Vaisselle cassée ? Vaisselle sauvée ! Les restaurateurs de céramiques opèrent comme des chirurgiens pour redonner vie aux objets cassés.
Porcelaine, faïence, poterie archéologique… A Bordeaux, Isabelle Ducassou intervient auprès des particuliers mais aussi des musées. Dans son atelier au nom évocateur, le Passé recomposé, elle nous explique les différentes techniques dont celle de l’illusionnisme qui permet d’effacer toute trace de brisure. Nous l’avons rencontrée alors qu’elle allait chercher un plat ancien au Musée des Arts Décoratifs et du Design pour le sauvegarder…
Ils ont choisi un métier méconnu : l’horlogerie. A Mérignac, en Gironde, des adolescent.e.s apprennent à réparer des mécanismes en tous genres : montres aux rouages minuscules ou pendules anciennes.
Nous les avons rencontrés au Lycée professionnel Marcel Dassault, l’un des 7 établissements français à dispenser cette formation, axée sur la découverte des techniques et l’histoire de l’art.
Signe d’excellence, l’un des élèves a obtenu la médaille d’or de « l’un des meilleurs apprentis de France » en 2018. Aujourd’hui, à 21 ans, Edwin Sicoli rêve de s’installer et de réaliser ses propres montres. Il a déjà commencé à imaginer la « Burdigala » en hommage à la ville de Bordeaux.
Après une période de crise -en partie due à l’arrivée du quartz-, le métier d’horloger connait un second souffle, notamment grâce à la montée en gamme des montres, de plus en plus complexes.
De nombreux diplômés -en CAP et Brevet Métiers d’Art- partent pour la Suisse, d’autres choisiront d’ouvrir leur boutique en France… ou s’orienteront finalement vers l’aéronautique, où leur sens de la précision est particulièrement apprécié dans la région.
Une bonne odeur de café au coin de la rue ? Vous l’avez sans doute remarqué, les coffee shops et autres boutiques de torréfaction sont de retour pour offrir des saveurs inédites venues du Pérou, de Colombie ou du Kénya.
Sur le Bassin d’Arcachon, Mélanie Badets fait partie des jeunes qui se lancent dans un métier quelque peu oublié, à l’ombre des grands industriels. Depuis 2010, une trentaine de maîtres torréfacteurs s’installent chaque année selon le Comité Français du Café.
Ingénieur agronome, Mélanie a découvert la culture du café dans une région proche de l’Amazonie. C’est là que le déclic s’est opéré, la conduisant à reprendre une petite entreprise à La Teste. Entrez dans les coulisses avec notre reportage(NPDP, Pascal Lecuyer, Eric Delwarde, Sarah Paulin)
C’est une belle histoire, celle d’une juriste devenue relieuse en tombant sous le charme d’un petit atelier centenaire, longtemps situé rue Barennes à Bordeaux.
Sans y avoir pensé jusque-là, Marine Maugey a décidé de faire le grand saut et de travailler de ses mains.
L’intellectuelle, diplômée en droit, s’est découverte manuelle. Sans trop de difficultés, même si le métier demande de la technique et de la dextérité.
On travaille à peu près comme les moines du Moyen-Age, si ce n’est qu’on utilise des outils modernes comme le scalpel ou les massicots, mais les gestes sont toujours les mêmes et j’aime l’idée de faire perdurer un métier ancien…
Avant que l’Atelier Barennes ne soit démoli, Marine Maugey l’a déménagé à Cadarsac en Gironde, en 2014, en emportant tous les outils. Elle a sauvegardé non seulement les presses à relier et les cousoirs -qui servent à assembler les pages par un fil- mais aussi l’esprit du lieu qui a un côté enchanteur.
Depuis un siècle en effet, les femmes s’y succèdent, se passant le relais et restant « reliées » entre elles, se transmettant leur savoir-faire et leurs astuces. Toutes ont eu le même coup de coeur et toutes ont décidé de changer de cap professionnel pour se consacrer à la reliure.
L’atelier, c’est le bébé de chacune car même s’il est transmis, le cordon n’est pas coupé… Marine Maugey
Et les commandes affluent ! Non seulement pour restaurer des ouvrages anciens, mais aussi pour en créer de nouveaux. La motivation est le plus souvent sentimentale. Il s’agit de sauver un livre de son enfance, par exemple, ou de faire relier des souvenirs de famille, des carnets de guerre, des recettes de cuisine…
Je suis étonnée, on m’avait tellement dit : le livre, c’est terminé ! Hé bien non, je vois que Marine a du travail, j’en suis ravie. Elyane Fratré, ancienne relieuse de l’atelier Barennes
A noter que Marine Maugey sera présente au salon des métiers d’art qui se tiendra à Izon les 7 et 8 avril.
Tous les rendez-vous des Journées Européennes des Métiers d’Art qui se tiendront le week-end prochain, sur le thème de la transmission, en cliquant ici
Reportage Nathalie Pinard de Puyjoulon, Dominique Mazères, Sarah Paulin, Christian Arliguié.
Les sabotiers existent toujours : ils sont une dizaine d’artisans en France à perpétuer une fabrication qui a commencé voilà cinq siècles.
Dans les Landes, Claude Labarthe a repris l’atelier de ses aïeux à Saint-Etienne d’Orthe. Il représente la septième génération de sabotier à confectionner ces souliers de bois qui se portent avec des chaussons de feutre douillets.
Le bois, c’est de l’aulne. C’est du bois blanc qui se plait dans les zones humides des bords de l’Adour et qui pousse naturellement. Dans chaque région, les sabotiers utilisent toujours le bois qu’ils ont à proximité…
Les sabots et leurs formes arrondies prennent naissance dans des machines des années 1940, qui peuvent réaliser une paire complète à la fois, pied gauche et pied droit étant façonnés en même temps.
Autrefois, le travail à la main exigeait force et patience, comme l’explique Francis, le père de Claude qui a assisté au dur labeur de son père et de son grand-père.
Pour faire une paire de sabots, il fallait quatre heures. Et ils faisaient trois paires par jour… en travaillant douze heures !
La production ne s’est jamais arrêtée, même si elle a beaucoup diminué.
Au total, 600 paires de sabots de marche sortent de l’atelier chaque année, contre 12 000 au meilleur de la production.
Et ce qui a sauvé les sabotiers, dans les années 1980, ce sont tous les souvenirs destinés aux touristes de la côte landaise et aux curistes du thermalisme.
Restent… les habitués. Tous ceux qui résistent au plastique et au caoutchouc.
Car aux dires des fidèles adeptes, le sabot est irremplaçable, chaud et isolant à la fois. C’est pourquoi l’atelier travaille surtout en hiver, la demande étant toujours plus forte lorsqu’il pleut…
Les sabots ont été une évidence pour nous lorsque nous sommes arrivés à Saint-Etienne d’Orthe. En plus, c’est nature, c’est tout à fait notre style ! Isabelle
Bref, les sabots, ce n’est pas que du folklore ! L’atelier « Le sabot des Landes » est ouvert tous les jours, de 9 h à 12 h et de 14 h à 19 h sauf le dimanche, avec des démonstrations l’après-midi (à partir de 15 h).
Envie de jeter un coup d’oeil ? Venez avec nous le temps d’un reportage (Nathalie Pinard de Puyjoulon, Dominique Mazères, Stéphanie Plessis, Isabelle Rougeot)
Chez Claire Abdelkader, il y a toujours un air de fête.
Tous ceux qui franchissent la porte de son atelier, joliment installé dans une vieille maison dacquoise, viennent se mettent sur leur 31, qu’il s’agisse de préparer une grande occasion ou de mettre un peu de fantaisie dans la vie de tous les jours.
C’est un costume unique, je suis le seul à le porter. Je sais qu’il n’y en aura pas d’autre. C’est vraiment mon costume à moi ! François, jeune marié
Particularité : Claire Abdelkader est maître-tailleur, spécialiste du costume sur mesure. L’une des rares femmes en France à exercer ce métier traditionnellement masculin.
C’est un métier qui a tendance à disparaître en France… mais il y a des dinosaures, des rebelles comme moi, qui s’attachent, qui ont une passion particulière pour ce savoir-faire.
Après des années passées dans les plus grandes maisons de couture parisienne (Dior, Christian Lacroix…), Claire Abdelkader s’est installée à Dax pour des raisons familiales.
Sa clientèle vient de toute la France et même au-delà. Elle a par exemple confectionné une cravate bleue en satin pour Barak Obama et réalise des lavallières, remises au goût du jour par le mathématicien Cédric Villani.
Ayant également travaillé pour l’Opéra Bastille et l’Opéra Garnier, elle continue à habiller des personnalités du monde du théâtre, du cinéma ou de la chanson, parmi lesquelles Arielle Dombasle, car elle aime aussi créer des robes pour les femmes, qui représentent l’autre moitié de sa clientèle.
L’idée, c’est de mettre en valeur la personne, de révéler sa beauté, sa classe. C’est ce que je préfère…
Côté pratique,iIl faut environ trois semaines pour réaliser un costume sur mesure, où tout compte : la coupe, le tissus et tous les détails qui feront la différence.
Le prix ? A partir de 1500 euros…
« Confectionné avec amour et passion »… Tout un programme que nous vous invitons à partager le temps d’un reportage !
Nathalie Pinard de Puyjoulon, Delphine Roussel-Sax, Emilie Jeannot)
Sadirac a une longue histoire liée à la qualité de son argile. Depuis le Moyen-Age, des générations de potiers s’y sont succédé. A la Maison de la Poterie, on peut découvrir un vestige datant du XIVème siècle. Il s’agit d’une lampe à huile dont la fragilité n’est qu’apparente. Fabuleux d’imaginer que quelqu’un s’est éclairé grâce à cet objet de terre qui a traversé le temps !
Sadirac compte aujourd’hui une dizaine de potiers. Artisans ? Plus vraiment. Pas question de confectionner des ustensiles et autres jarres de jardin. La concurrence est impossible avec l’industrie. Ils sont plutôt des artistes, toujours en quête de création dans leur rapport personnel et particulier avec la terre.
La Maison de la Poterie propose régulièrement des expositions. Cet automne, c’est Audrey Bignon et ses personnages en céramique : « Tout va bien », sur le thème des vacances dans le Midi de la France.
Nous l’avons rencontré au détour d’une rue de Bordeaux, comme un funambule suspendu à son pinceau…
Jean Bataille est peintre en lettre, l’héritier direct des équilibristes de l’alphabet, tous ces artisans qui ont réalisé à main levée des publicités murales bientôt toutes effacées.
Un peintre concentré. Le dérapage incontrôlé est redoutable surtout lorsqu’il s’agit de vieilles pierres. Il faut être précis car ensuite… le nettoyage de la moindre tache est difficile, voire impossible !
Mon pinceau, c’est sacré, un peu comme le sabre du samouraï ! Jean Bataille
Avec toutes ces lettres patiemment tracées, on pourrait écrire tout un roman, celui de la famille Bataille, peintre depuis cinq générations. Et Jean, l’un des derniers à pratiquer le métier, compte bien défendre cet artisanat devenu confidentiel, convaincu de donner à la calligraphie d’aujourd’hui ses vraies lettres de noblesse…
Un portrait de Nathalie Pinard de Puyjoulon, Pascal Lécuyer, Inès Cardenas et Véronique Lamartinière
Pour aller chez Sandrine Gondolo, mieux vaut ne pas manquer la pancarte rouge cerise… au milieu de nulle part ou presque. Nous sommes en pleine forêt de pins, à Préchac, dans le sud de la Gironde. Le repaire d’une passionnée qui crée des confitures pour les chefs étoilés.
Le saviez-vous ? Pour qu’une compotée de fruits obtienne l’appellation « confiture », il faut qu’elle contienne 56 grammes de sucre, en comptant celui du fruit. Sandrine, provinciale d’origine, s’est beaucoup inspirée du Traité du sucre d’un certain Nostradamus, datant du XVIème siècle…
Les fruits bio, gorgés de soleil, sont une source inépuisable d’inspiration pour Sandrine qui s’approvisionne essentiellement auprès des producteurs de la région.
Nous l’avons rencontrée alors qu’elle imaginait une confiture de Noël, à base de pommes, de cannelle et de dattes.
Regardez le reportage de Nathalie Pinard de Puyjoulon, Jean-Michel Litvine (images), Xavier Granger(montage) et Xavier Mansion (mixage)
Comme l’oeuvre d’un artiste, c’est une ligne couleur de feu posée sur l’horizon gris de l’hiver…
Nous sommes à Barie, dans l’Entre-deux-Mers, au moment de la récolte de l’osier. Immergés dans ce monde doré, Corentin Laval et Karen Gossart comptent parmi les rares producteurs girondins à le cultiver. Nous les avons rencontrés à l’Oseraie de l’Ile.
On a la chance de ramasser une matière flamboyante quand tout est fini de récolter. Nous, nous avons la chance d’avoir une matière pleine de couleur, pleine de vie. Corentin, osiériculteur
La récolte s’effectue de novembre à mars, avec un pic en janvier, correspondant au moment le plus fort de la demande viticole. Les brins d’osier servent en effet à attacher les sarments de vigne. Une tradition dans la région pour éviter le fil de fer qui blesse le bois. Aujourd’hui, ce sont surtout les grands châteaux qui utilisent l’osier.
Tous les deux passionnés, Karen et Corentin ne font pas que cultiver l’osier. Ils sont aussi vanniers et proposent des stages dans toute l’Europe, défendant un métier ancestral qui a de l’avenir… Le panier, un temps délaissé, risque bien de retrouver toute son utilité depuis l’interdiction des sacs plastiques.
Entrez à l’Oseraie de l’Ile, avec ce reportage de Nathalie Pinard de Puyjoulon, Guillaume Decaix (images), Sarah Paulin (montage)