Pour les gens comme moi, je veux dire, de mon âge autour de la quarantaine et qui présentent tous les signes de la normalité la plus totale, Faber réveille des choses, forcément. Ils nous balance en pleine tête les espérances auxquelles on a (ou pas) renoncées, la vie différente et exceptionelle que l’on rêvait (peut-être) d’avoir et que l’on s’est construit (ou pas).
Faber le destructeur, c’est l’histoire d’un trio à l’amitié fusionnelle. Il y a Faber gamin et ado surdoué, au charisme écrasant d’un côté et de l’autre Madeleine et Basile, fascinés par cet être qui semble les choisir, eux qui n’ont guère d’amis. Ces trois-là vont grandir, s’affranchir, s’affronter, se coltiner la réalité sociale et politique. Basile et Madeleine vont se noyer dans cette relation, incapable de s’en détacher, même devenus adulte. Faber, lui joue de la fascination qu’il exerce, découvre la déception qu’il engendre. Et doit assumer d’être une idole tombée de son piédestal.
Faber le destructeur, c’est aussi une réflexion sur le désir d’exister, sur l’imposture, les promesses non tenues. Sur la manières dont on assume (ou pas) de n’être pas ce que l’on rêvait enfant ou adolescent.
Tristan Garcia est décidément un as de la construction de récit. Alternance des points de vies, du passé, du présent sans que l’on s’y perde, il mène son lecteur d’une poigne certaine, jusqu’au bout de son Faber. Et au passage créé de toute pièce un étonnant personnage, celui de la ville de Mornay, totalement imaginaire mais ressemblant tant à ces villes provinciales que l’on déteste et qu’on ne quitte pas.
Faber le destructeur est paru chez Gallimard.
Tristant Garcia est né à Toulouse en 1981. C’est au lycée Pierre de Fermat qu’il a suivi ses enseignements de en classe prépa de lettres. Ecrivain et philisophe, il est enseignant à l’Université de Picardie. Son premier roman, La meilleure part des hommes, paru en 2008 a remporté le prix Flore 2008 à l’unanimité dès le premier touret sera adapté au théâtre en 2012. Faber le destructeur est son cinquième roman. Il a été sélectionné pour le prix du livre Inter qui doit être remis début juin.
- Les extraits
Premier extrait
Nous étions des enfants de la classe moyenne d’un pays moyen d’Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n’étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l’aristocratie, nous ne rêvions d’aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. Nos parents avaient travaillé, mais jamais ailleurs que dans des bureaux, des écoles, des postes, des hôpitaux, des administrations. Nos pères ne portaient ni blouse ni cravate, nos mères ni tablier ni tailleur. Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons -par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d’attendre une vie différente. Nous avons fait des études -un peu, suffisamment, trop-, nous avons appris à respecter l’art et les artistes, à aimer entreprendre pour créer du neuf, mais aussi à rêver, à nous promener, à apprécier le temps libre, à croire que nous pourrions tous devenir des génies, méprisant la bêtise, détestant comme il se doit la dictature et l’ordre établi. Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu’il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler. À ce moment-là, c’était la crise économique et on ne trouvait plus d’emploi, ou bien c’était du travail au rabais. Nous avons souffert la société comme une promesse deux fois déçue. Certains s’y sont faits, d’autres ne sont jamais parvenus à le supporter. Il y a eu en eux une guerre contre tout l’univers qui leur avait laissé entr’apercevoir la vraie vie, la possibilité d’être quelqu’un et qui avait sonné, après l’adolescence, la fin de la récréation des classes moyennes. On demandait aux fils et aux filles de la génération des Trente Glorieuses et de Mai-68 de renoncer à l’idée illusoire qu’ils se faisaient de la liberté et de la réalisation de soi, pour endosser l’uniforme invisible des personnes. Beaucoup se sont appauvris, quelques-uns sont devenus violents. La plupart se sont battus mollement afin de rentrer dans la foule sans faire d’histoires. Ils ont tenté de sauver ce qui pouvait l’être: leur survie sociale. J’ai été de ceux qui ont choisi de baisser la tête pour pouvoir passer la porte de mon époque – mais pas Faber, hélas ou heureusement.
Et pour cette raison il n’a cessé de me hanter.
Deuxième extrait
Je n’ai pas le sens de l’orientation ; je ne saurais même pas dessiner la forme approximative de mon trajet. Mais à chaque tournant j’avais l’impression de sortir d’un grand cercle pour entrer dans un plus petit.
Quittant l’autoroute, j’avais emprunté la nationale. Après avoir fait demi-tour aux portes de la sous-préfecture, dans la zone artisanale dans laquelle je m’étais perdue, j’avais fait le plein dans une station-service et demandé mon chemin. Sur les conseils d’un jeune homme musclé, tatoué et plein de charme, je m’étais engagée dans une série de tunnels le long de l’ancienne voie ferrée. Puis j’avais bifurqué à droite au second carrefour, et maintenant il n’y avait plus qu’une voie, qui suivait les boucles serrées de la rivière.
J’ai éteint la radio d’information continue et d’un revers de main j’ai voulu éclaircir la vitre avant, poussiéreuse au-dedans, salie au-dehors par le chemin depuis Paris: la pollution, le vent d’autan et, à mesure que j’approchais du but, de plus en plus d’insectes contre le pare-brise.
En dépit des explications de mon mari, je n’étais jamais parvenue à utiliser le GPS de mon modèle Toyota Aygo noir – qui me faisait lui-même penser à un gros hanneton. Une épaisse carte routière de la France en accordéon m’avait permis d’atteindre cette route départementale du Couserans. Mais, au milieu du désordre qui régnait à mes pieds, plus moyen de mettre la main sur cette satanée carte, sans doute oubliée à la station-service à cause du jeune homme galant. Cassée en deux dans l’habitacle, j’ai plissé les paupières dans l’espoir d’apercevoir le nom d’Aulac sur un panneau du carrefour auquel aboutissait la départementale, à l’endroit où la rivière bordée de peupliers et d’acacias se divisait en deux minces filets d’eau. Basile et moi avions de bonnes raisons de penser qu’il habitait dans la vallée d’Aulac depuis l’échec de son aventure « autonome ».
Au mois de mars, l’Ariège commençait à dégorger la neige des torrents de montagne et le froid de l’hiver partait en fumée dans la clarté de l’air. À l’arrêt, j’ai commandé depuis mon siège la descente de la vitre du côté du conducteur afin de lire les directions indiquées au croisement. Aucune trace d’Aulac. Est-ce que je m’étais de nouveau égarée ? J’ai calé. Tout semblait me décourager de poursuivre et je me suis demandé si notre projet avait le moindre sens. Alors je me suis rangée puis j’ai fait quelques pas sur le bas-côté, en m’étirant: une trop longue matinée de route. Fatiguée, je me suis laissée aller à humer un instant l’odeur médicamenteuse des peupliers noirs, par-dessus le petit cours d’eau vif, qui serpentait sous une cabane fermée proposant des descentes en canoë pour l’été. La rivière était protégée par un muret derrière lequel, en me penchant pour respirer le faible parfum de l’eau fraîche, j’ai trouvé par terre un panneau. Peut-être décroché par des adolescents du coin lors d’une virée en mobylette. Sur la pancarte figurait la double direction d’Aulac et du col des Airelles, à six kilomètres à peine.
À l’approche de ma destination, j’ai voulu me recoiffer. Sous mes doigts aux phalanges gonflées par la moiteur, je n’ai pas retrouvé mes belles mèches de jeunesse, parce que je portais les cheveux courts depuis bientôt six ans. J’ai tout de suite pensé que Faber ne m’avait pas connue autrement que les cheveux longs ou au carré. Est-ce qu’il me reconnaîtrait ? Après une série de lacets au milieu d’une petite gorge, dramatisée par des filets et des avis d’éboulis, le soleil a réapparu sur la route encaissée. Encore décoré par le nom du porteur du maillot à pois du précédent Tour de France, l’asphalte s’est ouvert devant moi; il a paru glisser avec douceur jusqu’à un vallon jaune et vert. Quelques chevaux, des mérens courts sur pattes, vaquaient dans les champs. Le camping municipal était gardé par trois tracteurs et un Round Baller immobiles, dans l’attente d’août et de la saison des foins.
Garée sur le parking en gravillons d’une supérette fermée jusqu’à quinze heures, assoiffée, j’ai découvert un distributeur automatique de boissons dans le hall désert d’une maison de retraite, à l’entrée du village.
Tout en sirotant l’Ice Tea au citron que je venais de récupérer à la tirette, j’ai remonté à l’ombre l’allée de goudron lézardé qui menait au centre vide d’Aulac. Autour d’un chêne, des bancs et quelques places de parking dessinaient un carrousel, dont les seuls spectateurs m’ont paru être les vitrines du boulanger, du boucher, du marchand de journaux et du pharmacien. Trop petite, l’église en brique demeurait cachée derrière l’arbre, à l’entrée de la route du col des Airelles; moins timide, le grand café Au rendez-vous des chasseurs s’étalait sur un tiers de la place. Mais sa terrasse ressemblait à un port peuplé de vaisseaux aux pavillons en berne, les parasols fermés au-dessus de tables arborant le logo d’une boisson anisée.
De là partait une petite rue en côte, qui abritait une enfilade de quatre ou cinq magasins: une épicerie bio, un minuscule café, une librairie, une mercerie et une échoppe à la vitrine sale dont je n’ai pas très bien compris la fonction. Sur la porte de la librairie, un texte contre l’implantation d’une nouvelle antenne-relais par un opérateur téléphonique, qui arguait notamment de « l’emploi par les fabricants de téléphones cellulaires d’ouvriers indonésiens sous-payés et exposés à des substances hautement toxiques » ainsi que de « l’entreprise mondialisée de contrôle mental et de surveillance par les télécommunications ». Une affichette consacrée à la parution d’un volume sur les enjeux de la décroissance. Une série de dessins satiriques sur les chasseurs, l’actuel président de la République et Israël. Un appel à la résistance civique contre les expulsions de sans-papiers. La quatrième de couverture d’un ouvrage de deep ecology, des entretiens d’Arne Naess évoquant l’écosophie de ses dernières années. Enfin une longue citation de Günther Anders recopiée à la main.
La librairie était fermée et il n’était fait aucune mention de ses horaires d’ouverture.
Je suis entrée dans l’épicerie, où j’ai salué une femme entre deux âges. Extrêmement maigre, vêtue d’une longue robe de lin, les cheveux noirs parcourus d’une mèche blanche irrégulière, retenus en arrière et piqués d’une aiguille à tricoter. Elle se cassait le dos en deux à transporter dans l’arrière-salle des sacs de pommes de terre, entassés à même le sol. Soudain elle m’a aperçue et s’est excusée d’un bref mouvement du menton. Glissé par commodité entre ses lèvres, un bon de commande jaune l’empêchait d’ouvrir la bouche. La femme a disparu derrière un rideau de perles qui ont produit un léger bruit aqueux.
J’ai ôté une poussière de mon chemisier, parcouru du regard le panneau en liège près des premières étagères de céréales, au-dessus des caisses d’oignons et de tomates: des annonces pour des cours de feng shui, des prospectus de macrobiotique sur le kuzu, le miso et deux poèmes manuscrits non signés sur la « résistance armée des rêves » et la « dictature de la tristesse ».
Lorsque la femme est revenue se planter devant moi, j’ai découvert à la lumière du jour la peau asséchée de son visage dont le charme luttait encore pour ne pas devoir la déserter tout à fait. Il est apparu dans son expression quelque chose de si désespéré que je n’ai pu m’empêcher d’être frappée et de marquer un pas de recul. Je tenais à la main la photographie de Faber -qui m’a échappé; la femme l’a ramassée avant moi.
« Je le connais. Mais il a changé. »
Un instant, une idée imbécile m’a traversé l’esprit: Faber couchait avec elle et lui avait pompé toute sa vie, petit à petit. Est-ce que ça avait été sa maîtresse? S’amorçait peut-être l’une de ces pénibles discussions entre anciennes amantes éplorées d’un même homme. J’ai coupé court.
« Où est-ce qu’il est ?
-Vous êtes journaliste ?
-Sa plus vieille amie. »
Raide mais lasse, pressée de me voir partir.
« Si vous êtes une amie, dites-moi quelque chose qui me prouve que vous le connaissez. »
Je n’ai même pas réfléchi :
« Lorsqu’il est nu, il bégaie. »
Elle m’a indiqué le chemin des Airelles, à gauche trois kilomètres après la sortie d’Aulac: la baraque aux ânes.
J’avais l’impression d’avoir vaincu une vieille rivale. En observant sa réaction, j’avais acquis la certitude qu’elle ne connaissait pas la réponse avant que je la lui donne, qu’elle ne l’avait pas vu bégayer, donc qu’elle ne l’avait pas vraiment aimé et n’en avait jamais été aimée. Tandis que moi…
Après avoir regagné ma voiture, je me suis dirigée vers le col. Derrière une rangée de tilleuls quelques grappes de maisons à la charpente abîmée. Poursuivie par les aboiements de trois chiens gris qui en avaient après mes pneus, j’ai passé un pont et découvert une enfilade de demeures rénovées. Toitures en panneaux solaires, vieux corps de ferme aux extensions vitrées. J’ai roulé jusqu’aux abords d’un champ, au pied du flanc boisé d’une montagne dont le dernier tiers, à huit cents ou neuf cents mètres de hauteur, attirait tout particulièrement l’attention : il paraissait troué, à la suite d’un incendie ou comme si un géant atteint de démence en avait déchiré le revêtement forestier. Exposée au soleil, la pente était très raide. Tout en haut, clouée à l’extrémité de la terre pelée, une grange au toit croulant.
Mal entretenu, le chemin traversait d’abord le champ plat, avant de se perdre dans le bois. Subitement, il s’élevait. J’ai débouché sur une impasse à mi-distance du sommet. La piste cahoteuse s’arrêtait derrière une demeure tout en longueur envahie par le lierre. Sur la terrasse, deux vieilles dames en robes à fleurs bleu ciel jouaient au rami et buvaient du whisky, sans m’accorder la moindre attention.
Baissant la tête pour passer sous la frondaison envahissante des arbres, je les ai hélées.
« Comment accède-t-on à la grange, tout en haut ? »
La plus âgée s’est levée. S’est servie d’une énorme pelle en guise de canne et a boité jusqu’à moi. Elle n’entendait plus très bien.
« Qu’est-ce que vous dites ? »
En haussant la voix, j’ai réitéré ma demande.
« Ah. La baraque aux ânes. » Et elle a indiqué de sa main violacée le terrain au-dessus de nous, à découvert. Scrutant la montagne dans cette direction, je me suis aperçue de la présence incongrue de deux ânes gris le long des clôtures, qui m’ont montré leurs gencives et dont les oreilles ont frémi.
« Z’allez le voir, lui ?
-Oui. »
Sans bouger de son rocking-chair en osier, l’autre femme a laissé claquer sa langue comme pour m’avertir.
« Laissez-le tranquille. »
Lorsqu’elle a tourné son visage vers moi, j’ai découvert qu’elle était aveugle.
« Il a besoin d’aide.
-On lui donne à manger. Il est bien là-haut. »
Je me doutais qu’après le démantèlement du supposé réseau, Faber était passé entre les mailles du filet. C’était grâce aux articles sur les soupçons de sabotage du petit groupe d’autonomes que Basile et moi avions retrouvé sa trace.
« Je veux le voir. »
Celle qui marchait à l’aide d’une pelle m’a agrippée par le gras du bras et ses ongles ont labouré mon épiderme. Sans me laisser impressionner, je l’ai repoussée contre le mur couvert de crépi. Elle avait de la force, mais je savais me défendre.
« Laisse », a alors ordonné la plus âgée, l’aveugle, à sa camarade qui avait levé la grosse pelle pour me menacer.
« C’est comme ça. On ne peut pas l’empêcher. » Sa voix était triste et lasse. Elle a craché un noyau de cerise qui a roulé sur la terrasse de béton, jusqu’à la barrière.
« Z’avez qu’à prendre le chemin des ânes, le long de la clôture. Passez à gauche du champ, pis tournez à droite. Finirez bien par tomber dessus. »
Celui des deux ânes qui n’avait pas envie de chier m’a accompagnée avec placidité. À bout de souffle, j’ai atteint le bois qui bordait le champ presque à pic. Zigzaguant à travers les fougères, les mains sur les cuisses, je ne devinais même plus les restes de la vieille sente qui m’avait guidée jusque-là. Un sous-bois de contes pour enfant: épais, défendu par de nombreux arbres tombés en travers les uns des autres comme après une tempête. Des toiles d’araignée et des tapis de feuilles pourrissantes. Obliquant vers la ligne supérieure du champ à nu, j’ai enjambé une clôture électrifiée près de laquelle mon âne s’est arrêté. L’air indigné, il semblait me dire: je ne ferai pas un pas de plus. À la sortie du bois, les rayons aveuglants du soleil ont dardé contre mes yeux -que j’ai protégés d’un geste du poignet. Un terrain boueux m’est apparu. Puis une ruine que j’ai mis quelques secondes à identifier: c’était bien la petite grange que j’avais repérée depuis le pied de la montagne. Dos au bâtiment, j’ai pris soin de contempler le paysage, comptant et recomptant les kers devant moi, cherchant la rivière tout au fond, la route et le village. Où était le nord ? Le sud ?
« Qu’est-ce que vous foutez ici ? »
Parce que je me suis tournée brusquement, les pieds pris dans un fil qui délimitait plus ou moins le terrain tout autour de la baraque, je me suis vautrée dans la terre humide et molle. Je m’en suis voulu. C’était sa voix. Une fois de plus, je me suis présentée à lui ventre au sol -comme une enfant. J’étais pourtant une adulte de trente ans lorsque j’ai relevé mon visage vers Faber.
Lui dont les cheveux bouclés étaient jadis d’une opulence telle qu’il était impossible en le peignant d’apercevoir la peau de son crâne, il n’arborait plus que des mèches rares, lisses et grasses au-dessus d’un front marqué par l’eczéma. Il était maigre de tout ce qui dans un corps devrait manifester la santé. Gros ou boursouflé partout où l’organisme réclame d’être vif et tendu. Paupières plissées mais joues creuses. Ventre arrondi mais thorax rentré. Côtes apparentes et début de goitre. Il était laid. Pourtant, dès qu’il s’est mis en mouvement, je l’ai reconnu. Il s’est approché mais ne m’a pas tendu la main. Faber détestait qu’on le touche. Il m’a tout de même proposé d’attraper le manche de son râteau pour me relever.
« Madeleine ? »
© Gallimard 2013