Un homme seul face aux blockhaus. Il s’appelle Bernd Stöcker et il est Allemand.
Plus de 70 ans après la Seconde Guerre mondiale, cet artiste reste sous le choc de la découverte de ces vestiges, après être venu passer des vacances sur le littoral girondin dans sa jeunesse.
Loin de sa Bavière natale, il s’est installé en 1982 à Saint-Isidore en Médoc, près d’Hourtin.
Ce jour-là, nous l’avons rencontré sur la plage de Naujac-sur-Mer où gisent encore des monstres de béton, prêts à être engloutis dans le sable.
Quand j’ai vu ces blockhaus pour la première fois, j’ai été frappé, surpris. On n’apprend pas cela à l’école. Alors j’ai voulu connaitre l’Histoire.
Ses oeuvres en noir et blanc sont réalisées avec un mélange d’encre de Chine et de sucre, sur des plaques de zinc ou de cuivre.
Des supports sur lesquels tout finit par se confondre, le béton, les dunes, l’océan. Avec parfois une touche de couleur, comme ce timbre édité en « hommage aux libérateurs » et collé au bas d’un tableau.
C’est un timbre français qui évoque la Résistance. C’est important de ne pas oublier. On ne peut pas construire des amitiés si on oublie le passé.
Une démarche qui se prolonge en trois dimensions car le peintre est aussi sculpteur, exprimant à travers la pierre de Frontenac ce télescopage des contraires entre la violence de la guerre et la douceur de la plage en été.
Les personnages sont sur un socle évoquant le blockhaus. Il ne s’agit plus de Français ou d’Allemands. C’est un symbole représentant à la fois la guerre et la paix.
Bernd Stöcker expose actuellement (jusqu’au 8 décembre) à la galerie MLS, dans le quartier des Chartrons à Bordeaux.
Une galerie animée par Marie-Lys Singaravelou qui met en lumière les artistes allemands, issus notamment de l’ex-RDA.
Une souscription a été lancée pour l’acquisition du bronze de la liseuse (ci-dessous). L’artiste sera présent à la galerie le 5 décembre pour une visite, suivie d’un dialogue avec le public à partir de 14 h 30. Atelier d’initiation à la linogravure avec préinscription par mail : marylissinga@gmail.com.
Par ailleurs, les personnes intéressées par l’enlèvement spectaculaire des sculptures, à leur chargement et départ, sont invitées à se manifester au 06.13.83.05.96
Regardez notre reportage sur plage, à l’atelier et dans la galerie (Nathalie Pinard de Puyjoulon, Dominique Mazères, Boris Chague, VéronIque Lamartinière)