L’annonce de Ségolène Royal a fait son petit effet ce matin : désormais la circulation alternée sera décidée de façon automatique, à la demande des élus. Terminés donc à priori les tergiversations à répétition et les souhaits émis dans le vide par la ville de Paris… une petite révolution, mais qui devra se juger à l’usage, au delà de l’effet d’annonce.
Jusqu’à présent il fallait parfois plusieurs jours de dépassement consécutifs pour que le Préfet daigne mettre en place, sous la pressions des élus parisiens, la circulation alternée. Désormais, annonce la Ministre, cette dernière va devenir automatique, ou presque : le préfet devra motiver son refus, alors qu’avant les élus devaient, eux, prouver que l’épisode de pollution méritait d’enclencher la mesure.
Entre les lignes on comprend donc une chose essentielle : le Préfet dispose toujours du dernier mot, quoi qu’en pensent les élus.
Il n’y a donc pas d’automaticité dès le dépassement du seuil d’alerte, ce que réclamait Anne Hidalgo, mais une forte incitation à donner suite aux demandes de la ville de Paris. Nuance. Que se passera t-il le jour où il faudra passer à l’acte ? Le seuil d’alerte a été dépassé 4 fois en 2014 , et autant depuis le début de l’année. Sur l’ensemble de cette période, malgré les appels répétés de la ville, le Préfet n’avait cédé qu’à deux reprises, le 17 mars 2014 et le 23 mars 2015. Les élus seront-ils désormais mieux entendus ? Il faudra attendre les détails de l’arrêté ministériel pour mieux juger où se situera le curseur, entre la ville et l’Etat. En attendant qu’un nouvel acteur ne s’en mêle : de nombreux candidats aux prochaines élections régionales réclament en effet le transfert de la décision au conseil régional. D’autres, dans l’opposition au conseil de Paris, telle NKM, exigent que le Grand Paris ait également son mot à dire. Bref, la pollution de l’air a encore de beaux jours devant elle.
►pour aller plus loin, voyez notre reportage réalisé avec notamment la réaction de Christophe Najdovski, maire-adjoint de Paris, chargé des transports, des déplacements et de l’espace public (EE-LV)
Bertrand Lambert