Elles sont les gardiennes du charme désuet d’Arcachon. Les villégiatures, construites à partir du XIXème siècle pour profiter des bains de mer et prendre le bon air, n’en finissent pas d’évoquer le passé glorieux de la station balnéaire.
Que diriez-vous d’un petit moment contemplatif avec la mer pour jardin et la presqu’île du Cap Ferret pour horizon ? Nous sommes dans la villa l’Alma, l’une des plus anciennes d’Arcachon, construite en 1850 directement sur le sable.
Au départ, les chalets n’étaient construits que sur le front de mer, les pieds dans l’eau, refuges modestes ou somptueux bercés par le bruit des flots. Ils recevaient le nom d’Alexandre Dumas, Chopin, Chante-Brise, Rose des Sables ou Pompadour…
Il était alors interdit de construire sur les dunes boisées de la forêt domaniale mais tout changea avec les Frères Pereire. En 1863, en présence de l’Empereur Napoléon III, ils lancèrent la ville d’hiver, constituée d’une myriade de villas plus superbes les unes que les autres, sur les hauteurs d’Arcachon.
Chacun son style. Les architectes s’en donnèrent à coeur joie, imaginant en toute liberté des demeures parfois monumentales, allégées par la fantaisie des toitures et des balcons, éclairées par d’élégantes vérandas et parées de végétation.
La vogue des bains de mer attira toute une colonie d’étrangers, venus de Bordeaux et de ses alentours, puis de l’Europe entière. Têtes couronnées et familles fortunées venaient passer l’été à Arcachon en organisant souvent de grandes soirées mondaines.
C’était une fête perpétuelle… Certains venaient pour se soigner… mais il y en avait beaucoup d’autres qui venaient… pour se distraire ! Marie-Christine Rouxel, historienne
©NDPD
Les villas se succédaient sur toute la plage arcachonnaise, entourées de grands jardins. Il n’en reste aujourd’hui que quelques unes, vestiges de l’époque des pionniers. Toutes les autres ont été rasées au profit de résidences.
Seule la ville d’hiver, désormais classée site pittoresque, a conservé ses joyaux un temps menacés et désormais exposés à la vue des promeneurs comme dans un musée à ciel ouvert.
Pendant quinze ans, Marie-Christine Rouxel a reconstitué l’histoire de ces maisons de rêve. Cette passionnée du patrimoine architectural s’est plongée dans les archives, annuaires, almanachs et actes notariés pour retrouver les propriétaires et les noms des villas depuis l’origine, jusqu’à buter parfois sur leur destruction et leur remplacement par du béton.
Un véritable travail de bénédictin, accompli avec Michel Boyé, l’ancien président de la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch.
Ensemble, ces deux auteurs proposent un ouvrage original et particulièrement bien documenté, illustré par le photographe Frédéric Ruault qui a su capter l’ambiance de ces villas romantiques.
La ville d’hiver peut se visiter à pied, avec des commentaires proposées par les guides de l’Office de Tourisme d’Arcachon… Si le coeur vous en dit, des découvertes sont également destinées aux enfants, sous forme de chasse au trésor.
Prêts pour une balade ? Voyez ce reportage de Nathalie Pinard de Puyjoulon, Dominique Mazères, Bertrand Servant et Jean-Marc Ceccaldi.
Villas d’Arcachon, le rêve romantique