Joli jeu de mots pour le titre de ce 2ème opus des aventures de Jules, ce jeune toulousain devenu sourd à la suite d’une « bêtise » (Silence – syros 2011) et qui doit réapprendre à vivre avec son handicap.
Cela fait 9 mois maintenant que Jules vit dans le silence.
Nous le retrouvons en vacances en Alsace, une région que l’auteur connait bien. Une région de France à l’histoire singulière.
Ce voyage va être l’occasion pour l’adolescent de s’ouvrir au monde, et dans le même temps d’accepter sa surdité. Son nouvel ami, Rémi, sourd et muet de naissance va l’y aider, et surtout la sœur de ce dernier, la belle Camille, dont il tombe amoureux dès le premier regard.
Les vacances de Jules vont dès le premier jour prendre un tour particulier : Des ceps de vignes vandalisés dans une parcelle appartenant au père de Rémi et les 2 jeunes garçons se passionnent pour une enquête qui ravivera de drôles de souvenirs dans le village de Nerhussen.
Benoit Séverac est décidément très à l’aise dans le polar à destination des ados. « Silence » le premier volet des aventures de Jules, a été couronné de nombreux prix littéraires.
Ce deuxième roman est encore une réussite. Vif et très bien documenté (une des marques de fabrique de l’auteur), il aborde différents sujets : une page de l’Histoire de France, le monde des sourds et l’amour chez les adolescents.
Cet écrivain, professeur d’anglais à l’école vétérinaire de Toulouse a également publié -pour les adultes- 2 polars historiques : Les chevelues et rendez-vous au 10 avril aux éditions TME.
Extrait
« Etendu torse nu sur son lit, surpris par la chaleur qu’il fait encore à une heure si tardive alors qu’il imaginait avoir froid en Alsace, Jules repense aux événements de la soirée. Lui à qui on avait vanté la tranquillité alsacienne et la lenteur du rythme de vie de cette région préservée, épargnée par le temps et les remous de la vie moderne…Il en est pour ses frais. Ils sont là depuis quelques heures à peine et, déjà, c’est la guerre. Ca lui rappelle ces westerns dans lesquels des familles d’éleveurs s’affrontent et les comptes se règlent à coups de bétail volé ou de granges pillées. Au fond, quoi de plus fragile qu’une plante? Si la vigne vaut de l’or ici, que n’est-elle aussi bien gardée qu’un trésor? Mais il est vrai que si on peut mettre son argent dans un coffre, il est plus difficile de protéger des champs.
Avant de s’endormir, épuisé par les paysages traversés et les nouveaux visages rencontrés qui dansent sous ses paupières, Jules lève le bras en direction de la lune, peine ce soir, et en ombres chinoises signe les sept lettres de la dernière image qu’il veut garder de cette longue journée : C.A.M.I.L.L.E. »
Vous pourrez rencontrer Benoit Séverac à « Arsenic et culottes courtes » à Mirepoix (22/09), au salon du livre de Gaillac (5-6/10) et lors du festival international des littératures policières à Toulouse (du 11 au 13/10)
Le garçon de l’intérieur – Benoit Séverac
Editions Syros, collection Rat noir
Corinne Lebrave