Difficile d’échapper à la pluie ! C’est avec les bottes que nous partons explorer le Jardin Public de Bordeaux… Si les promeneurs ont déserté les allées, il en faut plus pour décourager les jardiniers qui ont fort à faire en raison des averses et des températures clémentes, propices au développement de la végétation, entraînant beaucoup d’entretien de désherbage notamment.
C’est une femme, Caroline Miramon, qui dirige une équipe de 7 jardiniers municipaux, impliqués dans l’entretien et les réalisations des massifs (certains portent même discrètement leurs prénoms). Elle nous explique leur nouvelle approche.
On est plus à l’écoute, plus observateur de la nature qu’autrefois, on cherche moins à la maîtriser…
Un jardin français, anglais et… écologique
Le Jardin Public n’est pas né de la dernière… pluie : il compte 260 printemps.
Après une période à la française lors de sa création en 1746 sur décision de l’Intendant Tourny, le Jardin Public connut une parenthèse après la Révolution : les fleurs sont arrachées pour laisser place à de la pelouse.
C’est en 1856 qu’il est réaménagé par L-B Fischer, imaginant un parc à l’anglaise, avec ses couleurs tendres, ses arrondis et ses petits ponts. La largeur des passerelles est déterminée en fonction de celles… des crinolines.
Aujourd’hui, le Jardin Public est entré, pourrait-on dire, dans sa troisième période, correspondant à notre époque contemporaine : celle du jardin écologique où le respect de l’environnement dicte tous les choix, en matière d’économie d’eau, de gestion du sol (paillage pour éviter l’évaporation), d’élimination des déchets (sur place), de plantation (fleurs vivaces plutôt qu’annuelles) et de respect de la faune et de la flore.
Le Jardin Public a reçu un éco-label, décerné par un organisme indépendant : les produits phyto-sanitaires y sont interdits depuis 2010. Un technicien de la Direction des Espaces Verts est chargé de vérifier que les 96 critères écologiques sont bien respectés.
On comprend mieux le retour de certaines plantes indésirables, comme les orties, et même la tolérance de gastéropodes, comme la limace.
Les arbres centenaires constituent la partie la plus ancienne du jardin. Samuel Trichot, au sein de l’équipe spécialisée de la Métropole, est un peu le docteur de ce patrimoine végétal mais aussi de tous les arbres qui sont régulièrement plantés, sélectionnés en tenant compte du réchauffement climatique.
Enfin, le Jardin Botanique, créé à Bordeaux en 1629, a trouvé ici sa place définitive en 1858, jouxtant l’hôtel de Lisleferme qui abrite actuellement le Muséum d’Histoire Naturelle. Un peu oublié depuis l’ouverture du Jardin Botanique de la rive droite, il joue toujours pleinement son rôle et peut se visiter aux mêmes horaires que le Jardin Public.
C’est une autre balade, plus intimiste, où l’on découvre les collections, dans un petit havre de paix…
Et pour en savoir beaucoup plus, Trésors et Pépites vous recommande Histoire des jardins, l’ouvrage de Philippe Prévôt, directeur du service du Patrimoine de l’Office de Tourisme de Bordeaux Métropole. Bonne lecture et bonne visite !