanet, c’est un peu le côté Blondie « Atomic », les délires vocaux de Catherine Ringer (qu’elle adore), la violence punk mêlée aux sonorités électroniques et industrielles de D.A.F. (Deutsch-Amerikanische Freundschaft).

Photo : Facebook Sofia Portanet

Mais elle ne se contente pas de réciter en bonne élève ces influences seventies-eighties (d’ailleurs elle ne les a pas connues vu qu’elle est née en 1989 ). La jeune artiste les balait très rapidement dans un tourbillon volcanique régénérant. Elle ressuscite et transcende la  » Neue Deutsche Welle » (Nouvelle vague allemande), les années 80 post-punk new wave qui ont bien remué l’Europe musicale.

Sofia Portanet – Planet Mars

Pas de chronique pointue pour cette artiste OVNI. Tentez juste l’expérience de vous laisser aller à cette déferlante parfaitement emballée. Dernier exemple : un espèce de faux cantique très étonnant et plus posé chanté, dans un français impeccable. Une reprise du titre « Racines » de Catherine Ribeiro. Autre voix, autre registre. Surprenant.

Sofia Portanet – Racines

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Benoît Roux

02 Juil

La reprise de l’énorme tube « Baker street » de Gerry Rafferty

Dès les premières notes, on se rappelle tous de « Baker street ». Si si vous savez, l’inoubliable solo de sax qui s’envole? L’auteur de la chanson : l’Ecossais Gerry Rafferty qui aura bien du mal à s’en remettre.

42 ans après ce tube mondial, le trio Neal Morse, Mike Portnoy et Randy George s’en empare. Cette formation spécialisée dans les reprises sortira dans quelques jours son troisième album de covers. Et franchement, ça sonne et ça cogne.

2020 : le trio Morse / Portnoy / George

trio Morse / Portnoy / George

Leur 3ème album de reprise sortira le 24 juillet mais 2 vidéos ont déjà été publiées. Leur version de « Baker street » reste fidèle à l’original, beaucoup de son (sax, guitare, claviers…) sont reproduits. Mystère en revanche sur l’identité du saxophoniste qui reste dans l’ombre sur le clip.

Les 3 musiciens n’en sont pas à leur coup d’essai, ni pour les reprises, ni pour leurs projets personnels.  A la guitare, le Californien Neal Morse déchire; sa voix est aussi très présente. « Pour être honnête, je n’ai jamais été un grand fan de cette chanson. C’est une chanson que Mike voulait vraiment faire, si je me souviens bien. Mais alors que nous nous y plongions et que je commençais à la chanter, je l’ai vraiment ressentie «  confie Neil Morse au magazine Rock Meeting. Le jeu de batterie de Mike Portnoy est bien plus dense et nuancé que l’original. Quand à la basse du relativement peu connu Randy George elle assure grave et amène un vrai plus. 

A la fois fidèle et beaucoup plus riche, c’est assurément l’un des plus belles reprises de ce morceau. Elle est de bonne augure pour l’album qui sortira le 24 juillet si c’est fait dans le même esprit. Parmi les 11 titres,  « No Opportunity Necessary, No Experience Needed » de Yes. Il paraît que Joan Anderson himself chantera sur ce morceau. Raison de plus pour découvrir l’album.

Pochette du 3ème album à paraître le 24 juillet

01. No Opportunity Necessary, No Experience Needed (YES)
02. Hymn 43 (JETHRO TULL)
03. Life On Mars (DAVID BOWIE)
04. Baker Street (GERRY RAFFERTY)
05. It Don’t Come Easy (RINGO STARR)
06. Baby Blue (BADFINGER)
07. One More Red Nightmare (KING CRIMSON)
08. Black Coffee In Bed (SQUEEZE)
09. Tempted (SQUEEZE)
10. Runnin’ Down A Dream (TOM PETTY)
11. Let Love Rule (LENNY KRAVITZ)

 

1978 : « Baker street » l’énorme tube de Gerry Rafferty

En descendant sur Baker Street
Lumière dans votre tête et mort sur vos pieds
Eh bien, une autre journée folle
Vous boirez toute la nuit
Issu d’une famille très noble de mineurs, l’écossais Gerry Rafferty se nourrit de musiques irlandaise et écossaise. En 1972, il connaît un premier succès avec  Stuck in the Middle with You, un morceau rendu célèbre quelques décennies plus tard par Quentin Tarentino dans « Reservoir dogs ». Des problèmes avec sa maison de disques retardent la parution d’un second album solo : celui de « Baker street ». Une rue que connaît bien l’artiste puisqu’il y logeait parfois chez un ami. Le guitariste raconte que l’intro devait être chantée lorsqu’il décoda de la jouer lui même à la guitare électrique.
Mais si le morceau est célèbre, c’est grâce au mémorable chorus de sax. Derrière, se trouve Raphael Ravenscroft. Cette interprétation le rendra célèbre et on le retrouvera plus tard sur l’album des Pink Floyd « The final cut » mais aussi avec Kim Carnes, Bonnie Tyler, Robert Plant ou encore les Daft Punk. C’est donc lui qui poursuit l’intro au sax ténor avant le chant.
Gerry Rafferty -Baker street live 1978

Gerry Rafferty connaîtra d’autres succès jusqu’à la fin des années 80. Mais de nombreux problèmes dont l’alcool le font sombrer peu à peu. Entre dépression et alcoolisme, il s’isole. Il refuse même d’accompagner Eric Clapton en tournée. Il meurt en janvier 2011. En 2014 Raphael Ravenscroft décède lui aussi. Un destin chaotique pour un titre mythique.

Benoît Roux