« Le môme, le shérif et les truands. »
Il y a dans ce livre une ambiance qui n’appartient qu’aux westerns et à cette Amérique des pionniers où raisonnent les coups de revolvers et les sentiments bruts, celle qui ne fait pas de concession aux plus faibles.
J’en ressors avec l’impression d’être couverte de poussière, après avoir chevauchée dans un désert immense, que j’ai parcouru aux côtés des personnages peu ordinaires de ce roman : un shérif sans ambition et très porté sur la bouteille et un enfant énigmatique.
Ocean Miller, le shérif en question, n’est pas un héros. Non. Il n’en a pas l’étoffe et ce n’est pas son truc. Depuis le début de sa vie c’est une combinaison de hasards et des situations plus ou moins louables qui l’ont conduit là où il se trouve aujourd’hui : Dans l’Arizona, shérif de Brewsterville. Un trou. Ocean y défend son étoile et y trouve son compte, en noyant son ennui dans le whisky. Jusqu’au jour où sa route croise celle de Tom, un gosse qui traine un cadavre démembré dans le désert, un enfant sourd et muet qui va venir bouleverser son quotidien. Et comme Ocean Miller n’a pas l’étoffe d’un héros, mais qu’il a, sous ses airs de type peu fréquentable, quelques qualités humaines, il a, lui semble t’il, quelque chose à gagner s’il résout cette énigme…
L’auteur
Norman Ginzberg est franco-américain. Longtemps journaliste, il dirige aujourd’hui une société de conseil en communication basée à Toulouse. Il habite dans le Gers.
L’Extrait :
« A Brewsterville, les distractions sont rares. Un crêpage de chignon entre les deux vieilles prostituées qui occupent les chambrettes au dessus de la taverne, la traversée du village par un troupeau de Longhorn efflanquées et les véhémences du vent d’été suffisent à meubler mes journées et celles de mes compagnons d’infortune. Ce n’est pas moi qui m’ne plaindrais. Moins il s’en passe, mieux je me porte. Je suis le shérif de ce bled. Un shérif placide et discret, ni bégueule ni fiérot. Pas un de ces paltoquets qui bombent le torse devant les voleurs de poules, une main sur l’étoile, l’autre sur la crosse de leur colt. Je suis shérif comme d’autres sont putains ou croquemorts, parce qu’il en faut. Ce n’est pas par plaisir que Nativity Holmes ou Beverly Carpentier ouvrent leurs cuisses aux clients et que cette vieille bique d’Abner Drinkwater enterre une douzaine de macchabées chaque année. Pas par plaisir non plus que j’arpente matin et soir la rue principale du village. Et n’allez pas imaginer que j’apprécie, tous les deux jours, de chevaucher ma carne cagneuse pour inspecter le désert du comté à la recherche de quelques vauriens. Il faut un shérif, et c’est moi qui m’y colle. Le monde tient debout parce qu’il y a des putes qui évitent aux vachers priapiques de devenir mabouls, des croquemorts pour empêcher que les humeurs des cadavres ne nous empoisonnent l’air et des shérifs pour retenir ce petit monde tout de guingois de passer cul par-dessus tête. »
Arizona Tom- Norman Ginzberg- Editions Héloise D’ormesson
Corinne Lebrave
Vous pourrez rencontrer, Norman Ginzberg lors du lancement de son roman , Arizona Tom, le 9 septembre, à la librairie Ombres blanches à Toulouse.