24 Sep

2020 : des municipales forcément originales!

Le vote sanction en France, c’est un peu le sport national ! Et dans ce registre, les municipales déçoivent rarement. Sauf que 2020 sera forcément différent : il n’y aura quasiment pas de sortants à sanctionner !

Un coup d’œil dans le rétro suffit à s’en persuader. Municipales 2008, sanction de la politique de Nicolas Sarkozy : la gauche s’empare de Chalon, Louhans, Migennes, Tonnerre, Sens, Tournus, Montbard, Joigny, Cosne sur Loire et de quelques autres villes.

Municipales 2014, retour de balancier, c’est François Hollande qui est sanctionné à son tour. Chalon, Louhans, Tournus repassent à droite, des places-fortes tombent comme Nevers, Montceau, Saint-Marcel sans oublier les fiefs communistes historiques Varennes-Vauzelles, Garchizy, Migennes…

Mais en 2020, c’est déjà sûr, il n’y aura pas de sanction générale de la politique gouvernementale … parce qu’il n’y a quasiment pas de maires LREM à sanctionner ! Etre maire sortant de gauche ou de droite ne sera donc pas un handicap, et si une sanction nationale doit s’exercer, ce pourrait être sur les listes d’opposition LREM, ce qui pourrait conduire dans de nombreux cas à des statuquos et à des sortants réélus !

A l’exception du maire de Besançon Jean-Louis Fousseret qui en rejoignant LREM s’est mis au centre de la cible, peu de sortants « Macron-compatibles » peuvent être ciblés : le maire d’Avallon Jean-Yves Caullet a rejoint LREM, il a été battu aux législatives, mais il avait annoncé en 2014 « viser l’horizon 2020 »,  le maire d’Autun Vincent Chauvet est Modem et préserve son identité, et le maire de Nevers Denis Thuriot est d’une prudence de sioux …

Du coup, si la pression nationale s’amenuise, c’est l’équation personnelle du candidat qui va prendre une importance capitale ! Le travail de l’élu, ses réseaux, son implantation et son bilan pourraient pour une fois peser plus lourd que le contexte national qui lors des dernières élections a littéralement balayé des élus qui n’avaient pourtant pas forcément démérité. Ce pourrait donc être la bonne fenêtre de tir pour des successions, comme à Dijon ou à Joigny.

De plus, les marcheurs de poids, susceptible de mener une liste, sont quasiment tous issus du PS et de LR , ce qui  compliquera forcément la cohérence des démarches et des argumentaires face aux sortants .

Des stratégies adaptées ?

Cette situation originale pourrait conduire à des stratégies adaptées, surtout chez LREM, qui manque de troupes et d’élus implantés pour monter à l’assaut des villes. Pour exister LREM doit prendre des villes , comme l’a dit B.Griveaux « la puissance transformatrice passe par les villes ».

Mais pour survivre, LREM doit éviter de se faire balayer , et l’évaluation de la victoire ou de la défaite passera par un comptage sur l’axe PLM et les grandes métropoles. Du coup, selon les situations, on pourrait voir des tentatives de rapprochement, voire de « franchise »  avec des listes d’oppositions solides ou avec des maires sortants.

Sans oublier des pactes de non-agressions avec renvoi d’ascenseur espéré, dans la situation particulière de la Côte d’Or où les sénatoriales se dérouleront en septembre 2020 avec  le président du groupe LREM au Sénat, François Patriat.

L’espoir pour LREM peut résider néanmoins dans un éparpillement des voix qui pourrait ponctuellement générer des triangulaires …

RN, LFI.

Reste la question des deux autres grands partis nationaux, le RN et LFI. Le parti de Marine Le Pen n’a pas profité des votes sanctions précédents, les groupes d’oppositions élus se sont délités très rapidement, et le parti est en Bourgogne dans un état de délabrement et de guerre civile qui le handicapera très fortement pour s’organiser en 2020.

Pour LFI , la situation est différente. Nationalement sa parole est forte, mais localement, ses réseaux sont faibles, le PC autrefois très organisé électoralement est en état de mort clinique, et la stratégie de Jean-Luc Mélenchon est plus de l’achever que de l’utiliser. De surcroit, la transposition du programme national s’annonce très compliquée à l’échelon local dans le cadre d’une élection qui pour toutes les raisons précédemment énoncée sera très centrée sur le local !

Tout cela mis bout-à-bout pourrait donc générer des élections municipales très stables, sans grande surprise, mais très tournées vers les enjeux locaux.

A moins que d’ici là, pour une raison encore invisible, cette chronique soit bonne pour la corbeille…