EXCLU – Avec le vote définitif du parlement, le 20 décembre dernier, en faveur du Charles-de-Gaule Express (CDG), le débat semblait clos : une nouvelle liaison ferroviaire de 32 km doit bel et bien voir le jour, en partie à cheval sur les rails du RER B, pour relier en 20 minutes, dès 2023, la capitale à son principal aéroport, avec des trains toutes les 15 minutes, de 5 heures à minuit.
Depuis le début, ce projet hérisse bon nombre d’élus et d’associations, de par son coût (1,7 milliard d’euros, certes à la charge exclusive d’une filiale commune à la SNCF et à Aéroports de Paris), sa cible (les touristes ou les franciliens aisés prêts à débourser les 24€ du ticket) ou ses conséquences probables sur la régularité du RER B (contraint de partager 24 km de ses voies, déjà bien encombrées). Jusqu’ici, ces opposants n’ont pas obtenu gain de cause. Mais ils viennent d’avoir une nouvelle idée, bien aidés en cela par un énième incident sur le réseau de Paris nord.
Souvenez vous de la pagaille montre, début décembre, autour de la gare du Nord : caténaire arraché, RER et Transilien à l’arrêt pendant deux jours… et donc plus aucune liaison ferrée entre Paris et Roissy. La cata. C’est alors que la SNCF décide de faire circuler, faute de mieux, deux TGV – sur les voies à grande vitesse – pour faire la navette entre la gare du Nord et l’aéroport, dans les deux sens et à raison d’une navette par sens par heure. Une première totalement inédite qui surprend bon nombre de voyageurs et de touristes, complètement perdus, mais qui fonctionne. D’où l’idée, qui sait, de pérenniser cette navette.
C’est en tout cas ce que suggère Pierre Serne, actuel administrateur du STIF et ancien vice président (les Verts) de la Région en charge des transports, dans une lettre confidentielle, que je me suis procurée, adressée le 4 janvier dernier à Guillaume Pépy, président de la SNCF, et à Patrick Jeantet, président de SNCF réseau.
J’aurais ainsi aimé savoir si cette solution peut représenter une alternative à la mise en œuvre du projet de liaison directe CDG Express. Et avoir votre retour d’expérience en termes de faisabilité, d’exploitation, et de conséquences potentielles sur la gestion des gares de Paris-Nord et Roissy-CDG à la mise en œuvre éventuelle de cette navette directe.
Cette liaison directe en TGV pourrait par ailleurs représenter un atout pour l’Ile-de-France, permettant une solution forcément plus rapide à concrétiser tout en mettant en avant l’excellence française en matière de grande vitesse ferroviaire. Elle permettrait peut-être d’ailleurs d’utiliser une partie du parc TGV fraichement commandé à ALSTOM par l’Etat et dont la destination a pu nous interroger.