Il y a trois semaines, l’apocalypse était annoncée, l’explosion de la majorité, un divorce précoce entre Bourgogne et Franche-Comté et la mise sous tutelle de la présidente ! Et puis, et puis, ce vendredi après-midi, elle a franchi l’obstacle , avec le premier acte politique de sa nouvelle région, s’offrant le luxe d’exposer à la vue de tous la division de la droite!
On va donc se résumer ! François Rebsamen , qu’on a d’ailleurs jamais entendu publiquement n’a pas eu le siège de la Région dans sa ville, mais il savait depuis le soir du deuxième tour qu’une majorité des 3/5e était inatteignable . Il a donc obtenu avec l’apparente pression de ses troupes autre chose : les mains libres pour que Dijon devienne une métropole, et une vraie activité dans les locaux dijonnais de la Région avec les assemblées et les commissions, grattant au passage deux directions supplémentaires.
Jean-Louis Fousseret le maire de Besançon aurait pu lui aussi s’en sortir dans le camp des vainqueur : il a obtenu le siège de la nouvelle région dans sa ville, symbole le plus fort dans ce partage ! Mais après s’être initialement félicité, il s’est rebellé dans la dernière ligne droite à propos de l’attribution de deux directions , appelant à la résistance des conseillers socialistes bisontins qui l’ont finalement désavoué ! Il apparaît donc battu alors qu’il aurait très probablement payé très cher il y a 6 mois pour être sûr d’avoir le siège dans sa ville!
Une droite divisée
La droite a elle aussi été en grande difficulté sur ce sujet . On se souvient que dès l’annonce, Alain Joyandet avait apporté son soutien au plan de Marie-Guite Dufay prenant de vitesse un François Sauvadet beaucoup plus critique. Et au final, c’est près d’une dizaine d’interventions qui se sont succédées, pour tenter d’expliquer l’évidence : un groupe très divisé , avec une apparente ligne de fracture bourguignons / francs-comtois, mais avec une réalité beaucoup plus politique : les votants contre autour de François Sauvadet et pour derrière Alain Joyandet sont à peu de choses près leurs partisans à l’époque où les deux hommes étaient en compétition pour mener la liste….
Le Front National, lui n’a pas existé dans ce débat. Sophie Montel qui ne défend que les intérêts francs-comtois depuis le début (y’aurait-il des législatives en vue?) avait annoncé que son groupe voterait oui , position qu’elle a préféré ne pas annoncer elle même : c’est Julien Odoul qui s’en est chargé. Signalons tout de même que derrière l’unanimité de façade, quelques élus de l’Yonne et de Côte d’Or ont grincé des dents, mais ils ont renoncé devant la discipline de fer de leur groupe.
On reste en revanche encore dubitatif sur la position des deux élus PRG (abstention) avec l’argumentaire de Patrick Molinoz demandant que Dijon ait tout, après avoir pourfendu pendant des années le trop grand poids urbain de cette ville au conseil général de Côte d ‘Or, à moins que tout cela ait surtout à voir avec le changement de règlement intérieur qui les empêche définitivement d’espérer un groupe.
Au milieu des icebergs
Dans ce contexte politique très compliqué, Marie-Guite Dufay a manœuvré au milieu des icebergs pour finalement emporter la manche en martelant son message d’équilibre des territoires .Un équilibre qu’elle a aussi prouvé politiquement en ne donnant pas le siège à Dijon sans pour autant apparaître comme la VRP de la Franche-Comté . Au final , elle affirme son indépendance dans le paysage , et elle obtient surtout le premier acte politique de la nouvelle région: un vote unanime des conseillers socialistes , qui ont mis de côté leur région d’origine. Et comme la politique ne se nourrit que de symboles, celui-là pèsera forcément!