Les premiers temps sont prometteurs. Mais son père est fauché par un tramway. Il perd sa jambe, et tout espoir de trouver un travail. La fillette est alors vendue à une maison réputée de geisha et fera l’apprentissage des arts. Il lui faudra savoir chanter, danser, marcher avec autant d’élégance que de talent afin d’éviter de devenir servante à son tour, ou prostituée. L’enfant a un don pour le shamisen. À savoir jouer de cette guitare à trois cordes, elle peut diriger sa vie. À devenir geisha, elle pourra assurer la survie de sa famille et s’assurer un avenir. Mais rien ne sera facile pour l’enfant au visage disgracieux et à l’allure sauvage. Elle deviendra Kitsune, la renarde… Un récit en bande dessinée éminemment romanesque, écrit et bâti sur une filmographie japonaise qui aura certainement inspirée les plans choisis par Durieux, et dont les noirs et blancs sont à lire comme un hommage au cinéma des années 30. Geisha ou le jeu du shamisen s’appuie aussi sur une bibliographie japonisante, de Taniguchi à Bouvier, rendant un vibrant hommage aux femmes cultivées du Japon traditionnel qui fascinent autant qu’elles intriguent. Perrissin, d’une écriture délicate, raconte une histoire incarnée et mélancolique portée par les noirs raffinés de Durieux. Le temps des geishas est ravivé.
23 Nov