Je dois bien l’avouer, je n’ai lu que la moitié de ce livre, et encore la deuxième moitié. Mais pouvait-il en être autrement, je ne lis pas l’occitan ! Jérôme le sauvage (titre français) emmène le lecteur de la montagne noire à Toulouse, en évoquant Revel, Castres ou Albi, mais aussi l’Allemagne et le Languedoc. Le tout en occitan ou en français, c’est au choix.
Guy Viala nous offre un roman vif où son héros, humble fermier, survole en une centaine de pages quasiment un siècle d’histoire. L’épisode de l’évasion et du voyage retour vers son village natal est tiré de faits réels vécus et racontés à l’auteur par un de ses amis, Marcel Py.
C’est sans aucun doute le temps fort de ce livre où le personnage principal, Jérôme, va être tour à tour emporté par les évènements historiques et secoué par des épreuves familiales. Cet homme se serait pourtant accommodé d’une vie en solitaire, retiré dans sa ferme… comme un « sauvage ».
Jérôme, fils de Mélanie et de Firmin, est un enfant de Durfort*, petit village au pied de la montagne noire. Son bonheur c’est la nature qui entoure l’Armélié, la ferme parentale. Ses amis sont plus les animaux de la montagne que les copains de l’école. Son père est mort au cours d’une bataille, là-haut dans le Nord, pendant la Grande guerre. À peine le temps de grandir et son tour il est mobilisé. Jérôme quitte donc sa campagne par obligation, il sera rapidement fait prisonnier par l’armée allemande. Désormais le retour au village sera sa seule obsession…
*Le village de Durfort se situe dans le département du Tarn entre Revel en Haute-Garonne et Sorèze dans le Tarn. Il borde les rives du Sor, la rivière locale qui descend tout droit de la Montagne Noire. ( http://www.durfort-village.com/index.htm)
Jironi lo salvatge (Jérôme le sauvage) est édité chez I.E.O. de Tarn
Guy Viala est né à Soual en 1920. Enseignant à la retraite et passionné d’histoire, il est un ardent défenseur et illustrateur de la langue occitane. Il a déjà publié une quinzaine d’ouvrage en Français et en occitan.
Il faut organiser rapidement ce départ car les grands froids ne sont plus très loin. Les deux hommes sont séparés pendant la journée. Alors Jérôme doit faire les préparatifs seul. Fabrice rentre tard ; son métier l’a fait embaucher dans une boucherie du centre ville. C’est parfois un avantage car il ne demeure pas inactif et lorsqu’il peut, il apporte quelques tranches de bonne viande.
« C’est, dit-il, pour nous donner des forces ; nous en aurons besoin, il faudra tenir le coup !
-Et su tu te fais pincer ? Tues bon pour la taule ou pire et notre plan est foutu en l’air.
-Je ne suis pas un bleu ! »
Il a l’art de dissimuler ces morceaux dans sa manche sous l’avant-bras car au retour, la fouille est systématique. Alors il lève les bras pour être tâté tout le long du corps et ça passe !
Jérôme continue sa quête. Il sait qu’un prisonnier, devenu un travailleur libre, est occupé dans un chantier de charronnerie tout près de la gare. Ce sera sans doute utile pour avoir quelques outils et surtout cacher ce qu’il faudra emporter. Presque chaque jour son groupe longe le grillage de ce chantier à l’extérieur duquel s’alignent les remorques en attente de réparation. Il faut rencontrer ce copain charron. Pour cela il faut ruser sans cesse. Jérôme se place toujours en queue de la petite colonne. Peu à peu, il ralenti le pas puis derrière une remorque fait semblant d’uriner. Il doit renouveler plusieurs fois ce manège.
Cette silhouette, est-ce un camarade ou un Allemand ? Il y a plusieurs hommes qui travaillent là. L’un d’eux momentanément se rapproche du grillage. Ce n’est pas un Allemand. Jérôme tente le contact :
« Hep ! Pst ! Camarade ! »
Nicolas Bonduelle