C’était une personnalité du monde viticole bourguignon. Une personnalité tout court. Il avait été révélé par le film de Jonathan Nossiter, Mondovino, dans lequel il « crève » l’écran même si derrière l’ampleur du personnage on devinait également une personnalité pas toujours facile, en particulier sans doute pour ses enfants. C’était un amoureux de sa terre, amoureux de la vigne. Je me souviens encore comme ses yeux brillaient lorsqu’il en parlait. C’était un soir d’avril 2011, le soir de la fameuse marche des climats pour la candidature au patrimoine mondial de l’Unesco. Je l’avais trouvé assis sur le mur de pierres du château du clos de Vougeot attendant son fils Etienne. Nous avions parlé quelques minutes et il m’avait raconté combien il était important pour lui d’aller chaque jour faire son tour dans ses vignes, quel que soit le temps. Ca lui permettait de garder le lien avec cette terre qui lui avait tant donné. Moi qui avais été si impressionnée par le Hubert de Montille de Mondovino, j’ai été alors totalement séduite par ce vieil homme si charmant qui se confiait à moi. Il est mort, paraît-il, au cours d’un repas avec des amis en buvant un verre de son vin favori. Légende ou réalité, qu’importe. C’est une belle image qui va bien à cet homme qui savait apprécier les (bonnes) choses de la vie.