La flavescence dorée, c’est une maladie de la vigne due à une bactérie et transmise par un insecte appelé la cicadelle. Chaque fois qu’un insecte infecté suce la sève de la plante, il contamine la plante. Et si lui est sain, c’est la plante qui le contamine.
D’où vient cette maladie dont on en entend parler que depuis peu de temps?
La bactérie existe en France, dans d’autres plantes. En revanche, la cicadelle qui est le principal vecteur de la maladie, vient lui des Etats-Unis. Il est arrivé au début du XXème siècle, à un moment où on importait massivement en France des ceps de vignes américains. A cette époque, le phylloxéra fait rage. Découvert dans les années 1860, il a ravagé une partie du vignoble français et même européen. Et la seule solution qui a été trouvée, c’est d’importer des plants de vigne américains résistants à ce phylloxéra. Mais en important des ceps, on a aussi transporté des cicadelles qui posent tant de souci aujourd’hui.
Quelles conséquences ?
Il n’y a pas d’incidence sur le vin mais sur la vigne car elle est mortelle pour le cep. Il n’existe aucun traitement. Quand un plant est atteint il est condamné.
Et puis, le mal progresse très vite à cause de ce cercle vicieux dont je parlais tout à l’heure : la plante contamine l’insecte qui contamine la plante. On estime que le nombre de pieds atteint peut être multiplié par 10 d’une année sur l’autre (la 1ère année, ça fait 100.000 au bout de 5 ans). Aujourd’hui ½ du vignoble français est touché.
Que fait-on pour lutter contre cette maladie?
Chaque fois qu’un plant est atteint il doit être arraché. S’il y en a au moins 1 sur 5, il faut détruire la parcelle. Et autour, il faut traiter, avec des insecticides. C’est bien tout le problème soulevé par les vignerons bio comme Emmanuel Giboulot, le vigneron qui a refusé les traitements. (voir l’article qui lui est consacré).
Quelles solutions alors pour lutter contre la propagation de la maladie ?
On peut faire d’abord de la prévention. On sait que la chaleur détruit la bactérie. Il est ainsi possible de rendre sain les nouveaux plants de vignes avant leur plantation en les mettant dans de l’eau à 50° pendant 45 mn. Mais il faut que tous les pépiniéristes viticoles, ceux qui produisent ces jeunes plants le fassent. C’est du temps et de l’argent !
L’observation aussi est importante. Elle commence d’ailleurs à se mettre en place. Les vignerons sont formés pour repérer les symptômes de la maladie. Si tous le font régulièrement, cela pourrait permettre sans doute de réduire significativement le nombre de plants contaminés.
Et pour lutter contre l’insecte lui-même?
Il y a la recherche scientifique. En Italie, des chercheurs ont testé une méthode pour brouiller la communication entre les mâles et les femelles. Ils ne se trouvent pas et ne peuvent donc pas se reproduire.
En Israël, on a essayé avec des odeurs d’attirer les cicadelles dans un endroit où elles sont détruites.
Une autre piste consiste à trouver des souches résistantes à la flavescence. C’est l’Inra qui planche là-dessus.
Il existe d’autres maladies de la vigne ?
Oui. On parle beaucoup aujourd’hui de la flavescence dorée mais les vignes sont victimes de bien d’autres maladies, et depuis longtemps. On connaît le phylloxéra, le mildiou. Mais il y en a beaucoup d’autres (la maladie du bois noir, le court noué…). L’une en particulier inquiète aujourd’hui énormément les vignerons en Bourgogne. C’est l’ESCA : ce sont des champignons contre lequel le seul traitement efficace est un produit interdit car très nocif pour l’homme. Il a déjà détruit de nombreux de ceps, notamment en Saône-et-Loire et dans le chablisien, et les vignerons se sentent aujourd’hui un peu démunis face à cette maladie.