18 Fév

Un DVD-plaidoyer pour la vallée du Dessoubre

Le Dessoubre photographié par Yannick Coupry -Travelling 2015

Le Dessoubre photographié par Aurélien Hagimont en 2013.

Si vous n’avez jamais mis les pieds dans la vallée du Dessoubre, vous avez trois solutions. La première, vous organisez rapidement un petit week-end dans le secteur, la deuxième est de lire les romans de Philippe Koeberlé « Autopsie d’une truite » et « Là où la neige tombe » pour une immersion en canapé et enfin, vous procurer le film « A la rencontre du Dessoubre » que vient de produire le syndicat mixte d’aménagement du Dessoubre et de valorisation du bassin versant. Une projection publique est prévue, en présence du réalisateur Yannick Coupry, le mardi 23 février à 20H00 à la Salle St-Michel du cinéma de Maîche.

Ce film institutionnel de 26 minutes est très complet. Il est destiné au grand public pour faire comprendre les enjeux de la sauvegarde du Dessoubre et de ses affluents. Une rivière karstique dont on doit prendre le plus grand soin, « c’est un concentré d’espèces remarquables » précise le technicien de rivière du syndicat mixte Antoine Bliècq. Le secteur est en zone Natura 2000 depuis avril 2006 pour justement préserver la biodiversité et il est également concerné par le projet de parc naturel régional. Après avoir regardé ce film, nous comprenons bien que tout est lié et que la sauvegarde des rivières est l’affaire de tous, comme le précise le commentaire :

« Habitants ou touristes, chacun a ses propres solutions pour améliorer la situation et redonner au Dessoubre un état de fonctionnement équilibré »

La vallée du Dessoubre ne vit plus de l’industrie, c’est l’agriculture et, dans une moindre partie, le tourisme qui fait vivre la vallée. Comment travailler ensemble ? Comment concilier des intérêts divergents ? Même si ils ne sont pas les seuls à être concernés et que nombre d’entre eux souhaitent préserver leur environnement, la condamnation en décembre dernier d’un agriculteur de Cour Saint-Maurice pour avoir déversé du lisier sur un terrain en pente vers le Dessoubre, montre que les enjeux environnementaux sont désormais pris en compte.

« La rivière constitue le creuset au fond duquel viennent se cumuler tous les maux de notre société »  

constate le réalisateur. Ces maux, le syndicat du Dessoubre a entrepris de les combattre, à la fois pour que ce territoire soit en conformité avec les textes réglementaires (directive européenne et loi sur l’eau) et aussi pour que la vallée puisse vivre de cet atout touristique indéniable.

Au fil des ans, le syndicat mixte qui agit sur l’ensemble du bassin versant, élargit son champ de compétences. Sa première mission est de restaurer la continuité écologique du Dessoubre et de la Reverotte et le film explique très clairement pourquoi il est si nécessaire que les poissons circulent dans une eau fraîche et sans obstacle. Il existe vingt seuils sur le Dessoubre, huit doivent être réglementairement aménagés. Le 24 mars prochain, le syndicat mixte présentera justement son projet de suppression du seuil au pont de Fleurey lors d’une réunion publique à Saint-Hippolyte. Mais, comme pour les projets d’arasement sur la Loue, ces destructions ne sont pas toujours comprises en particulier par les pêcheurs qui apprécient les retenues d’eau.

Un autre des grands « maux » de la vallée est la pollution par le mauvais traitement des eaux. En mars 2015, le collectif SOS Loue Dessoubre a publié une étude très complète sur ce point crucial. Selon le collectif, sur les 32 stations d’épuration du bassin du Dessoubre, la quasi-totalité présentait des anomalies plus ou moins importantes.

Dans le film commandé par le syndicat mixte, son président Serge Cagnon, conseiller départemental du Doubs, précise qu’il va falloir revoir le fonctionnement de tous les déversoirs d’orage. Une remise à niveau des réseaux est également évoquée. Et tout récemment, le comité syndical vient d’approuver le projet de contrôle des raccordements des particuliers au réseau d’assainissement. De nombreuses aberrations ont été dénoncées à ce sujet par le collectif SOS Loue-Dessoubre. Reste à trouver comme mettre en action cette mesure importante.  Autre remarque intéressante formulée également au cours de ce 26 minutes, le souhait de vouloir interdire les produits phytosanitaires sur le secteur…
Et depuis s
eptembre dernier, le syndicat mixte a recruté une technicienne micropolluants pour animer une opération collective visant à connaître, suivre et réduire le flux de pollutions toxiques issues des effluents non domestiques (industriels et artisans). Bref, le syndicat élargit petit à petit son champ de compétences pour qu’un jour le Dessoubre redevienne une rivière de très bonne qualité.

Isabelle Brunnarius
Isabelle.brunnarius@francetv.fr

D’autres projections devraient avoir lieu dans la vallée du Dessoubre et le film sera téléchargeable sur le futur site internet du syndicat mixte du Dessoubre.