28 Jan

Le Vase où meurt cette verveine – Frédérique Martin

Zika et Joseph s’aiment profondément. Après 56 ans de vie commune leur vie est bouleversée par la maladie et le départ de la maison de Zika. Elle doit faire soigner son cœur à Paris et part vivre dans le petit appartement de sa fille Isabelle, tandis que Joseph est contraint d’aller habiter chez son fils Gauthier à Monfort. Pour pallier l’absence et vaincre la distance, ils échangent de nombreuses lettres, dans lesquelles ils relatent leur quotidien, l’adaptation aux habitudes de leurs enfants, et expriment leur amour l’un pour l’autre.

Mais au fil des lettres, tandis que la séparation devient de plus en plus pesante entre Joseph et Zika, la famille se disloque : à Paris, les blessures de l’enfance refont surface et la relation entre Isabelle et sa mère devient difficile puis violente.

A Monfort, le couple de Gauthier se dégrade.

La relation mère-fille est l’une des plus complexes qui soit.

A travers cet échange épistolaire dans laquelle se tisse l’intrigue, le malaise transparait et grandit avant d’exploser… Une déflagration à la mesure de celle qui touche cette famille et les certitudes de chacun de ses membres.

Attention, livre troublant et dérangeant…

Extrait

« Elle était furieuse, j’aurais voulu que tu la voies, les narines rétrécies, l’œil mauvais. Ah, çà fermentait dur sous le capot ! Et moi, sa tête de carême m’a fait rire, mais rire… je ne pouvais plus m’arrêter. Ce rire m’a rendu de la hauteur je retrouvais un peu de liberté et de la joie qu’on m’avait dérobées ces derniers mois. Ce n’était pas beaucoup, n’est-ce pas ? Mais pour elle c’était trop, alors tu sais ce qu’elle a fait, Joseph, tu sais ce qu’elle a fait ? Elle m’a giflée.

L’humiliation, tant qu’on ne l’a pas connue on ne sait pas de quoi il retourne. Mais quand on l’a prise de face, mon ami, on ne peut plus l’oublier. Pendant un instant, tout s’est arrêté et j’ai su, j’ai su que je haïssais quelqu’un pour la première fois. Cette femme, devant moi, n’était plus ma fille. Il y a eu la gifle et il y a eu la déflagration qu’elle a causée en moi. Oui çà dévaste tout, l’humiliation, ça brûle, çà corrompt, c’est de l’acide pur. Une révélation, elle l’a compris aussi. Après, j’ai senti cette douleur cuisante sur la joue et ma bouche, comme si le coup m’avait tatouée. »
Edition Belfond