Denis Salles
Champion de France avec Mont de Marsan, soixante-neuf points marqués en quarante sélections avec le XV de France, deux tournois des cinq nations remportés, dix fois capitaine des bleus… si le rugby français a des légendes, alors Christian Darrouy en fait partie. Celui que Roger Couderc appelait « la gazelle montoise » a marqué toute une génération grâce a son extraordinaire pointe de vitesse, son cadrage débordement, et son étonnante capacité à finir sa course dans l’en-but adverse. Comme bon nombre de ses coéquipiers, on ne l’avait jamais entendu parler autre chose que français à la télévision. Et pourtant, le joueur originaire de Pouydesseaux n’a rien oublié du gascon de son enfance, ni la langue ni l’humour malicieux qui sied à ceux qui la parlent.
Nous l’avons rencontré sur les pelouses des stades Guy Boniface et Jean Loustau où il a défendu les couleurs du Stade Montois pendant toute sa carrière, aux côté de ses amis « mousquetaires », tels que les frères Boniface ou Benoît Dauga. Il a revécu pour nous et « en lenga nosta » les moments marquants de sa carrière…
Drin de BONUS !
Pour tourner ce portrait, nous sommes donc allés sur les terrains du Stade Montois en compagnie de Christian Darrouy et, pour le replonger encore un peu plus dans ses souvenirs ovales, nous lui avons mis un ballon entre les mains. Ce qui devait arriver arriva : tout en discutant, l’ailier commençait à nous faire quelques passes… un peu intimidant de renvoyer « la veishiga » à Christian Darrouy, on en oublierait presque que la passe vrillée n’a pas très bonne presse chez les joueurs de cette génération. Explication de texte avec la gazelle montoise : deux gestes techniques qui n’ont pas la côte, on commence avec le plongeon pour marquer un essai lorsqu’il n’y a pas d’adversaire…
Le rugby a ses contes fantastiques. On murmure par exemple au bord des stades que, alors que le rugby français était amateur et qu’il était pratiqué par une jeunesse de villages friande de nature et de chasse, le niveau de jeu baissait insensiblement aux alentours de septembre/octobre, à l’arrivée des premières palombes. Certains se souviennent de joueurs le nez en l’air sur le terrain, en train de regarder les vols passer, d’autres mauvaises langues prétendent même qu’il y avait des absents le dimanche…