21 Sep

Et si c’était lui le gardien de la musique des Pink Floyd ?

Nick Mason est moins connu que Roger Waters ou David Gilmour. Mais le batteur des Pink Floyd a joué sur tous les disques et il parle encore avec les autres membres. Il vient de sortir un disque live consacré exclusivement aux morceaux antérieurs à « Dark Side of the Moon » . Il retourne ainsi aux sources des Floyd et permet d’écouter des morceaux riches mais moins connus que « The Wall », « Money » ou « Confortably Numbs ».

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Live avec les musiciens Guy Pratt, Gary Kemp, Lee Harris et Dom Beken ©Joël PHILIPPON via MaxPPP

Pendant que David Gilmour et Rogers Waters menaient des carrières solos, Nick Mason s’était retiré de la vie musicale. L’adrénaline lui manque un peu, alors il passe sa licence de pilotage d’hélicoptère et prend place dans les baquets pour faire des courses automobiles. Certes, de temps en temps il rejoue avec Waters ou Gilmour (notamment sur l’album « The Endless River »).

Pink Floyd – Astronomy Domine 1970 (Syd Barrett)

Mais des copains musiciens lui proposent de faire une tournée solo. « J’ai aussi travaillé sur les rééditions et les compilations de Pink Floyd parce que j’avais tendance à être le seul à vouloir aller en parler à la radio ou ailleurs », confie-t-il au magazine Rolling Stones. On lui propose même un projet pour reprendre les vieux morceaux des Floyd très peu joués en concerts. Des titres avant l’album mythique « Dark Side of The Moon »  (Money, Us and Them…). Il y a deux ans, Mason forme son groupe « Saucerful of Secrets » du nom du 2ème album du groupe enregistré en 67-68 dans les studios Abbey Road. 

Nouveau groupe « Saucerful of secrets »

Fin des années 60, les Floyd sont dans leur période psychédélique très influencée par le génial mais barré Syd Barrett. Le groupe passera avec « Dark Side of The Moon » à des compos rock-space plus efficaces et surtout moins originales. Dans le groupe, Mason s’entoure de valeurs sûres comme Guy Pratt à la basse (qui avait remplacé Waters), la claviériste Dom Beken, le guitariste Lee Harris (The Blockheads) et plus surprenant : l’ex guitariste de Spandau-Ballet Garry Kemp qui assure aussi le chant. On ne peut pas dire que Spandau-Ballet soit musicalement proche des Floyd mais à l’écoute de l’album, il s’en sort plutôt bien.

La créativité des Floyd des années 60-70

Pour ceux qui seraient un peu lassés d’entendre toujours les mêmes morceaux du groupe anglais, l’initiative de Nick Mason est une aubaine. Tout d’abord parce que la créativité et l’inventivité du groupe est à son comble. Après un premier album sous l’influence claire de Barrett et où il n’y avait pas encore Gilmour, « Saucerful of secrets » est une transition. C’est la dernière collaboration avec Sid Barrett de plus en plus sous l’emprise du LSD, les autres membres fondateurs (Richard Wright et Roger Waters) commencent à poser leur patte sur le groupe.

Pink Floyd – Atom Heart Mother 1970 (Nick Mason)

Malgré un succès honorable qui place le groupe sur le devant de la scène, ces morceaux ne seront que trop rarement joués en public. Pourtant, leur richesse est indéniable et la tournée plus le disque live qui vient de sortir en sont la preuve.

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – One Of These Days (Nick Mason)

L’album live « Nick Mason’s Saucerful of Secrets »

Le groupe « Nick Mason’s Saucerful of Secrets » revisite donc le répertoire des premiers albums du Floyd, de « Piper at the Gates of Dawn » (1967) à « Meddle » (1971). Dans une interview à Télérama, le leader malgré lui de ce nouveau groupe explique : « Lee Harris [le guitariste, ndlr] se demandait pourquoi je ne faisais rien. Je ne le connaissais pas à l’époque, mais il a eu la bonne idée d’en parler à Guy Pratt [bassiste], que je fréquente depuis trente ans. J’ai beaucoup de respect pour lui, ce n’est pas le genre de type à se mobiliser pour des projets foireux. Aussi l’ai-je écouté quand il m’a proposé ce projet. »

Nick Mason’s Saucerful of Secrets – Lucifer Sam (Syd Barrett)

Mason a beaucoup réécouté les morceaux initiaux pour voir dans quel état d’esprit ils avaient été faits. Ne pas trahir mais ne pas faire une copie trop conforme non plus. Comme le Monsieur est plus qu’honorable dans sa démarche, il a choisit des morceaux composés par Barrett (« Interstellar Overdrive », « Astronomy Domine », « Lucifer Sam » « Arnold Layne », mais aussi Richard Wright (« Remember a Day ») comme Waters (« If », « Green is the Colour ») comme les siennes. D’ailleurs, ses compositions sont de qualité comme l’excellent « When you’re In » et le connu « Atom Heart Mother » (qui a donné son titre à l’album des Floyd avec une vache) d’une incroyable diversité.

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Atom Heart Mother (Nick Mason)

Plus qu’un hommage très honorable, ce disque prouve qu’à 76 ans, le batteur n’a rien perdu de son jeu subtil et varié. Les autres musiciens et notamment Garry Kemp sont très crédibles (voix et guitare), c’est d’ailleurs lui qui avait écrit la majeure partie des morceaux de Spandau Ballet. La basse de Guy Pratt très ronde et efficace. Années 70 oblige, les claviers de Dom Beken sonnent comme des orgues. Le son est bon et le mix efficace.

Dans Télérama toujours, Mason précise son projet : « Je ne voulais en aucun cas entrer en compétition avec ce que font Roger Waters et David Gilmour, leurs tournées solo où ils reprennent beaucoup de morceaux du Floyd, ni même être comparé avec les innombrables tribute bands en activité. Je n’ai aucune envie de savoir qui fait la meilleure version de Comfortably Numb ! »

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Fearless (David Gilmour)


Pari réussi. Nick Mason et sa bande devraient reprendre la tournée suspendue par le Covid. En attendant il se pose comme le gardien fidèle et exigeant des Pink Floyd. Son album live est un vrai plaisir pour les amoureux du rock psychédélique, tous ceux qui ont envie d’un peu de diversité et d’originalité, dans la musique en général et celle des Floyd en particulier.

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Benoît Roux