Au château de Cadillac, par une journée de grand froid, il faut imaginer la fumée sortant des cheminées : le palais du Duc d’Epernon n’a jamais craint les rigueurs de l’hiver. Il y a quatre siècles, une chaleur réconfortante attendait le visiteur, dans des appartements baignés de lumière.
Nous sommes à la fin de la Renaissance et les cheminées comptent parmi les plus belles du Royaume de France. Du sol au plafond, ces oeuvres d’art monumentales allient force des matériaux et finesse des motifs.
Au premier étage, les appartements ont été crées pour accueillir les têtes couronnées. Louis XIII fera ici un passage éclair en 1620, tout comme Louis XIV en 1659. Des escales de quelques jours seulement mais qui justifient un déploiement de fastes.
Cadet de Gascogne, le Duc d’Epernon est devenu l’un des notables de Province les plus puissants. Favori d’Henri III, il a reçu charges et honneurs. En retour, le Duc ne manque pas d’exprimer sa gratitude dans son château, où l’une des cheminées arbore la statue du roi.
Loin de cette période glorieuse, après la Révolution française, le château devient prison pour femmes puis maison de correction jusqu’en 1952. Les cheminées n’auront plus qu’une odeur de cendres, fermées pour éviter les évasions et détournées de leur usage premier : elles serviront de sanitaires aux prisonnières.
Le château ducal de Cadillac est l’un des quatre sites girondins dépendant des Monuments Nationaux. L’an dernier, il a battu son record de fréquentation avec 23 000 visiteurs (le double d’entrées qu’en 2013).
De quoi laisser à penser qu’en ce palais, les gardiens du patrimoine savent entretenir… le feu sacré.