30 Nov

« Les amants maudits de Dorliac », Martial Maury, Ed. Terre d’Histoires

Présentation de l’éditeur

Le village de DORLIAC, dans le Périgord, est en émoi. Un mystérieux corbeau sème la discorde parmi les habitants en accusant le maire de corruption et en évoquant le meurtre du propriétaire du cinéma local, des décennies plus tôt. Le journaliste Antonin Berson se doit de faire la lumière sur cette affaire, il en va de son honneur, de son amour et de son avenir professionnel. En recueillant les confidences des anciens du village, il découvre que le corbeau fait allusion au drame qui s’est joué après la guerre entre Scipion, un paysan prospère et Horace, le notaire. Tous deux étaient tombés amoureux de la belle Violette… le début d’une terrible tragédie romanesque. Et dans la vraie vie, comme sur l’écran du cinéma du village, l’amour, la haine, la mort se sont côtoyés en un drame dont les répercussions résonnent encore de nos jours…

Correspondant de presse, essayiste, romancier, Martial Maury est l’auteur de plusieurs romans, notamment Le Secret des Restiac et L’héritage des Restiac. Périgourdin de naissance et de coeur, c’est dans cette région qu’il situe ses romans dans lesquels le présent et le passé s’entremêlent.

Notre avis

Le roman de Martial Maury se situe entre polar et roman historique, tant les personnages, lieux, habitudes et faits relatés semblent criants de vérité. Le lecteur se plonge avec délectation dans le microcosme d’un petit village du Périgord qui recèle bien de terribles secrets dans un écrin un peu trop beau. Maury décrit avec justesse la psychologie des personnages et leurs relations, qui varient de la passion à la haine. Entre le passé trouble et ses répercutions au présent, on finit par se prendre au jeu de cette drôle d’histoire et comme dans les bons vieux romans d’énigme, il faut attendre les toutes dernières pages pour comprendre les motivations des uns et des autres.

Bob Garcia

« A la place de l’autre », Guy Rechenmann, Ed. Vents salés

Présentation de l’éditeur

Un jour de septembre, 6 h 45. La pointe du Cap-Ferret est déserte. Les touristes ont décampé et les rares sédentaires ne se risquent pas si tôt face à un océan d’humeur changeante. Alors que fait là cette silhouette immobile perdue au milieu des blockhaus ? Qu’attend-elle, cette jeune femme ? Cela m’interpelle, moi, Anselme Viloc, le « flic de papier ». En règle générale je fuis les enquêtes ordinaires, j’ai le don de dénicher le grain de sable qui grippe les belles mécaniques assassines. Je ne lâche aucune affaire ! La guerre et les bâtisseurs du mur de l’Atlantique, un enfant et un chat, autant d’indices à prendre en compte. De Bouliac à la Chalosse, d’Arcachon à Andernos, Marie, Clémence, Marina… trois générations d’une même famille. Noyées dans la folie…

 

Notre avis

Comme son enquêteur attachant et atypique Anselme Viloc, Guy Rechenmann fuit les enquêtes ordinaires. Celle-ci est particulièrement étrange. Une femme amnésique ne parvient pas à prononcer d’autres mots que « Je sais où est mon fils »… A force de recoupements et de déductions, Viloc parvient à retrouver l’identité de la jeune femme, et découvre… qu’elle n’a jamais eu d’enfant. L’enquête prend alors une autre voie, et c’est dans le passé que ce trouve la solution du présent. Loin des thrillers tonitruants menés sur les chapeaux de roues, Viloc prend son temps. Il écoute du bon jazz – dont il est visiblement spécialiste -, contemple le paysage et déniche le fameux « grain de sable » que d’autres ne voient pas…

Belle découverte et belle plume. Bravo à Guy !

Bob Garcia

« Le loup peint », Jacques Saussey, Ed. Toucan noir

Présentation de l’éditeur

Vincent Galtier est vétérinaire dans une petite ville de l’Yonne, près d’Auxerre. Depuis la mort de son fils, son couple est exsangue. Seule, Marion, sa maîtresse, parvient avec peine à lui faire vivre quelques rares moments d’oubli au creux de son lit. Une nuit, alors qu’il vient de la quitter et traverse une forêt isolée pour rentrer chez lui, les passagers d’une voiture inconnue lui tirent dessus et tentent de le précipiter dans un ravin. Lorsque Vincent parvient enfin à son domicile, après leur avoir échappé de justesse, c’est pour y découvrir une scène de massacre. Mais ce n’est pas la seule qui l’attend. Le cauchemar ne fait que commencer…

 

Notre avis

Coup de coeur pour ce thriller particulièrement bien mené. Jacques Saussey casse les conventions du genre : il nous dévoile l’assassin dès le début du récit. Pourtant cela ne retire rien au rythme et au suspense. Les rebondissements ne manquent pas et la fin est inattendue. Un bel exercice qui enchantera les amateurs du genre !

Bob Garcia

« Le Sang de la vigne », Jean-Pierre Alaux et Noël Balen, Ed. Fayard

Présentation de l’éditeur

Tome 24. Raisin et sentiments. En cet été 2015, la canicule engourdit le Périgord, et la récolte s’annonce difficile pour les viticulteurs du bergeracois. Mais, davantage que l’état critique du vignoble, ce sont les récentes directives de l’Union européenne qui mettent en émoi toute la région. L’œnologue Benjamin Cooker est sollicité par la cave coopérative de Monbazillac pour tenter de faire face aux menaces de Bruxelles dont les technocrates prévoient d’interdire la chaptalisation des vins liquoreux.
Accompagné de Virgile Lanssien, son jeune assistant de retour au pays natal, ils vont bientôt être confrontés à un événement dramatique. Miko, le fils adoptif d’une des grandes familles de l’appellation, a été retrouvé égorgé sur une ancienne stèle de sacrifice.
Derrière cette mise en scène macabre, ils vont découvrir domaines convoités, pratiques occultes, soupçons dévastateurs, passions et rancœurs, comptabilités opaques…
Benjamin et Virgile traversent alors, malgré la douceur des liquoreux et des paysages, un terroir meurtri où le raisin est d’autant plus menacé que les sentiments sont frelatés.
Jean-Pierre Alaux est journaliste, il anime les matinales de Radio Présence à Toulouse et écrit au coeur du vignoble de Cahors, dans la vallée du Lot.
Noël Balen partage ses activités entre littérature, conférences musicales et productions discographiques. Son village est Paris.

 

Notre avis

Le sang de la vigne… Grands crimes et grands crus. La série de tous les succès : livre, téléfilms, et BD !!

Le personnage central de l’oenologue/enquêteur façon sherlock Holmes – Benjamin Cooker – imaginé par Jean-Pierre Alaux et Noël Balen est parfaitement crédible. Les scénarios sont toujours astucieux et les intrigues prenantes… A savourer sans modération…

Bob Garcia

 

« L’homme qui valait des milliards », François Darnaudet, Ed. Wartberg

Présentation de l’éditeur

Un signal d’alerte est lancé sur Internet : un prof de maths d’un collège girondin a résolu le problème du millénaire sur les nombres premiers et s’apprête à casser les codes bancaires du monde entier. Une meute de tueurs de tous poils se lance aux trousses du hacker, de Bordeaux à Saint-Émilion en passant par Taussat et d’Auch au col de Banyuls. Mais la vérité est bien différente ! En attendant qu’elle éclate au grand jour, le petit prof de la côte ouest soupçonné de ce prodige mathématique est obligé de fuir avec son agrégée de maîtresse, puis de faire face. Pour l’homme et la femme qui valaient mille milliards, c’est Euclide qui affronte Glock ! Ou comment se protéger avec un livre de maths contre des projectiles de 9 mm ? Attention, le petit prof connaît peut-être votre code bancaire !
François Darnaudet est l’auteur d’une vingtaine de romans fantastiques ou policiers. Ses polars les plus connus sont Les Ignobles du Bordelais et Boris au pays vermeil dans la série du Poulpe, L’Or du Catalan aux éditions Le Passage, Le dernier Talgo à Port-Bou, Bison Ravi et le scorpion rouge et Les ports ont tous la même eau chez Mare Nostrum.

 

Notre avis

Comment tenir en haleine ses lecteurs avec un polar où il est question de mathématiques ? François Darnaudet résout l’équation et combine ses deux passions dans un récit astucieux et non dénué d’humour. A priori, les truands ne se passionnent pas pour les mathématiques, sauf quand on sait que les code secrets des cartes bancaires sont construits à partir des nombres premiers… Du coup, les maths en deviendraient presque attrayantes. Encore faut-il mettre la main sur la clé de décryptage… s’engage alors une course poursuite qui va laisser quelques protagonistes sur le carreau. Un régal !

Bob Garcia

« Au fond », Denis Vauzelle, Ed. du Rocher

Présentation de l’éditeur

« Le fleuve de la vie s’était arrêté de couler dans mes veines sans daigner même faire entendre un doux clapotis au contact du bloc de matière inerte contre lequel il butait.
Ce barrage avait un nom.
Retraite. »
Piégé par une retraite au pays basque, tandis que sa journaliste de femme continue sa vie à cent à l’heure, l’ex-comptable sombre doucement, lesté par l’oisiveté et l’alcool.
Une lumière dans la maison d’en face abandonnée et une jeune enquêtrice ébranlent son existence. Pris dans les rets des séparatistes de l’ETA, il se doit de conjuguer avec l’efficacité d’un flic les méandres des sentiments amoureux d’un sexagénaire confronté à la dernière étape de sa vie.
Une histoire qui nous entraîne infiniment plus loin que l’on pourrait s’y attendre…
Denis Vauzelle signe ici son sixième roman.

 

Notre avis

Etonnant ouvrage intimiste, entre roman policier et roman « d’introspection ». On suit avec curiosité l’enquête menée par le héros, sur un rythme de sénateur, plus propice à retraité qu’à un jeune novice. Les questions s’accumulent et on se demande bien où tout cela peut aboutir. Et bien malin qui pourrait deviner la chute de ce récit, bien plus subtile que ne pourrait le laisser penser cette « enquête », qui s’avère être un prétexte pour raconter une toute autre histoire.

Bob Garcia

« Rêver », Franck Thilliez, Ed. Fleuve noir

Présentation de l’éditeur

Si ce n’étaient ses cicatrices et les photos étranges qui tapissent les murs de son bureau, on pourrait dire d’Abigaël qu’elle est une femme comme les autres.
Si ce n’étaient ces moments où elle chute au pays des rêves, on pourrait jurer qu’Abigaël dit vrai.
Abigaël a beau être cette psychologue qu’on s’arrache sur les affaires criminelles difficiles, sa maladie survient toujours comme une invitée non désirée. Une narcolepsie sévère qui la coupe du monde plusieurs fois par jour et l’emmène dans une dimension où le rêve empiète sur la réalité. Pour les distinguer l’un de l’autre, elle n’a pas trouvé mieux que la douleur.

Comment Abigaël est-elle sortie indemne de l’accident qui lui a ravi son père et sa fille ? Par quel miracle a-t-on pu la retrouver à côté de la voiture, véritable confetti de tôle, le visage à peine touché par quelques bris de verre ? Quel secret cachait son père qui tenait tant, ce matin de décembre, à s’exiler pour deux jours en famille ? Elle qui suait sang et eau sur une affaire de disparitions depuis quelques mois va devoir mener l’enquête la plus cruciale de sa vie. Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur : elle-même.

Notre avis

Franck Thilliez mène deux oeuvres de front : d’une part, la série d’enquêtes et péripéties de son couple de policiers fétiche (Franck Sharko et Lucie Hennebelle), et d’autre part ses « one shot », qui se lisent indépendamment les uns des autres et traitent à chaque fois d’un sujet différent. Son thriller « Rêver » se situe dans cette deuxième catégorie. Avec beaucoup de maîtrise et d’intelligence, Thilliez nous entraîne dans l’univers complexe de la narcolepsie, entre le rêve et la réalité, entre le vrai et le faux, entre la logique et la folie… Comme pour perdre un peu plus le lecteur dans les méandres de la pensée de l’héroïne, les chapitres ne sont pas présentés dans l’ordre chronologique de la réalité. Mais grâce à un petit graphique en tête de chaque chapitre, on peut en situer l’action sur l’échelle du temps. A la manière d’un puzzle temporel (justement, c’est le titre d’un autre de ses livres), le lecteur reconstitue peu à peu, en même temps que l’héroïne, la chronologie et la réalité des faits. Le tout est servi par une écriture vive, précise et sans concession. Jamais de cliché facile, de poncif ni de redite dans le travail d’écriture de Thilliez. Et comme toujours, la chute est à la hauteur de l’intrigue.

Plus que jamais, Thilliez s’impose comme le maître du thriller français.

Brillant et magistral !

Bob Garcia

« Je m’appelle Requiem et je t’… », Stanislas Petrosky, Ed. Lajouanie

Présentation de l’éditeur

Moi, vous ne me connaissez pas encore, mais ça ne va pas tarder. Je m’appelle Estéban Lehydeux, mais je suis plus connu sous le nom de Requiem. Je suis curé, ça vous en bouche un coin ? Oubliez tout ce que vous savez sur les prêtres classiques, je n’ai rien à voir avec eux, d’autant que j’ai un truc en plus : je suis exorciste. Je chasse les démons. Bon pas tous, parce que je dois d’abord gérer les miens, surtout quand ils font du 95 D, qu’ils dandinent du prose et qu’ils ont des yeux de biche. Chasser le diable et ses comparses n’est pas de tout repos, je ne vous raconte pas. Enfin si, dans ce livre. Ah, un dernier détail : Dieu pardonne, moi pas.
Biographie de l’auteur
L’individu qui se cache derrière le pseudonyme de Stanislas Petrosky est français et vit en Normandie, à quelques kilomètres du Havre. Sa profession, thanatopracteur, n’est probablement pas pour rien dans son goût pour le crime et l’humour… noir. Cet auteur atypique voue un culte immodéré à Frédéric Dard. Sa plume est trempée dans la même encre. Résultat, on se passionne, on se gondole, on frémit, bref on se régale. La preuve c’est Nadine Monfils, la mère de Mémé Cornemuse et d’Evis Cadillac qui signe la préface.

Notre avis

Gros coup de coeur pour ce polar quelque peu atypique ! C’est peu dire que l’écriture de Stanislas Petrosky est habitée par les démons de Frédéric Dard, Michel Audiard, Antoine Blondin et autre Alphonse Boudard… Le bougre a le sens de la formule qui fait mouche et qui parviendrait à décoincer les maxillaires les plus grippées. Sa grande trouvaille : le personnage haut en couleur de Requiem, synthèse assumée de San Antonio et de Don Camillo. Comme Jésus, il distribue les pains, mais pas aux mêmes personnes et pas pour les mêmes raisons… Il lui arrive d’être « excité comme un acarien au salon de la moquette » devant une belle créature, mais ne renie jamais sa foi. Car le roman de Petrosky n’est pas anticlérical. Requiem respecte les bigotes de son église et n’hésite pas à se battre contre les truands pour venir en aide à ceux qu’il aime. On l’aime déjà et on attend avec impatience la suite de ses aventures. Bravo Monsieur Petrosky, quand on tient un « client » comme celui-là, on ne le lâche pas !

Bob Garcia

« En douce », Marin Ledun, Ed. Ombres noires

Présentation de l’éditeur

Sud de la France. Un homme est enfermé dans un hangar isolé. Après l’avoir séduit, sa geôlière, Emilie, lui tire une balle à bout portant. Il peut hurler, elle vit dans son chenil, au milieu de nulle part. Elle lui apprend que cinq ans plus tôt, alors jeune infirmière, elle a été victime d’un chauffard. L’accident lui a coûté une jambe. Le destin s’acharne. La colère d’Emilie devient aussi puissante que sa soif de vengeance. En douce est un roman dévastateur, où l’injustice se heurte à la force de vie d’une héroïne lumineuse.

Notre avis

Marin Ledun réussit ici un tour de force, en signant un polar à la frontière du thriller et du roman noir. Côté thriller, le lecteur est tenu en halène tout au long de ce récit sans temps mort qui ressemble à une course contre la montre. Mais ce roman ne se borne pas à appliquer les bonnes vieilles recettes du « page turner » à l’américaine. Côté roman noir, il traite de problèmes de société qui ne laissent personne indifférent. La vie d’Emilie a été brisée lors un accident qui lui a coûté une jambe. Socialement déclassée, elle ne parvient pas à se reconstruire et n’a qu’une idée en tête : retrouver le chauffard qui a pris la fuite après avoir commis son méfait et se venger. Quand elle le retrouve enfin, le roman prend alors la tournure d’un huis clos et d’une confrontation entre le bourreau et la victime. Suspense garanti jusqu’à la dernière page. Une réussite !

Bob Garcia

« Elvis Cadillac, King from Charleroi », Nadine Monfils, Ed. Fleuve noir

Présentation de l’éditeur

Avec sa chienne Priscilla affublée d’une banane rose, Elvis sillonne les routes au volant de sa Cadillac ornée de cornes de vache pour aller donner des concerts. Abandonné à l’âge de 5 ans près des toilettes d’un restoroute, il a été recueilli par un couple d’épiciers fans de Georgette Plana, et est devenu Ze sosie officiel du King ! Invité à chanter pour l’anniversaire d’une vieille châtelaine, sur l’air de  » Blue Moon « , il va se retrouver au cœur d’un crime bien étrange, avec en prime une panoplie de pétés du couvercle, dont le chat Houellebecq qui a des mycoses aux pattes. Yeah !

Notre avis

Au fil des romans, Nadine Monfils nous balade dans son univers unique et quelque peu déjanté. Avec une écriture et un style immédiatement identifiables, une imagination intarissable, elle met en scène les vies de personnages hauts en couleur qui semblent directement sortir de l’émission Strip Tease. Son talent a été maintes fois récompensé. Elle a notamment obtenu le Prix de la ville de Limoges 2010 pour Coco givrée. Si vous avez aimé les aventures de Mémé Cornemuse, vous adorerez celles du « sosie officiel du King » (d’ailleurs inspiré de personnage réel).

Mais le rire devient parfois grinçant. Nadine Monfils dresse aussi un inventaire des tares et des dérives de certains de ses contemporains, qu’ils gravitent dans les hautes sphères de la société ou dans les bas fonds du classement. J’envie sincèrement ceux qui ne connaissent pas encore son oeuvre, car ils ont de sublimes lectures devant eux !

Bob Garcia