Lundi 13 octobre, quelques unes parmi 420 bouteilles qui sont parties cet été faire un tour du monde en bateau ont été dégustées. Une opération montée par la Confrérie des Chevaliers du tastevin, l’entreprise Hillebrandt spécialisée dans le transport de bouteilles de vin et CMA-CGM, un armateur. Parmi les dégustateurs, des journalistes et des amateurs de vin. Le but de l’opération était de comparer la qualité de vins ayant voyagé et celles de vins identique restés en cave.
A l’origine de toute l’histoire : une rencontre en mars dernier entre des membres de la Confrérie des Chevaliers du tastevin et ceux d’Hillebrandt, une entreprise spécialisée dans le transport de bouteilles. La Confrérie, c’est une association qui œuvre à la promotion des vins de Bourgogne partout dans le monde. Elle est née en 1934 et cherche une bonne idée pour fêter ses 80 ans.
C’est ainsi que germe le projet de faire voyager des vins, 4 vins (1 blanc, 2 rouges, 1 crémant) pendant 80 jours pour voir comment le transport influe sur la qualité du vin.
L’opération est montée avec l’aide d’un 3ème larron : CMA-CGM, une société française basée à Marseille, n°3 au monde du transport maritime.
Le 7 juin donc, à Vougeot, siège de la Confrérie, 40 caisses sont stockées dans un container climatisé (un reffer qui évite les brusques changements de température). Direction : le Havre, point de départ d’un voyage qui durera 80 jours.
Les bouteilles sont restées dans le bateau qui a accosté à différents ports : New-York, Kingston, la Colombie, Panama, Papeete, Noumea et Sydney où les vins sont arrivés le 23 juillet. 2 jours plus tard, les bouteilles sont de nouveau embarquées et reprennent la route du retour par Singapour, Madras, Cochin, le canal de Suez, Malte, Hambourg et sont arrivées au Havre le 17 septembre.
Après un mois de repos, fin de l’histoire hier avec une dégustation comparée entre les vins voyageurs et les vins qui sont restés en cave. Verdict : les différences entre les vins sont très faibles, seuls les très bons dégustateurs peuvent les sentir.
Il y a d’autres idées aussi farfelues dans le monde du vin ?
Il y a plein d’expériences de ce type, involontaires avec des bouteilles retrouvées enterrées lors d’une guerre ou échouées lors d’un naufrage. Mais il y a aussi des amateurs qui ont le sens de l’expérimentation.
En Bourgogne, la maison Patriarche à Beaune avait ainsi décidé en 1963 d’enfermer dans un caveau 2134 bouteilles du millésime 59, très bon millésime, jusqu’en 2000. On l’avait appelé le caveau de l’an 2000. A l’ouverture certains de ces vins s’étaient révélés, aux dires des dégustateurs, excellents.
A côté, dans le Jura, une expérience est en cours depuis 2008 : 176 bouteilles de vin d’Arbois ont été immergées dans les ruines englouties d’une abbaye au fond du lac artificiel de Vouglans (Jura), pour tester l’évolution du vin conservé sous les eaux. Tous les vingt ans, une caisse de vingt-quatre bouteilles sera remontée à la surface pour tester l’évolution du vin, en parallèle avec les bouteilles naturellement conservées en cave. A suivre donc.
En Bretagne, à l’initiative d’un caviste, chaque année une dégustation est organisée de bouteilles de champagne qui ont été immergées un an dans la mer au large de Saint-Malo. Apparemment avec un résultat très positif. Les vins ont évolué plus vite que dans une cave. Ils auraient profité de la température constante aux alentours de 10° et du mouvement des marées qui berce les bouteilles.
Enfin une dernière expérience, en Savoie. Des vins ont été stockés à 2300m d’altitude et goûtés par comparaison avec des vins restés en cave. Et là, apparemment, la supériorité allait nettement aux vins élevés en altitude. Les rouges ont été jugés plus denses, plus épanouis, le champagne plus fin avec des bulles plus délicates. Là ce serait l’effet de la pression atmosphérique basse qui aurait amené un vieillissement plus lent.