La Cité du vin offre un nouvel horizon dans le paysage des Chartrons, remettant en lumière l’histoire du quartier, fief des négociants depuis trois siècles. Petite balade dans cet ancien faubourg devenu the place to be à Bordeaux.
Au bord de la Garonne, le quartier tendance bruisse encore du souvenir de son passé maritime, nourri de l’expédition des vins de Bordeaux sur tous les océans. Pour mieux comprendre sa réputation, il faut entrer au Musée du vin et du négoce, rue Borie, fondé en 2008 par un jeune négociant passionné par l’histoire de sa ville.
Le musée est installé dans une cave datant du début du XVIIIe siècle.
Tout un symbole car c’est à cette époque que l’histoire commence, avec l’arrivée de négociants anglais, écossais, irlandais, allemands et flamands, surnommés les Chartrons en raison de la proximité d’un couvent de Chartreux.
Un monde à part, comme nous l’explique l’historienne Marie-Chantal Leboucq.
Les Chartrons sont alors un faubourg, ils ne font pas partie de Bordeaux… On est Chartronnais, pas Bordelais. C’est une micro-société avec ses négociants, ses ouvriers, ses tonneliers, ses maîtres de chai…
Pour des raisons pratiques, liées aux transports, les négociants quittent le quartier dans les années 1970 pour y revenir plus que jamais ces dernières années. Il semblerait que l’adresse des Chartrons, connue dans le monde entier, soit la meilleure publicité !
Rares sont les familles présentes depuis le début de l’aventure du négoce.
Denis Johnston et ses frères, Archibald et Ivanhoë, représentent la neuvième génération. Ils ont accepté de nous ouvrir leurs portes et de nous raconter l’histoire de leurs ancêtres, Nathaniel et William Johnston. Des précurseurs qui ont fondé une société transmise en ligne directe depuis trois cents.
Denis Johnston©France 3 Aquitaine
L’histoire du quartier des Chartrons est également marquée par le commerce colonial. Aujourd’hui, le passé continue à se lire à travers les noms, comme le cours de la Martinique, et les lieux, comme les Entrepôts Lainé. C’est dans cet immense bâtiment, qui accueille aujourd’hui le CAPC, qu’étaient stockés le sucre, le café, le cacao et les épices…
Autant de denrées venues des colonies françaises, et notamment de l’île de Saint-Domingue, la perle des Antilles.
Un commerce étroitement lié à la traite des Noirs. C’est du quai des Chartrons que partit le premier bateau chargé d’esclaves… Au total, 130 000 personnes furent déportées. Karfa Diallo, fondateur de Mémoires et Partages, retrace cette période sombre de l’histoire lors de visites inédites, intitulées Bordeaux créole.
Karfa Diallo recueilli devant la plaque commémorative en mémoire des victimes de l’esclavage
Nous continuons notre balade à la rencontre, cette fois, des brocanteurs. Que serait le quartier sans eux ?
Les antiquaires, présents dans de nombreuses petites rues, ont également leur village, le village Notre Dame, où le vintage côtoie le classique et le design. Prêt à chiner ? Suivez-nous chez les anciens et les modernes…
Enfin, on retiendra que c’est aux Chartrons qu’est né l’un des premiers marchés bio de France. Il fut le deuxième créé en Aquitaine, après celui de Villeneuve-sur-Lot, ouvrant la voie autour d’une poignée de producteurs…
Ce printemps,le marché des Chartrons a fêté ses quarante ans… Rendez-vous tous les jeudis sur les quais.
Bonne balade et bonnes découvertes !