L’oeuvre de Daniel Fabre est immense. Plusieurs de ses publications ont porté sur le domaine occitan comme :
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- 1969 Jean de l’Ours : analyse formelle et thématique d’un conte populaire, Carcassonne, Éd. de la revue Folklore
- 1970 Una contairina populara audenca, Obradors, Centre d’études occitanes, Université Paul Valéry
- 1973 La tradition orale du conte occitan : les Pyrénées audoises, Paris, Presses universitaires de France
- 1973 La vie quotidienne des paysans du Languedoc au xixe siècle, Paris, Hachette-Littérature
- 1977 La Fête en Languedoc : regards sur le carnaval aujourd’hui, Toulouse, Privat, 220 p., (photographies de Charles Camberoque)
- 1978 Dans le Narbonnais, vol. 3, Gallimard
- 1987 Histoires et Légendes du Languedoc mystérieux, en collaboration avec Jacques Lacroix, Sand
- 1990 La Fête en Languedoc, Privat
- 1992 Carnaval ou la Fête à l’envers, Gallimard
Lors d’un entretien passionnant sur le conte paru sur ethnographiques.org, il explique pourquoi son intérêt pour la littérature orale, l’a mené vers l’occitan :
« Je suis né en 1947 à Narbonne dans un quartier populaire. Je me souviens, dans ma maison, il y avait au rez-de-chaussée une épicière qui ne parlait pas un mot de français mais catalan. Au 1er étage, une languedocienne mélangeait l’occitan et le français et un couple d’italiens parlaient italien. A l’étage au-dessus où nous nous trouvions, ma mère employait beaucoup le catalan parce qu’elle avait été élevée par sa grand-mère, une catalane de Lérida, Lleida en catalan, et elle connaissait aussi l’occitan. Mes oreilles ont été habituées très jeunes à l’écoute de toutes ces langues et vers 18 ans l’envie m’était venue de vraiment apprendre à les parler. Surtout, je passais chaque année de très longues vacances dans un village de la Montagne noire où les adultes parlaient tous occitan. Il n’y a pas de meilleur chemin pour apprendre profondément une langue que d’écouter des conteurs. Je me souviens d’avoir découvert, à l’époque, des récits en occitan que je lisais à haute voix. Je retrouvais une langue qui m’imprégnait depuis l’enfance mais qui n’avait jamais réussi à complètement éclore et je la retrouvais à travers les contes. C’était une expérience que j’ai ensuite revécue au cours des enquêtes ethnographiques puisque je ne connais enquête plus gratifiante que l’enquête de littérature orale. C’est le chemin du plaisir de la vie. »
Il a été assistant de sociologie, maître de conférences en anthropologie à l’Université de Toulouse III. En 1978 il fonde avec l’archéologue Jean Guilaine, le Centre d’Anthropologie des Sociétés Rurales devenu ensuite le Centre d’Anthropologie de Toulouse qu’il dirigera jusqu’en 1997. Il travaille dans plusieurs organismes et collabore à différentes revues en France et en Italie.
Après avoir poursuivi des recherches sur la littérature orale, la ruralité et l’anthropologie des écritures ordinaires, ses intérêts portent aussi sur la théorie de l’initiation, les formes modernes du culte de l’artiste et de l’écrivain, l’anthropologie de l’art… Son dernier essai paru en 2014 : « Comment l’art préhistorique apparut aux enfants ».
Nous l’avions rencontré à Carcassonne pour parler de son ami, presque son double : René Nelli. C’était un homme d’un grand savoir et d’une extrême gentillesse qui vivait et travaillait souvent en Italie et s’exprimait parfaitement dans cette langue.
Certains se souviendront longtemps des carnavals de Carcassonne dans les années 70-80 où il présidait le jugement avec Mans de Breish, Marti et d’autres. Il était devenu le grand spécialiste des carnavals et des fêtes du Languedoc en général. Il s’est éteint dimanche à l’âge de 68 ans.