06 Avr

La discrète cagnotte d’IDF Mobilités

On se souvient de la « cagnotte de Bercy » du temps de DSK, et plus récemment des débats parlementaires autour de la « cagnotte fiscale » engrangée par les pouvoirs publics grâce à l’accélération de la croissance. Et voilà que se présente une nouvelle cagnotte, aussi bien dotée que discrète : la cagnotte d’IDF Mobilités.

A la lecture du compte financier 2017, pas encore rendu public mais que je me suis procuré, plusieurs chiffres, plus ou moins habilement dissimulés au milieu des 45 pages du rapport, démontrent la très bonne santé financière de l’ex STIF, alors même que depuis deux ans la Région n’a de cesse de justifier la hausse (+7.5%) du pass navigo par des comptes dangereusement déficitaires.

Soulte miraculeuse

Entre 2016 et 2017, les recettes réelles de fonctionnement ont ainsi bondi de 359 M€, passant de 5,787 Mds€ à 6,137Mds€, ce qui a permis de faire passer le taux d’autofinancement d’IDF Mobilités de 15% à… 53% ! Autrement dit, IDF Mobilités est en capacité de financer 53% de ses (très nombreux et onéreux) investissements sans recourir à l’emprunt. Un ratio anormalement élevé – et quasiment inédit en ce qui le concerne, excepté les 56% de 2013 (mais pour une raison exceptionnelle liée à la vente du siège de la RATP à cette même RATP) –  pour un syndicat de transports amené à multiplier les investissements. La capacité de désendettement d’IDF Mobilités est ainsi passée de 10,8 années à… 2,9 années,  une baisse d’autant plus spectaculaire que les prévisions faisaient plutôt état ces derniers mois d’un chiffre en hausse (on allait vers les 15 ans).

Mais d’où vient cet argent ?

C’est là que les voyageurs qui ont vu leur pass navigo continuellement augmenter ces dernières années risquent de se sentir floués : les recettes voyageurs sont de 90M€ supérieures aux prévisions ! IDF Mobilités tablait sur une hausse de 160M€, elle a été finalement de 250M€, d’où les 90M€ de bonus. Mais tout est fait pour que ce chiffre ne ressorte nul part dans le rapport. Car il vient, lui aussi, contredire le mythe d’un syndicat des transports sur la paille, devant à tout prix augmenter ses tarifs pour rester dans les clous financiers. Bien sûr, la lutte contre la fraude, plus efficace, et le retour des touristes après le trou d’air des attentats de fin 2015, explique en partie ce rebond. Mais c’est bien la hausse du trafic, lié en grande partie à l’instauration du navigo à tarif unique, qui est à l’origine de cette soulte miraculeuse. Continuer la lecture